Cyclisme : Tadej Pogacar monte en puissance en battant trois records de secteurs pavés lors d'une reconnaissance de Paris-Roubaix

Tadej Pogacar semble prêt pour son baptême sur Paris-Roubaix. Le Slovène, qui disputera l'Enfer du Nord pour la première fois le 13 avril, a effectué une reconnaissance de premier plan sur les pavés de la course, mercredi 2 avril.

A quatre jours du Tour des Flandres, auquel il participera également dimanche, Tadej Pogacar a publié sur l'application Strava une sortie de 212,96 km, où il a battu le record de trois secteurs pavés de la course (représentés par les "KOM", soit "King of Mountain") à Gruson, Auchy-lez-Orchies et Mons-en-Pévèle.

Si le contexte de ces performances reste à nuancer par rapport à une situation de course, les chiffres du Slovène sont impressionnants : il a conclu cette sortie de plus de 5h30 à une moyenne de 37,6 km/h. Pour ce qui est des secteurs pavés, il a battu dans le détail le temps de Wout van Aert (Visma-Lease a Bike) de sept secondes à Mons-en-Pévèle, et de six secondes celui de Dylan van Baarle (Visma-Lease a Bike) dans celui d'Auchy-les-Orchies. Dans le secteur de Gruson, il a égalé le temps du Belge (1'21) à une allure de 48,8 km/h sur les 1 100 mètres. Trois temps de référence qui avaient été réalisés en course en 2022 et 2023.

Il a en outre battu son record personnel dans la célèbre Trouée d'Arenberg (3'39 minutes, soit 28 secondes de plus que Filippo Ganna lors de l'édition 2022 par exemple), et n'a échoué dans le secteur du Carrefour de l'Arbre, souvent décisif, qu'à une seconde du record de Wout van Aert (2'51), établi en course lors de l'édition 2023.

Réalisées dans le sillage d'un véhicule, sans la pression de la course, ces performances restent néanmoins rassurantes pour le Slovène. "Déjà, derrière une moto ou pas, il faut être capable de rouler sur le pavé, donc ça nous donne plusieurs indices. Le premier c'est qu'il est motivé, mais ça, on n'en doutait pas. Le deuxième c'est qu'il est en forme, on n'en doutait pas non plus. Et le troisième c'est qu'il est capable de rouler vite sur le pavé", observe notre consultant Yoann Offredo.

Pour l'ancien coureur de classiques, 14e de son dernier Paris-Roubaix en 2017, cette publication sert davantage à mettre la pression, affirmer ses ambitions et semer la graine du doute dans la tête des habituels favoris. "C'est pour montrer aux autres qu'il est là et qu'il sera là. Parce que je pense qu'il y a pas mal de gens qui doutent de sa capacité à rouler vite sur les pavés, de par son gabarit. C'était aussi un test grandeur nature pour lui, et à mon avis, il a dû être fier de ses performances et il a voulu les montrer", poursuit Yoann Offredo.

De quoi donc continuer à alimenter le feuilleton du duel avec Mathieu van der Poel, qui s'étire en longueur et trouve des soubresauts presque chaque semaine. Une bataille à distance, dans laquelle cette publication n'a sans doute rien d'anodin pour notre consultant. "Ça m'évoque, toutes proportions gardées, le trashtalk [provocation] en sports de combat. Tadej Pogacar, c'est quelqu'un qui est très malin, comme toute son équipe. On a l'impression qu'il a trouvé un adversaire qui peut lui donner la réplique avec Van der Poel. Il aurait pu très bien publier son activité sans mettre autant d'informations. Je pense que c'est réfléchi sportivement, mais aussi côté ascendant psychologique et communication."

Après sa première reconnaissance en février, celle de mercredi est venue le confirmer : Tadej Pogacar devra composer certes avec Mathieu van der Poel, mais il s'aligne sur l'Enfer du Nord pour le gagner.