Interdiction jusqu'à 12 ans de faire une tête au foot en Écosse : "Le cerveau n'est pas construit pour subir des impacts répétés", confirme un médecin
Les impacts répétés peuvent engendrer une baisse des performances intellectuelles voire à terme "de véritables lésions de type Alzheimer ou Parkinson", affirme le neurochirurgien Jean Chazal.
La Fédération écossaise de football a décidé d'interdire les têtes pour les moins de 12 ans, une décision qu'approuve Jean Chazal, neurochirurgien, doyen honoraire de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, vendredi 17 janvier sur franceinfo. "Le cerveau n'est pas construit anatomiquement pour subir des impacts répétés", a-t-il expliqué. Ces "impacts répétés" peuvent entraîner "une diminution des performances scolaires, une diminution des performances cognitives et intellectuelles", car "ces gamins à l'âge de 30 ans au lieu d'avoir un QI à 110 auront un QI à 105 avec 5 points de moins, ce qui est significatif", prévient Jean Chazal.
franceinfo : C'est une décision qui se justifie d'interdire les têtes dans le foot pour les moins de 12 ans ?
Jean Chazal : Oui, en raison d'une chose assez simple : l'anatomie du cerveau. Le cerveau n'est pas construit anatomiquement pour subir des impacts répétés. C'est une structure molle, viscoélastique, qui est dans une boîte rigide. Le crâne est inextensible.
La comparaison si voulez, c'est un fromage blanc à l'intérieur d'une boîte en plastique. Si vous secouez la boîte en plastique, le fromage blanc se fissure finalement, se désintègre.
Jean Chazal, neurochirurgienà franceinfo
Et c'est la même chose. Le cerveau, à l'âge de 12 ans, est très loin de sa maturité. La connectivité cérébrale n'étant véritablement terminée qu'à l'âge de 25 ans, c'est prouvé par des travaux scientifiques récents, en particulier en Angleterre.
Pourquoi alors, fixer la limite à 12 ans ?
Parce qu'il y a un autre facteur qui intervient : c'est la colonne cervicale à l'âge de 12 ans. Le développement de la colonne cervicale est aussi très loin de sa maturité et son système de maintien est faible. Le tonus est encore très faible, beaucoup plus qu'un peu plus tard, à l'âge de 15 ou 18 ans. Or, ce tonus est important pour le maintien de la tête au moment de l'impact. Et puis, on va dire que 12 ans, c'est le début d'un certain développement de l'ensemble du corps, du cerveau, c'est l'adolescence. C'est le début de l'adolescence. C'est vraiment un âge charnière, mais je dirais que peut-être un jour on dira : il faut le déplacer à l'âge de 18 ans ou même l'âge de 21 ans, parce que c'est véritablement à l'âge de 21 ans que tout ce système musculaire, ligamentaire et même cérébral est arrivé à maturité. Et encore, pas complètement pour le cerveau comme je viens de le dire.
Faire une tête quand on a 6, 8, 10 ans. Ça peut avoir des répercussions des décennies après ?
Oui, le mécanisme est le suivant. On appelle ça des impacts sub-commotionnels infra-commotionnels, c'est-à-dire que c'est sans conséquences cliniques évidentes, sauf peut-être une diminution des performances scolaires. Mais à ce moment-là, on dit : "Le gosse travaille moins bien à l'école parce qu'il est plus attiré par le foot que par l'école". En réalité, c'est une conséquence clinique de ces impacts sub-commotionnels, sans conséquences cliniques évidentes. Et on a pu démontrer qu'il y avait une altération des microstructures, des faisceaux conducteurs d'informations, avec des micro lésions qui s'accumulent pour constituer, des années plus tard, des décennies plus tard, de véritables lésions de type Alzheimer ou Parkinson ou sclérose latérale amyotrophique. On a aussi mesuré une diminution des performances cognitives (les performances intellectuelles à bas bruit).
Ces gamins, à l'âge de 30 ans, au lieu d'avoir un QI à 110, auront un QI à 105 avec 5 points de moins, ce qui est significatif.
Jean Chazal
Sachant cela, est-ce que vous militez pour que la Fédération française de football fasse de même ?
Oui, moi, je milite pour que toute activité sportive, de jeu, de distraction qui comporte des risques d'impacts crâniens répétés, soit contrôlée, peut-être pas interdite, mais contrôlée et sévèrement contrôlée. Ce sont les données de la science d'aujourd'hui. Il y a des travaux dans les universités américaines, françaises et anglaises en particulier, qui montrent très bien les effets délétères de ces impacts crâniens à répétition. Encore une fois, le cerveau d'Homo sapiens, notre espèce humaine, n'est pas construit pour subir les impacts à répétition. Il n'est pas protégé de cela.
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