"Toujours debout, toujours dans le flou", le billet d'humeur d'Alexandre Pasteur
Les annonces du Premier ministre mardi ne remettent en cause la tenue du Tour de France à compter du 29 août. Mais les questions s’amoncellent.
Pas de rassemblements de plus de cinq mille personnes avant le premier septembre a annoncé le gouvernement il y a deux jours. Les conséquences sont lourdes : fin de la partie pour les championnats professionnels de football et de rugby, pas de grand prix de France de Formule 1... Et demeure cette question, entêtante : la saison de cyclisme s’est elle terminée le 14 mars à la Colmiane dans les montages du Mercantour dans le huis clos d’un Paris-Nice usant, stressant et inachevé ?
Même si la parenthèse ouverte en mars est loin d’être refermée, "le cyclisme s’en sort mieux que les autres sports", martèle Marc Madiot le manager de l’équipe Groupama FDJ. Le Président de la ligue nationale de cyclisme a raison. Le cyclisme est à peu près le seul sport à offrir des perspectives et notamment celle, de taille, de voir son poumon économique et sportif , le Tour de France, se tenir en septembre.
Le Tour est debout, un phare dans la tempête, et seules les deux premières étapes sont concernées par les limitations imposées par l’Etat. Mais quid de la distanciation physique entre les personnes ? Septembre ne sonnera pas le glas de la pandémie, on l’a compris, et vivre avec le virus sera un combat ou une vigilance de tous les instants.
Une transhumance quotidienne de 4 000 personnes
Le Tour de France est un spectacle vivant, un théâtre à ciel ouvert, une transhumance quotidienne de quatre mille personnes à travers la France, et la concentration de personnes à certains points stratégiques (départs, arrivées, sommet des cols) est comparable à celle d’un stade de football. Et, fatalement, supérieure à la jauge de 5000 spectateurs fixée par le gouvernement jusqu’au 1er septembre. Les organisateurs de la Bretagne Classic à Plouay ont déjà répondu à la question. Pour préserver sa course qui doit se tenir le 23 août, Jean-Yves Tranvaux a choisi de faire payer l’entrée afin de limiter à 3 000 le nombre de spectateurs. Mais ce qui est applicable à la Bretagne Classic ne l’est pas à la Grande Boucle, qui a toujours érigé la gratuité en vertu cardinale.
Les mêmes questions se posent pour les coureurs. Passons sur les questions de distanciation physique au sein du peloton. On imagine aisément que tous les coureurs au départ de Nice le 29 août auront été testés, tout comme les personnes accréditées (journalistes, partenaires, organisateurs...). La question est plutôt de savoir dans quel état les coureurs se présenteront au départ de Nice ?
La possibilité offerte aux coureurs professionnels de reprendre l’entraînement sur route le 11 mai, et, après autorisation dérogatoire de s’éloigner à plus de 100 kilomètres de chez eux, dessine l’amorce d’un retour à la normale. Mais après ? Marc Madiot, toujours lui, n’imagine pas un Tour de France sans course au préalable. Et là l’horizon est aussi bouché que le sommet du Tourmalet un jour de brouillard. L’UCI n’a pas encore communiqué son calendrier de sortie de crise et à ce jour seules les dates du Tour de France sont connues.
On sait juste que pour les courses à l’échelon World Tour, il faudra patienter jusqu’au 1er août. Mais quelles courses pourront se tenir en France? Le Critérium du Dauphiné, tremplin traditionnel vers le Tour, pourra-t-il se courir en août, sur un format réduit et dans un huis clos partiel afin de respecter les normes sanitaires fixées par le gouvernement ? Pour les coureurs français, il sera sans doute indispensable de se préparer en dehors des frontières. Le Tour d’Autriche, en juillet, puis le Tour de Pologne et la tournée italienne début août offriraient des terrains de jeux parfaits. Mais se posera alors la question de la quarantaine préventive pour les coureurs venant de l’étranger.
Beaucoup de questions, peu de réponses. Mais une certitude : spéculer sur la tenue du Tour de France avant la connaissance des premiers chiffres du déconfinement n’a aucun sens. Et une crainte : malgré son aura, son histoire et son impact sur la société française, le Tour de France sera-t-il légitime pour se tenir selon les circonstances du moment ?
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