"Les médecins m'ont dit que c'était possible" : Charlie Dalin raconte sa victoire sur le Vendée Globe alors qu'il est atteint d'un cancer

Article rédigé par franceinfo: sport - Gaël Robic
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Le navigateur Charlie Dalin, à bord de son Imoca Macif, au large de Lorient le 22 avril 2024, quelques mois avant le départ du Vendée Globe (qu'il va remporter). (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)
Le navigateur Charlie Dalin, à bord de son Imoca Macif, au large de Lorient le 22 avril 2024, quelques mois avant le départ du Vendée Globe (qu'il va remporter). (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

Dans La force du destin, à paraître jeudi, le vainqueur du dernier Vendée Globe révèle avoir gagné le tour du monde en solitaire -record de l’épreuve à la clé- avec un cancer des voies digestives, diagnostiqué en 2023.

Le skipper havrais a longuement hésité avant de se confier. Vainqueur du Vendée Globe, Charlie Dalin a failli en parler dès son arrivée triomphale aux Sables d’Olonne (Vendée), le 14 janvier dernier, avant de se raviser. Pas le moment, pas l’endroit. Neuf mois après, sur les pontons de Concarneau, le skipper de 41 ans se confie, avec pudeur et détachement. Sous ses yeux, au mouillage, son bateau attend de reprendre la mer, lui aussi.

Deux ans qu’il vit avec la maladie. Depuis cette première alerte, à la veille du départ de la Transat Jacques Vabre, sa course de cœur, chez lui, au Havre. "Forcément, quand on m’a annoncé çà, j’ai pris une grosse claque. On est à cinq jours du départ de la Transat, je suis dans la salle d’attente, un œil sur les fichiers météo,et là on m’annonce que j’ai une tumeur de la taille d’un pamplemousse dans le ventre." Pas question pour autant de renoncer au tour du monde, un an après. Dalin adapte sa préparation. "Si on m’avait dit que c’était trop risqué, je n’aurais pas pris le départ. Mais les médecins m’ont rassuré, m’ont dit que c’était possible."

Deuxième du Vendée 2020, le Normand veut sa revanche et se présente aux Sables d’Olonne avec ce lourd secret. "J’étais le plus détendu des quarante concurrents. C’était une énorme victoire d’être au départ. Quand je descends le chenal, je suis vraiment content d’y être, me disant que je vais profiter de chaque minute. Je sais que je vais me faire opérer en rentrant, mais je n’y pense pas trop. Je relativise, je sais ce qu’est un vrai problème."

"J’ai mis cette tumeur de côté"

La suite, c’est un tour du monde en solitaire parfaitement exécuté, une bataille navale de tous les instants avec Yoann Richomme, entre anciens colocataires des années étudiantes. "Oui, j’ai profité de ce Vendée. J’ai réussi à oublier ce problème de santé. J’avais quelques douleurs, mais je me disais que ce n’était pas le moment. J’ai mis cette tumeur de côté et je me suis concentré sur la course." Il navigue "à fond", même si une alarme lui rappelle sa prise quotidienne de médicaments.

Le skipper Charlie Dalin lors de son arrivée du Vendée Globe, aux Sables d'Olonne, le 14 janvier 2025. (ESTELLE RUIZ / AFP)
Le skipper Charlie Dalin lors de son arrivée du Vendée Globe, aux Sables d'Olonne, le 14 janvier 2025. (ESTELLE RUIZ / AFP)

"Ça a été un Vendée contre vents et marées ! [sourire]. Je supportais bien le traitement. Le plus gros effet secondaire, c’était la fatigue, et quelques crampes. Je me suis forcé à me reposer plus que d’habitude. En moyenne, j’ai dormi six heures trente par tranche de 24 heures, ce qui est assez élevé." Renoncer ne fait pas partie des options. "Je n’ai jamais songé à abandonner. En revanche, j’avais pris 3-4 mois de traitement au cas où j’abandonne à l’autre bout du monde."

Pas de Vendée Globe 2028

Après 64 jours de mer, Dalin s’en revient avec l’impression de "revivre", après "avoir vécu un rêve, quelque part". Grand absent de la remise des prix, début février aux Sables d’Olonne, le skipper normand subit une lourde opération quelques semaines après son retour. Sans transition. Quatre heures d’opération, trois semaines d’hospitalisation. "Je n’ai guère profité de ma victoire. J’ai eu un moment pas simple en milieu d’année. J’ai craint un petit peu pour la suite."



La suite, c’est une saison blanche. Charlie Dalin confie la barre de son monocoque au skipper anglais Sam Goodchild. Un remplacement ponctuel appelé à durer.  "J’ai mis ma carrière entre parenthèses. Cet hiver, je prendrai la décision de courir la prochaine Route du Rhum. En l’état actuel de la médecine, je ne ferai pas le prochain Vendée Globe." Avec, toujours en tête, ce message de son épouse, Perrine : "Il n’y a qu’un scenario possible, et ça va bien se passer."

La couverture du livre "La force du destin", de Charlie Dalin, (Editions Voiles Gallimard)
La couverture du livre "La force du destin", de Charlie Dalin, (Editions Voiles Gallimard)

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