Coupe du monde des clubs : des stades mal desservis, une chaleur écrasante... A moins d'un an du Mondial 2026, la répétition générale laisse planer des doutes

À un an de la plus grande compétition de football, la Coupe du monde des clubs aux Etats-Unis fait office de répétition générale. Mais à dix jours de la fin de la compétition, et alors que le PSG joue son quart de finale samedi face au Bayern Munich, plusieurs points d'organisation inquiètent.

Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
L'entraîneur du PSG, Luis Enrique, s'adresse à ses joueurs qui tentent de trouver de la fraîcheur, lors du match du groupe B de la Coupe du monde des clubs, face à l'Atletico de Madrid, au Rose Bowl Stadium (Californie), le 15 juin 2025. (STU FORSTER / AFP)
L'entraîneur du PSG, Luis Enrique, s'adresse à ses joueurs qui tentent de trouver de la fraîcheur, lors du match du groupe B de la Coupe du monde des clubs, face à l'Atletico de Madrid, au Rose Bowl Stadium (Californie), le 15 juin 2025. (STU FORSTER / AFP)

Une répétition générale façon grandeur nature. Depuis le 14 juin, les Etats-Unis accueillent la nouvelle compétition de la Fifa, la Coupe du monde des clubs, jusqu'au 13 juillet. De quoi tester les installations et l'organisation à un an de la Coupe du monde 2026 de football, dont les Etats-Unis seront pays hôte aux côtés du Canada et du Mexique.

Mais certains points d'organisation font tiquer outre Atlantique, comme la gestion des flux de spectateurs pour arriver jusqu'aux stades, ou encore la chaleur écrasante qui pourrait bien s'inviter à la fête du football dans un an. Franceinfo: sport a passé en revue quatre points de crispation.

Des stades difficiles d'accès

Si certaines villes américaines, hôtes du Mondial, comme New York ou Boston, sont très bien desservies, d'autres en revanche sont à la peine. Certains stades américains ne sont accessibles qu'en voiture, ce qui provoque des embouteillages importants les jours de match. C'est notamment le cas du A&T Stadium, à Dallas (Texas), qui n'est desservi par aucun transport en commun. En revanche, sur le site du stade, il est proposé de réserver un parking en amont de la compétition.

À Kansas City, les transports ont le mérite d'exister mais le temps de trajet est multiplié par cinq avec la voiture, quand le trafic est fluide (15 minutes au lieu d'1h15). Sur le site du stade, on prévient les futurs spectateurs d'acheter les accès de stationnement en avance et "d'arriver tôt afin d'éviter le trafic à l'approche du match".

Le prix du stationnement varie selon les stades. A&T Stadium propose des tarifs différents selon les affiches de football américain. Par exemple, pour garer son véhicule lors du match opposant les Dallas Cowboys au Ravens de Baltimore mi-août, le parking le plus éloigné est le moins cher avec un premier prix à 55 dollars. Pour être au plus proche de l'entrée, il faut en revanche compter 287 dollars. Et la note devient encore plus salée pour le match contre les Eagles de Philadelphia, en novembre, avec un premier prix à 123 dollars. À Kansas City, le tarif est le même pour toute la saison (de 57,25 $ à 178,20 $). En revanche, ces stades ne proposent pas encore les tickets pour le Mondial l'été prochain, il faudra donc patienter encore un peu pour connaître le prix des places de parking.

Une chaleur suffocante

Les embouteillages ne sont pas le seul bémol. Fin juin, une vague de chaleur s'est propagée dans l'Est des Etats-Unis, avec des températures dépassant souvent les 35 degrés la journée, avec en prime un fort taux d'humidité. Si le règlement en vigueur aux Etats-Unis permet l'interruption des matchs en cas de risques d'orages, aucune contre-indication n'est donnée en cas de fortes chaleurs. Ces aléas météorologiques, dont le phénomène va devenir plus fréquent et plus intense dû au changement climatique, sont ainsi un avant-goût de ce que pourraient vivre les joueurs dans un an, mais aussi les spectateurs, assis des heures en plein soleil.

Une étude publiée en janvier 2025 par l'International Journal of Biometeorology appelle même les joueurs et les spectateurs à la prudence face à ce risque de chaleur extrême. "Nos résultats montrent que 14 des 16 sites hôtes [du Mondial 2026] dépassent la WBGT [la température humide, qui mesure la température de l’air ambiant combinée au taux d’humidité] de 28 °C, dont quatre (neuf) dépassent ce seuil plus de la moitié du temps l'après-midi au cours de la moyenne des 20 dernières années", écrit cette étude. Cette dernière appelle ainsi à reprogrammer les matchs en dehors des heures de l'après-midi, où la chaleur est la plus forte. D'autant plus, qu'à la différence de la dernière Coupe du Monde organisée au Qatar avec les mêmes problématiques, les stades américains ne sont pas climatisés. Pour l'heure, la Fifa ne s'est pas positionnée sur de potentielles reprogrammations en cas de trop fortes chaleurs.

Des tribunes qui ont du mal à se remplir

Les Américains ne sont pas les premiers amateurs du football européen et cela s'est bien fait ressentir. Les stades ont tardé à se remplir jusqu'aux derniers jours, avant le début de la compétition. Si le match d'ouverture, opposant l'Inter Miami de Lionel Messi au club égyptien d'Al-Ahly au Hard Rock Stadium (Miami) était presque plein contrairement aux prédictions, c'est surtout parce que la Fifa a mis les bouchées doubles pour remplir le stade de 65 000 places. L'instance a en effet proposé de larges réductions sur les billets, allant parfois jusqu'à 80% du prix d'un ticket d'après l'AFP.

La problématique s'est poursuivie les jours suivants. Lors du match de phase de groupes entre Chelsea et le Los Angeles FC (2-0) le 16 juin, seulement 22 137 personnes se sont rendues dans le stade d'Atlanta, dont la capacité maximale est de 75 000 places et dont l'affluence moyenne pour la Major Soccer League (MLS) oscille vers les 44 000 personnes. "J'ai trouvé l'ambiance un peu étrange, le stade était presque vide, pas plein", a d'ailleurs réagi Enzo Maresca, l'entraîneur de Chelsea, en zone mixte. Sur les 3,5 millions de billets en vente, seul 1,5 million avait trouvé preneurs au 17 juin, d'après le dernier communiqué de la Fifa.

Une politique agressive sur l'immigration

Le début de la Coupe du monde des clubs n'a pas été un long fleuve tranquille. Elle a en effet été marquée par de nombreuses manifestations, notamment en Californie, contre la politique migratoire du président Donald Trump, visant des étrangers en situation irrégulière. Pour contrer ces manifestations, le président a fait appel à la garde nationale et un couvre-feu a été décrété dans le centre-ville de Los Angeles.

Le 1er juillet dernier, l'ONG Human Rights Watch s'est émue de cette "série de décrets répressifs et adoptés des changements de politique qui violent le droit américain et international relatif aux droits humains", a-t-elle écrit dans une lettre au président de la Fifa, Gianni Infantino et dont la copie est accessible sur le site. L'ONG déplore également le décret signé par Donald Trump le 5 juin dernier visant à "restreindre et limiter totalement l'entrée des ressortissants de douze pays [Afghanistan, Birmanie, Tchad, République du Congo, Guinée équatoriale, Érythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan et Yémen] et restreindre et limiter partiellement l'entrée des ressortissants de sept autres pays [Burundi, Cuba, Laos, Sierra Leone, Togo, Turkménistan et Venezuela]".

Pour l'ONG, ces actions "constituent une menace sérieuse" pour les non-citoyens américains, "y compris le quelque 1,5 million de visiteurs étrangers qui ont assisté à la Coupe du monde des clubs de cet été et les 2,6 millions de visiteurs qui devraient assister à la Coupe du monde masculine de l'été prochain". De quoi ajouter, à un an des festivités, peur et angoisses pour les futurs visiteurs.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.