Anelka et Drogba sur le départ, la révolution du foot chinois n'a pas eu lieu
Les deux stars qui composent l'attaque du Shanghai Shenhua sont annoncées sous d'autres cieux. Est-ce le début de la fin pour le championnat chinois ?
Le duo d'attaque du Shanghai Shenhua risque fort de quitter la Chine : Nicolas Anelka a ouvertement entamé des négociations pour quitter le club, à Londres, tandis que Didier Drogba est attendu à la Juventus Turin. Comment expliquer ce désamour un an après l'afflux de vedettes internationales dans le championnat chinois ?
Le modèle sportif ne marche pas (sauf à Guangzhou)
2012 était l'année du Dragon, dans la mythologie chinoise, c'est aussi une année propice aux dépenses. Les clubs de la Chinese Super League ont fait fort en ce domaine avec de nombreux recrutements de joueurs venus d'Europe. L'argent le mieux dépensé, ce sont les 10 millions d'euros annuels versés à l'entraîneur italien Marcello Lippi, vainqueur de la Coupe du monde et de la Ligue des champions. Avec ce coach à poigne, les ego des joueurs ont été mis au vestiaire – les récalcitrants étant prestement vendus – et les résultats n'ont pas tardé. Sacré champion, le club de Guangzhou s'attache maintenant à dénicher les bons joueurs chinois, car il en faut au minimum sept sur le terrain dans ce championnat. Tout le contraire du Shanghaï Shenhua de Drogba et Anelka, où le propriétaire a reconnu, dans Sports Illustrated (lien en anglais), "ne pas avoir de plan à long terme".
Même avec de bons résultats, le Guangzhou Evergrande ne pose pas les bases d'un réel engouement des Chinois pour leur championnat. Les écoles de foot passent après les stars étrangères en termes d'investissement. Et qui peut citer un joueur chinois ? Les fans de Manchester United se souviennent peut-être de Dong Fanzhuo qui, après des débuts prometteurs en équipe réserve, n'a eu sa chance avec l'équipe première que pour un seul match, raconte ESPN (lien en anglais).
L'autre signe d'un progrès majeur du championnat serait de décrocher enfin la Ligue des champions d'Asie, ce qu'aucun club chinois n'a réussi depuis 1990. Ces progrès seraient bienvenus, dans un pays où seuls 10 000 jeunes sont licenciés à la fédération de foot, contre 300 000 au Japon voisin, pourtant dix fois moins peuplé.
Le modèle économique ne marche pas non plus
Tous les gros clubs du pays appartiennent à des millionnaires – les da laoban – qui connaissent beaucoup mieux le monde des affaires que celui du foot. Ainsi, le Shanghai Shenhua est la propriété du magnat des jeux vidéo Zhu Jun. Celui-ci détient les droits des jeux Fifa et World of Warcraft pour la Chine, mais s'avère être un piètre tacticien, remarque China News Center (en anglais). Son but affiché n'est pas de bâtir une équipe de rêve, mais de rentrer dans ses frais, voire mieux. Son but officieux est de se rapprocher du pouvoir. En Chine, détenir un club de foot ouvre des portes au plus haut niveau de l'Etat. "Qu'y a-t-il de plus important que le foot pour faire de votre société l'icône d'une ville, ou montrer aux autorités vos capacités comme politicien ?" s'interroge John Duarden, ancien attaquant de Tottenham, spécialiste du foot asiatique, dans le China Times (en anglais).
De plus en plus de spécialistes estiment que l'Etat finance en sous-main les clubs, les propriétaires ne pouvant mathématiquement pas rentabiliser leur investissement : 1) les prix des tickets sont bas et quand on les augmente, on perd la moitié des ses fans 2) les Chinois ne sont pas portés sur les produits dérivés et 3) "les audiences des matchs de championnat font passer celles, maigrichonnes, du championnat américain pour l'alunissage d'Appolo 11", ironise Ji Shuheng sur Bigsoccer (en anglais).
Il reste deux espoirs pour le championnat chinois. L'arrivée au pouvoir du nouveau président Xi Jinping, grand fan de foot, permettra peut-être de renforcer l'implication du gouvernement dans le championnat. Et, encore mieux niveau marketing, David Beckham n'a toujours pas annoncé sa destination pour la dernière étape de sa carrière. Pourquoi pas la Chine ?
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