: Témoignage "On se voit décliner et il faut réussir à l'accepter" : guérie d'un cancer, la handballeuse Julie Le Blévec est de retour sur les terrains
Refaire du sport au plus haut niveau après une maladie grave est possible. Il y a un an, on diagnostique un cancer rare à Julie Le Blévec. Après une saison blanche, la handballeuse a fait son retour en compétition au début du mois de septembre.
/2025/09/24/img-0133-68d413b5918b7139905162.jpg)
À chaque fois qu'elle saisit un ballon de handball, Julie Le Blévec profite de chaque instant. L'adrénaline des matchs, le crissement des chaussures sur le parquet, l'odeur de la résine… Autant de moments et de sensations auxquels elle regoûte désormais avec un plaisir non feint. "Rien que la sensation du toucher, le fait de manipuler le ballon, c'est quelque chose qui me manquait. Parce que pour moi, c'est vraiment associé au plaisir pur du jeu et du handball. C'est ce qui me plaît", explique-t-elle avec un sourire, masquant une certaine timidité.
Car la jeune handballeuse, âgée de 25 ans, a conscience d'avoir remporté le match le plus compliqué de sa carrière professionnelle. Lorsqu'elle signe à l'été 2024 au Saint-Amand Handball-Porte du Hainaut (Nord), elle est loin d'imaginer que sa saison sera aussi difficile. Formée au Metz handball, le meilleur club français, où la concurrence est intense, l'ailière droite rejoint alors le Nord afin de gagner du temps du jeu. Mais dès la préparation d'avant-saison, elle remarque qu'elle a du mal à encaisser les entraînements.
"J'avais pas mal de symptômes physiques"
"J'avais tellement à cœur de mettre en application tout ce que j'avais appris à Metz, raconte Julie Le Blévec. Malheureusement les choses ne sont pas vraiment passées comme prévu car j'avais pas mal de symptômes physiques. Beaucoup de fatigue, des douleurs au ventre. Cela s'est empiré mais on ne pouvait pas forcément les relier à quelque chose d'aussi grave. J'ai eu le temps de me faire opérer une première fois et après d'être dans l'attente des résultats." Au fur et à mesure des examens, l'éventualité tant redoutée se concrétise : un cancer rare de l'ovaire droit.
"J'ai quand même pu me préparer parce qu'à ce moment-là, on sentait un peu les choses venir. Mais c'est vrai que lorsqu'on m'a annoncé le diagnostic, cela m'a fait un petit choc."
Julie Le Blévec, handballeuseà franceinfo
Le cancer, à l'exception de son signe astrologique - elle est née fin juin -, reste un mot très abstrait pour celle qui est également étudiante à l'Ecole nationale d'ingénieurs de Metz (elle suit ses cours à distance) : "J'étais un peu dans l'inconnu. J'associais le cancer à des mots clés comme chimiothérapie ou combat, la notion de se battre contre la maladie. Mais je ne savais pas exactement à quoi cela faisait référence. On va dire que j'ai pu le découvrir petit à petit dans le parcours de soins."
"J'ai reçu énormément de soutien et d'attention"
Si, dans le jeu, la handballeuse avoue parfois éviter le combat physique, la Provençale ne se défile pas sur le terrain de la maladie, même si la chimiothérapie est éprouvante. "Être éloignée du terrain était difficile parce que c'est ma passion première, explique Julie Le Blévec. Mais il y a aussi le fait de voir son corps devenir de plus en plus faible. Surtout quand on est dans un objectif de construction et de développement constant au niveau des capacités physiques. Et là, malgré nous, on se voit décliner et il faut réussir à l'accepter. C'est peut-être le plus dur à vivre pendant la période."
Une période difficile qu'elle traverse auprès des siens dans la région marseillaise même si elle peut compter sur l'appui constant du club : "Que ce soit au niveau de l'équipe ou du staff et même de la direction, j'ai eu un accompagnement vraiment incroyable pendant toute la période. Je suis restée en contact avec tout le monde et j'ai reçu énormément de soutien et d'attention. Je n'aurais même pas pu l'espérer en étant arrivée trois semaines auparavant. Donc ça a beaucoup joué pour moi et je pense que j'ai construit une relation importante avec le club qui a eu beaucoup de compréhension."
"On m'a laissé le temps de revenir à mon rythme. Mais moi j'avais envie de revenir le plus vite possible. C'était mon objectif prioritaire. C'est ce qui m'a aussi aidée à passer à autre chose d'ailleurs."
Julie Le Blévec, handballeuseà franceinfo
Une saison blanche qui a changé Julie Le Blévec. Non seulement sur le plan physique où elle a troqué sa longue chevelure blonde pour des cheveux courts, mais aussi sur le plan mental. "Je pense qu'on ne s'en rend pas forcément compte avant de l'avoir vécu mais la maladie, ça change une personne, poursuit la handballeuse. J'ai pu me rendre compte du processus. Je vois les choses un peu différemment. J'accorde plus ou moins d'importance aux évènements par rapport à avant. Quelque part, je suis quand même contente d'avoir vécu tout ça pour les enseignements que j'en tire aujourd'hui."
Un pari réussi puisqu'elle revient à temps pour débuter le championnat. Et terminer meilleure réalisatrice (cinq buts) de son club, vainqueur du premier match de la saison contre Dijon : "Il y avait de l'excitation, beaucoup d'excitation mais aussi beaucoup de plaisir. J'ai essayé de garder la tête froide parce que je savais que j'allais avoir des flash-back de toute la période. En un an, je suis passée par de nombreuses émotions différentes. Mais au final, j'ai réussi à mettre ces choses de côté. A partir du moment où on est sur le terrain, on peut courir, s'exprimer… Après ce n'était que du plaisir, celui de retrouver le terrain et de le partager avec tout le monde."
Avec son témoignage, Julie Le Blévec veut montrer que le cancer n'est pas une fatalité pour une sportive de haut niveau. À l'image de Camilla Herem, légende du handball norvégien (plus de 332 sélections), de retour sur les terrains seulement cinq jours après une chimiothérapie destinée à traiter un cancer du sein : "Je me suis dit si l'opportunité m'est donnée de m'exprimer sur le sujet et que ça peut aider d'autres personnes, j'aimerais évidemment le faire. J'ai eu la confirmation que ça pouvait être un exemple. Quand j'ai vu Camilla rejouer très rapidement en ayant perdu ses cheveux à la suite du traitement, je me suis directement construite par comparaison avec elle. Je me disait : 'Waouh, c'est fort… Et c'est courageux.' Je pense donc que ça pourrait aussi aider d'autres personnes atteintes du cancer. Avoir de l'espoir pour revenir et à faire face à la maladie avec courage."
L'esprit de Julie Le Blévec est désormais totalement tourné vers des objectifs sportifs. Et contribuer pleinement au maintien de son club parmi l'élite.
À regarder
-
La Szon Patrol, la trend mascu détournée
-
Alarmes : la guerre des prix
-
Pourquoi la gen Z se révolte au Maroc ?
-
Accro à la PTC à 17 ans
-
À Munich, la fête de la bière endeuillée par une explosion
-
Les trumpistes ne veulent pas de Bad Bunny au Super Bowl
-
C. Rampling, F. Civil : qui joue vraiment du piano ?
-
Gaza, Donald Trump lance un ultimatum au Hamas
-
Drame à Evry : ce que l'on sait
-
Le 2 octobre, il y a cours ?
-
Des sionistes religieux d'extrême droite prêts à s'installer à Gaza
-
Strasbourg : une campagne avec une femme voilée fait polémique
-
Pluies torrentielles : déluge sur Ibiza
-
Quand l'Etat vend le palace de voyous
-
Agression violente : un jeune homme tabassé à mort
-
Au Maroc, les jeunes dans la rue
-
L'Assurance maladie incite les assurés à lutter contre la fraude
-
Ce pont est le plus haut du monde
-
Italie : travailler plus pour réduire la dette
-
Pêche, le chant des coques
-
Pouvoir d'achat : une solution pour augmenter le salaire net
-
C'est quoi le problème avec la Moulaga ?
-
Cette actrice entièrement créée par IA indigne Hollywood
-
Pourboires : faut-il les taxer ?
-
Inondations en Espagne : Valence de nouveau sous les eaux
-
À partir de demain, une nouvelle étiquette
-
Guerre à Gaza : que contient la proposition de paix de Donald Trump ?
-
Ligue des Champions : Une voiture neuve pour chaque joueur s'ils battent le Real Madrid !
-
Le pont le plus haut du monde a ouvert en Chine
-
Médecins agressés : les violences en hausse de 26%
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter