"Les Américains ont une mentalité différente et veulent tout gagner" : ces nageurs français qui s'exilent aux États-Unis pour franchir un cap

Séduits par l’exigence du système universitaire américain, de plus en plus de jeunes nageurs tricolores s’installent outre-Atlantique. Un choix stratégique dans les pas de Léon Marchand, mais qui interroge la Fédération française de natation.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Mary-Ambre Moluh participe à la finale du 100 m dos féminin lors des Championnats de France de natation à Montpellier, le 15 juin 2025. (HAHN LIONEL / KMSP / VIA AFP)
Mary-Ambre Moluh participe à la finale du 100 m dos féminin lors des Championnats de France de natation à Montpellier, le 15 juin 2025. (HAHN LIONEL / KMSP / VIA AFP)

C'est un mouvement inédit dans la natation française. Dans la foulée des Jeux olympiques de Paris réussis et dans le sillage d'un Léon Marchand devenu star, de plus en plus de nageurs tricolores tentent leur chance aux États-Unis. Ils partent pour étudier et pour améliorer leurs performances. Une centaine de nageurs français se sont installés de l'autre côté de l'Atlantique. La plupart se retrouvent cette semaine à Montpellier pour les championnats de France. Une expérience qui fascine les athlètes autant qu'elle inquiète la Fédération française de natation.

Mary-Ambre Moluh fait partie de ceux qui tentent le rêve américain. À 19 ans à peine, elle n'a pas hésité une seule seconde : après les JO l'été dernier, la spécialiste du dos a posé ses valises en Californie dans la prestigieuse université de Berkeley. "C'était une année vraiment formidable, pleine de changements et au-delà de mes attentes", raconte la nageuse.

De l'autre côté de la planète, la jeune Francilienne continue ses études grâce à des bourses qui couvrent tout ou partie des coûts exorbitants de la scolarité, tout en s'entraînant comme une professionnelle. "C'est à nous de trouver comment jongler entre les deux", confie-t-elle, avant de reconnaître que c'est "un peu compliqué", elle qui n'est pas encore totalement habituée à l'entraînement à la mode US.

Une fuite des talents inéluctable pour des résultats ?

Dans le système universitaire américain, tout est fait pour mettre le sportif-étudiant dans les meilleures conditions, comme l'a constaté Lilou Ressencourt, elle aussi partie en Californie. "Si vous avez besoin d'enlever un entraînement, on le déplace, on s'adapte à tout... Les Américains ont une mentalité différente, ils sont plus agressifs, plus compétiteurs. Ils veulent tout gagner ! Une mentalité que j'ai peu", avoue la spécialiste dans le 100 et 200 mètres papillon.

La France ne peut pas lutter, reconnaît Denis Auguin, le directeur des équipes nationales qui garde un œil critique sur un phénomène pas nouveau, mais exponentiel. "Tant que c'est fait dans des endroits référencés pour le haut niveau, il n'y a pas de quoi être inquiet. Il y en a pour qui c'est un peu désordonné et là, c'est embêtant". Cette fuite des talents n'est pas près de se tarir, d'autres nageurs en devenir ont déjà prévu de traverser l'Atlantique en septembre.

Ces nageurs français s'exilent aux États-Unis pour franchir un cap : le reportage de Jérôme Val

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