Tour de France 2025 : "Le col du XXIe siècle", "une vraie vacherie"... Comment le col de la Loze est devenu mythique en cinq ans

Tourmalet, Mont Ventoux, Alpe d’Huez, Galibier. Depuis plus d‘un siècle, le Tour de France écrit son histoire dans des ascensions légendaires, devenues de véritables monuments historiques de la petite Reine. Mais la Grande Boucle sait aussi innover, avec des trouvailles comme le col de la Loze, ascension finale de la 18e étape, jeudi 24 juillet. Escaladé pour la première fois en 2020, puis en 2023, cet ancien chemin d’alpage est déjà devenu mythique. "C’est le col du XXIe siècle", aime d’ailleurs répéter Christian Prudhomme, le directeur du Tour.

"C’est une vraie vacherie", résume de son côté l’ancien coureur Pierre Rolland, qui l’avait grimpé lors de l’édition 2020. "Si vous voulez l’essayer, il vaut mieux un vélo électrique", sourit Thierry Gouvenou, directeur de course sur la Grande Boucle, qui confectionne chaque année le parcours. "C’est une montée longue, jusqu’à 2 304 mètres, soit le point culminant de ce Tour, avec de moins en moins d’oxygène et des ruptures de pente violentes", détaille-t-il. Un véritable chantier aligné pour la troisième fois en cinq ans sur le Tour, où Tadej Pogacar avait cédé du terrain en 2020, et complètement explosé en 2023.

Un col goudronné pour les cyclistes

Comme Mûr-de-Bretagne ou la Planche des Belles Filles, le col de la Loze a vite acquis ses galons sur cette course, malgré son histoire récente. "C’est important de passer par les mythes historiques, mais  aussi d’aller chercher des ascensions qui ont le potentiel pour devenir mythiques, comme le col de la Loze, qui ne laisse pas indifférent", justifie Christian Prudhomme, avant de préciser : "Mais un mythe ne doit pas être emprunté tous les ans, ne doit pas être banalisé. Ça doit être un événement à chaque fois."

Pour le moment, le col de la Loze l’a été. En 2020, Primoz Roglic pensait y avoir scellé sa victoire finale en distançant le tout jeune Tadej Pogacar, qui avait renversé le Tour trois jours plus tard. En 2023, Jonas Vingegaard y avait entériné son deuxième sacre sur la Grande Boucle, en faisant complètement exploser ce même Tadej Pogacar. Deux étapes ultra-spectaculaires dans la lignée desquelles devrait s’inscrire celle de 2025, puisque le col de la Loze vient conclure une terrible journée avec trois cols hors catégorie à avaler en 171 km.

Un menu d’autant plus indigeste que le col de la Loze ne ressemble à aucun autre, même s’il sera, cette fois, escaladé par le versant de Courchevel, et non celui de Méribel. "C’est plus régulier, avec moins de ruptures de pente que le versant emprunté en 2020 et 2023, mais ça reste très violent et irrégulier, et surtout très long", prévient Pierre Rolland. Contrairement aux autres ascensions mythiques, le col de la Loze n’a pas été dessiné pour les voitures, mais pour les skieurs et les véhicules d’entretien du domaine skiable, avant d’être goudronné pour les cyclistes.

Le coup de fil de Bernard Hinault

"Contrairement à beaucoup de vallées alpines, on n’avait pas de grands cols pour relier nos stations des 3 Vallées pour les sommets", explique Jean-Christophe Vidoni, adjoint aux sports de Courchevel depuis 1997. "C’est comme ça qu’est né le projet de la Via 3 Vallées pour relier Courchevel, Méribel, Les Menuires et Val Thorens par des cols cyclables. C’est un projet naturel, parce que le vélo a toujours été l’autre sport de la montagne avec le ski alpin."

"On a décidé de goudronner cette route de montagne qui était utilisée principalement l'été par les montagnards, les troupeaux, et l’hiver par les sociétés de remontée mécanique et les skieurs."

Jean-Christophe Vidoni, adjoint aux Sports de Courchevel

à franceinfo: sport

"Comme ce chemin était déjà conçu pour soutenir le poids des chasse-neige, une fois goudronné en 2019, il pouvait largement supporter les véhicules du Tour de France", précise Jean-Christophe Vidoni, tout en rappelant qu’il s’agit d’un col "réservé aux cyclistes et aux randonneurs, et interdit aux véhicules motorisés le reste de l’année". Ce que la montagne a rappelé elle-même aux suiveurs du Tour de France, en 2023, quand plusieurs véhicules ont calé dans des virages raides, obligeant même Jonas Vingegaard à mettre pied à terre. Toujours est-il que la Loze, goudronnée en 2019, a fait son entrée sur le Tour dès 2020.

"Il nous est tombé tout cru dans les bras. On a vu qu’il y avait une grosse course cyclotouriste, puis le tour de l’Avenir y est allé en 2019. Bernard Hinault y était, il m’a appelé pour me dire que je devais absolument venir voir ça", se souvient Christian Prudhomme. "Dès le lundi, on est allé voir ce col de la Loze, en cachette évidemment. On a été immédiatement conquis". Tout comme l’ont été ensuite les amoureux du Tour, mais pas Tadej Pogacar. À moins que le Slovène n’efface ses mauvais souvenirs, jeudi, comme il l’a fait à Hautacam.