: Interview Solitaire du Figaro : "Dans la voile, il y a de la stratégie, une notion aussi très présente en finance", estime Edouard Golbery, trader devenu skipper
Le Parisien est au départ de la Solitaire du Figaro, une course composée de trois étapes, qui débute dimanche à 15 heures au Havre.
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Edouard Golbery fait partie de ces gens qui ont un jour changé de vie. Trader de formation, celui qui est "sur des bateaux depuis qu'il est né" a décidé de se tourner vers la course au large il y a dix ans. La raison ? Un trop-plein de la vie parisienne, une soif d'aventures et, surtout, la volonté de tenir sa promesse d'enfant de "ne pas avoir une vie monotone". Après des débuts en Classe Mini (voilier monocoque de 6,50 m de long) puis en Class40 (monocoque de 12,18 m de long) est venu le temps de l'échec, celui d'un projet de Vendée Globe avorté par le retrait d'un sponsor, en 2018.
Un retour à la case départ qui l'a emmené vers d'autres horizons, ceux du théâtre et de la musique, pendant près de cinq ans. Fort de toutes ces expériences, celui qui a appris à naviguer à Granville (Manche) a fait son retour dans le monde de la voile il y a deux ans et participe, à 37 ans, à sa deuxième Solitaire du Figaro. Dimanche 25 août, à 15 heures, il sera au Havre pour le départ de cette course, disputée en trois étapes sur des Figaro 3, des voiliers monocoques de 10 m de long.
franceinfo: sport : Après une première participation en 2023, vous êtes de nouveau au départ de la Solitaire du Figaro, comment vous sentez-vous ?
Edouard Golbery : Je me sens super bien. L'an dernier, j’étais tout seul à préparer mon bateau, avec très peu de budget, de vieilles voiles… Cette année, j’ai fait une saison d'entraînement, j’ai déjà participé à plusieurs courses, j’ai un préparateur et des voiles neuves donc je suis dans de bien meilleures conditions.
Quand vous avez quitté le monde de la finance, il y a dix ans, vous attendiez-vous à en être ici aujourd’hui ?
Pas du tout ! Le Figaro, c'est quand même l’élite. Quand j’ai commencé la course au large, j’ai fait une mini-transat. C’était un 180 dans ma vie et j’étais déjà halluciné de faire ça. Par contre le Figaro me paraissait très éloigné de moi car ce sont des gens qui naviguent depuis longtemps. Donc être là, une deuxième fois, avec de nouveaux partenaires dont l’ONG Seastemik, qui dénonce l’élevage de saumons, c’est une grande fierté.
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Prise de décisions rapides, sens des responsabilités, adrénaline… Même si ce sont deux métiers qui paraissent éloignés, on peut voir quelques similitudes entre le métier de skipper et celui de trader. Dans quelle mesure votre première profession vous aide à bord aujourd’hui ?
Pour être trader, j’ai fait des études de mathématiques et de finance et dans la voile, il y a beaucoup de chiffres. On s’intéresse aux angles, aux forces des vents par exemple, donc mon cursus m’est utile. Et surtout, dans la voile, il y a de la stratégie, une notion aussi très présente en finance. On parle de ratio, entre le risque que l’on prend et le rendement qu’on peut en tirer et en voile aussi, surtout en Figaro car on a tous le même bateau donc on fait des mises, en prenant certaines trajectoires plutôt qu’une autre pour faire la différence. Sur la mini-transat, j’avais très bien marché car j’avais pris une stratégie très dangereuse et très payante par exemple.
Dans votre cas, au-delà d’être skipper, vous êtes autoentrepreneur. Quelle place cette facette du métier prend-elle dans votre vie ?
C’est énormément de travail et je pense que c’est plus dur que la course en elle-même. Ça demande d’avoir beaucoup de rigueur et de conviction et ça dure des mois et des mois. Pour la Solitaire de cette année, j’ai établi un budget de 200 000 euros. J’ai commencé à chercher des financements à partir de la fin de la Solitaire de l’année dernière, en octobre, et j’ai vraiment bouclé mon budget il y a un mois quand deux entreprises ont rejoint le projet. Et entre-temps, j’ai envoyé des milliers de mails donc c’est très dur mais j’aime bien le fait d’être indépendant, d’être aussi chef de projet.
Vos connaissances en finance vous aident-elles aussi dans cet aspect du métier ?
Bien sûr, cela me permet d’être crédible auprès des partenaires. J’ai leur langage, on peut se parler et il n’y a pas de distance entre nous, ce qui est utile. Mais ça prend du temps d’apprendre à se vendre et de vendre un projet comme celui-là.
Est-ce plus difficile de convaincre de potentiels partenaires quand on a un parcours atypique comme le vôtre ?
Chaque skipper véhicule une image et moi ça me colle un peu à la peau d’avoir fait beaucoup de choses. C’est généralement perçu de deux façons différentes. Il y a des gens qui trouvent ça génial et d’autres qui se disent que le gars fait un peu tout à l’arrache, donc c’est à double tranchant. J’ai pas mal travaillé là-dessus car au début, quand j’ai commencé en Figaro, j'étais impressionné par les autres, je n'arrivais pas à faire mes choix, à me sentir libre sur l'eau donc j’ai fait un travail sur moi pour me sentir légitime.
Alors que vous étiez skipper, l’échec de votre projet Vendée Globe vous a poussé à vous consacrer au théâtre. En quoi cette expérience a modifié votre vision de la voile ?
Au début, j'ai abordé la course au large avec un côté fonceur, pas mal d'ego et une sensation que j'allais aller loin car je ne m'étais jamais cassé la gueule de ma vie. Et là, enchaîner un gros planté et une expérience humaine comme le théâtre, ça m'a fait mûrir et fait mûrir mon envie. Pendant cinq ans où j'ai été comédien, j'ai continué à chercher des sponsors parce que je ressentais cette envie de partir en mer.
A 37 ans, vous avez déjà expérimenté beaucoup de professions. Avez-vous la sensation d’avoir trouvé votre place avec la course au large ?
Je fais toujours les choses avec l'idée d'en faire mon métier jusqu'à ce qu'il y ait un truc qui ne marche plus. Aujourd’hui, je sais que j’ai envie de continuer. J’aimerais bien repartir sur un projet de Vendée Globe. Être longtemps seul, faire le tour de la planète avec un bateau à voile, dans une période ultra-moderne, je trouve qu’il y a quelque chose d’assez magique. Mais avant de me lancer, j’aimerais bien faire, a minima, trois Solitaires car je trouve que l’école Figaro est bien pour faire ses armes.
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