Guerre en Ukraine : "J'ai traversé la frontière à pied depuis la Slovaquie", raconte l'ancien tennisman Sergiy Stakhovsky, revenu s'engager dans l'armée
L'ancien 31e joueur mondial, s'est confié mardi à "Tout le sport", après son retour à Kiev pour aider ses compatriotes.
Basé à Londres, l'ancien tennisman ukrainien Sergiy Stakhovsky, 36 ans, a rejoint l'Ukraine et les rangs de la réserve de l'armée pour défendre son pays, attaqué depuis jeudi par la Russie. Il a répondu, mardi 1er mars, aux questions d'Inès Lagdiri-Nastasi pour l'émission "Tout le sport", alors qu'il est retranché dans un appartement à Kiev, veste militaire sur le dos, barbe de trois jours et visage déjà marqué par la fatigue.
TLS : Bonjour Sergiy, où êtes-vous actuellement ?
Sergiy Stakhovsky : Je me trouve à Kiev, dans le centre-ville. J'ai traversé la frontière à pied depuis la Slovaquie [vers l'Ukraine] dans la nuit de samedi à dimanche vers 1 heure du matin. J'ai vu énormément de femmes et d'enfants fuir dans le froid, j'espère qu'ils sont à l'abri maintenant. Ici, il y a encore eu des bombardements cette nuit.
Et votre famille ? Où sont-ils et qu’est-ce que vous leur avez dit ?
Ils sont à Budapest (Hongrie), en sécurité. Nous sommes revenus de Dubaï et je suis parti, je ne leur ai pas dit grand-chose avant de partir.
Pourquoi avoir décidé de retourner à Kiev pour prendre les armes ?
C’est une question à laquelle je ne sais pas si je suis capable de répondre, même pour moi-même. Il n’y a pas de justification à laisser trois enfants à la maison mais tous ceux qui se battent ici, qui défendent l’Ukraine, ont aussi une famille, des enfants, des frères et sœurs. Pourtant, ils sont là.
"Pourquoi devrais-je être dans une situation différente ? Parce que j’ai gagné plus d’argent et que je pourrais m’échapper ? Je ne vois pas comment j'aurais pu agir différemment."
Sergiy Stakhovsky, ancien tennisman ukrainienà "Tout le sport"
Qu’est-ce que vous faites actuellement pour aider votre pays ?
Ma mission est d'observer et d’aider les civils. Je facilite l'évacuation des enfants, des grands-parents. On communique également avec différents territoires et on met en place des coopérations. Au final, je fais ce qu’on me demande de faire.
Pouvez-vous nous expliquer quelle était votre vie avant février ?
Ma vie était fantastique. J’étais à Dubaï avec ma femme et mes enfants. On a visité, je suis allé faire un tour dans un petit club de tennis parce que le tournoi de Dubaï était en cours. La veille du début de la guerre, je parlais avec Rublev et tous les gars. C’était une des premières fois que j’allais voir un tournoi sans y participer [Sergiy Stakhovsky a pris sa retraite sportive après son élimination lors des qualifications à l'Open d'Australie, en janvier].
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J’étais aussi en train de monter un projet de domaine viticole. J’étais plutôt occupé avec une vie normale et je ne m’attendais pas à ce que ça tourne comme ça.
Qu'est-ce que vous espérez aujourd'hui ?
J’espère que les membres de la communauté internationale vont trouver une solution rapide pour mettre fin à tout ça. Je sais qu’ils regardent, qu’il y a beaucoup de sanctions, que le monde du sport sanctionne les Russes, les exclut de différentes compétitions. C’est bien mais ça n’aide pas : ils tirent toujours, ils envoient toujours des missiles, ils ont encore bombardé ce [mardi] matin le centre-ville de Kharkiv, qui était la première capitale de l’Ukraine, la deuxième plus grande ville aujourd’hui. Un missile a atterri en plein centre-ville, à huit heures du matin.
C’est dingue qu’au XXIe siècle, la Russie envahisse un pays souverain comme l’Ukraine. Ils se moquent que le monde voie ça, ils ne se cachent plus. Ils menacent le monde entier avec l’arme nucléaire. Personne ne les a attaqués, ce sont eux qui veulent envahir l'Ukraine et ils menacent ceux qui veulent intervenir. Que se passera-t-il s’ils restent en Ukraine ? La prochaine frontière russe sera avec la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Pologne. Et s’ils envahissent la Slovaquie par exemple ? L’Otan va dire que la Slovaquie est trop petite pour intervenir et après ils envahissent la République tchèque et la Hongrie. Et à ce moment-là ? Quand est-ce que ça s’arrête ? Ça doit s’arrêter, ils doivent arrêter de tuer, ils tuent des civils et attaquent des quartiers résidentiels !
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