Pourquoi les grimpeurs du Tour de France se mettent-ils de moins en moins "en danseuse" ?
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Depuis plusieurs années, les meilleurs grimpeurs du peloton s’attaquent aux cols assis sur leur selle. Une position qui tranche avec les habituelles ascensions en danseuse.
Une espèce en voie d’extinction. Dans le peloton professionnel, les grimpeurs à l’ancienne se font rares. L’époque où l’on se dressait debout sur les pédales sur des kilomètres dans les routes de montagne, en position dite de "danseuse", semble révolue, alors que les attaques, assis sur la selle se multiplient, à l’image de Tadej Pogacar sur la Flèche Wallonne. "C’est vrai qu’on le voit de moins en moins. Ça contraste avec les souvenirs que l’on a, par exemple des duels entre Alberto Contador et Andy Schleck, qui escaladaient un col entier, dressés sur leurs pédales", note l'ancien coureur Pierre Rolland.
Si quelques irréductibles se déhanchent encore sur leur monture quand la route se cabre, le peloton ne ferme plus les yeux sur cette évolution. "Je monte quasiment tout le temps en danseuse, mais c’est vrai qu’il y en a pas mal qui montent assis. Je ne sais pas comment l’expliquer", s’interroge ainsi Louis Barré, coureur de l'équipe Intermarché-Wanty. "Peut-être que nos selles sont de plus en plus confortables ?", sourit de son côté Axel Baudin (EF Education-EasyPost). Les explications sont toutefois plus sérieuses.
Une question de puissance et d'efficacité
La première, c’est l’utilisation des datas à tout va, et notamment des capteurs de puissance. "Avant, on n’avait pas en direct sur le vélo toutes les données qu’on a aujourd’hui", résume ainsi Pierre Rolland, vainqueur de deux étapes sur le Tour (2011 et 2012). "Les capteurs de puissance donnent des informations précises qui permettent aux coureurs de jauger leur effort, de lisser leur puissance", ajoute l'ancien coureur aujourd'hui consultant France Télévisions, Yoann Offredo. "Le premier qui a bien apprivoisé cet outil, c’est Christopher Froome [vainqueur du Tour en 2013 , 2015 , 2016 et 2017]. On se souvient de son attaque, assis dans le Ventoux, les yeux rivés sur son compteur." Grâce à ces données récoltées en temps réel, les coureurs peuvent ainsi monter au train, sur un rythme régulier.
"Pour faire la montée avec le plus d'efficience possible, il faut la monter assis avec une bonne cadence. C'est là qu'on va développer plus de watts et qu'on va aller le plus vite", explique Pierre Rolland. "Se mettre en danseuse est plus énergivore en termes énergétiques, et pas forcément plus efficace", assure-t-il. Entraîneur au sein de l’équipe française Cofidis, Mathieu Defontaine développe : "Assis, la transition musculaire se fait mieux sur la chaîne postérieure, donc sur l’arrière de la jambe, ça permet d’avoir plus de puissance sur le coup de pédale. Autrement dit, ce dernier est plus efficace qu’en danseuse."
De grosses évolutions dans le matériel
L’entraîneur de la Cofidis explique aussi ce changement de position par des évolutions mécaniques : "Les braquets ont évolué, on peut les réduire selon le relief, donc les coureurs ont moins besoin de se mettre en danseuse, notamment pour avoir plus de motricité sur la roue arrière. C’est donc aussi une question de technique". Et de matériel. Car les bécanes actuelles n’ont plus grand-chose à voir avec celles du début des années 2010. "Les vélos du moment roulent beaucoup plus vite, sont beaucoup plus nerveux. Il n’y a plus besoin de mettre une grosse impulsion sur la pédale pour changer de rythme, puisque le vélo réagit beaucoup mieux", assure Yoann Offredo, "Quand tu appuies sur la pédale, le vecteur de puissance est énorme aujourd’hui."
Ces évolutions technologiques ont aussi provoqué des changements tactiques, qui expliquent la disparition progressive de la danseuse. "Maintenant, en montagne, les équipiers font un tel travail de sape en amont que la danseuse devient inutile, parce que l’écrémage se fait par l’arrière jusqu’à l’attaque décisive du leader, qui n’a plus besoin de multiplier les attaques comme avant", éclaire Yoann Offredo. De là à craindre la disparition pure et simple de la danseuse ? "Non, car elle servira toujours à s’étirer un peu, et le cyclisme évolue, qui sait ce que nous réserve le futur ?", sourit Pierre Rolland, en rappelant que Tadej Pogacar s’est mis en danseuse dans la rampe finale de Rouen, pour s’imposer le 8 juillet dernier dans la 4e étape.
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