NBA : "Il est affamé et veut absolument gagner"... Après une préparation atypique et intense, Victor Wembanyama est prêt à passer à la vitesse supérieure

Remis de sa thrombose veineuse qui avait mis fin à sa saison dès février, l'intérieur français va faire officiellement son retour sur les parquets face à Dallas, dans la nuit de mercredi à jeudi.

Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Victor Wembanyama face à Bam Adebayo en présaison, le 8 octobre 2025. (CARMEN MANDATO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)
Victor Wembanyama face à Bam Adebayo en présaison, le 8 octobre 2025. (CARMEN MANDATO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Le 20 février dernier, le rêve jusqu'ici si limpide de Victor Wembanyama en NBA s'est brusquement arrêté. L'annonce de sa thrombose veineuse, alors qu'il réalisait une grande deuxième saison, a été brutale, envoyant l'intérieur de 21 ans sur la touche au moins jusqu'à la saison prochaine. Huit mois plus tard, "Wemby" s'apprête à faire son retour, dans la nuit de mercredi 22 à jeudi 23 octobre, face aux Dallas Mavericks.

Mais ne comptez pas sur lui pour avoir tout fait comme tout le monde pendant cette longue pause forcée. La première phase, à l'hôpital, fut évidemment la plus douloureuse mais l'adepte de philosophie et des trous noirs en astronomie y a trouvé autre chose. "Passer autant de temps à l'hôpital, entouré de médecins et entendre encore plus de mauvaises nouvelles que j'aurais préféré ne jamais entendre, c'est évidemment traumatisant. Mais à long terme, je pense que ce sera très bénéfique, car même si je ne le souhaite à personne, cela permet d'apprendre des leçons que rien d'autre n'aurait pu nous faire comprendre", avouait l'intéressé à ESPN.

Développer l'esprit autant que le corps

Une fois remis sur pied, il n'était toujours pas question de faire comme tout le monde. Avant de reprendre l'intensité de l'entraînement, "Wemby" a baroudé loin des caméras aux quatre coins du globe, toujours dans sa quête d'apprendre, même (et parfois surtout) en dehors des parquets.

Il est réapparu fin avril lors d'un match de football improvisé au Costa Rica, avant d'entamer une retraite en Chine, chez les moines shaolin, en juin. Rasage du crâne, apprentissage du kung-fu, lever à 4h30 pour méditer : un géant de 2,24 mètres à la recherche de la plus grande humilité. "C'était une expérience incroyable. Cela a vraiment porté ses fruits, tant en termes d'entraînement que d'expérience de vie pour quelqu'un de curieux", se félicitait l'intéressé chez ESPN.

Repassé en juillet par la France pour un tournoi mêlant basket et échecs, son autre grande passion, chez lui au Chesnay (Yvelines), Victor Wembanyama a conclu ses pérégrinations estivales par une visite de la Nasa à Houston, début septembre. Une intersaison à cultiver son esprit quand il ne pouvait pas développer son jeu. "Il essaie constamment de sortir de sa zone de confort et d'apprendre de nouvelles choses. Parfois, les niveaux qu'il atteint et ses réflexions peuvent être subtils, mais il a l'impression que s'il peut intégrer cela à son univers, à son état d'esprit, cela peut l'aider", dévoile son coach Mitch Johnson.

Garnett et Olajuwon, deux légendes pour polir son jeu

Car une fois sur pied, "l'Alien" n'a rien négligé de sa préparation balle en main. Il est allé s'entourer de deux légendes à son poste, Kevin Garnett et Hakeem Olajuwon, pour enrichir son arsenal. Le premier pour fortifier son mental, le second pour aiguiser sa technique.

Avec "KG", connu pour vociférer sur ses adversaires, Wemby est allé chercher l'agressivité qu'il lui manquait sans doute encore. Il a répondu à l'appel passé par le MVP 2004 de venir s'entraîner à Los Angeles lors de son podcast, le 24 janvier, pour se frotter à des joueurs locaux au jeu très dur, bien moins policé qu'en NBA. "Viens et affronte ce niveau de jeu pendant une semaine entière, et vois comment tu t’en sors", exhortait le "Big Ticket".

"Pour moi, le prochain niveau pour Wemby, c’est la présence. Briller, réclamer la lumière, devenir un démon ! Quand tu atteins ce niveau, tu es devenu un démon."

Kevin Garnett, champion NBA et MVP 2004

dans son podcast "Ticket & The Truth" le 24 janvier

Aussi craint par ses adversaires qu'apprécié par ses coéquipiers, Kevin Garnett "a une perspective très unique sur les relations avec les coéquipiers, les adversaires, même les arbitres et les médias… Il a cette énergie mais sait comment la canaliser et l'utiliser au mieux", a précisé "Wemby" en conférence de presse.

Avec Hakeem Olajuwon, qui avait déjà été sollicité par LeBron James, Kobe Bryant ou Giannis Antetokounmpo avant lui, l'ambiance était plus feutrée. Mais quoi de mieux que la palette offensive exceptionnelle de "Hakeem The Dream" pour affiner la sienne ? "Il m'a dit qu'il adorerait s'entraîner avec moi. Je lui ai répondu : 'Mais tu as déjà tout ! Il m'a rétorqué : 'Non, non, non. Je t'ai vu jouer, et je voudrais connaître les secrets derrière tous tes déplacements", retraçait le double champion NBA avec Houston (1994 et 1995) à ESPN début octobre.

Les progrès ont sauté aux yeux en présaison, la thrombose semble, elle, déjà très loin. "Tout ce qu'il fait est pensé pour devenir un grand joueur. Ça lui a donné le temps de réfléchir à son approche. Il a fait des choses uniques, créatives pour se pousser à la limite, physiquement et mentalement. Tout cela se transcrit sur le parquet ensuite", racontait, admiratif, son general manager Brian Wright, le 30 septembre.

À l'entraînement, ses coéquipiers ont eux aussi pu constater le changement brutal chez le Français. L'ailier Keldon Johnson évoque "l'étincelle qui a ravivé la flamme de la victoire. Il est affamé, il veut absolument gagner, mais en même temps il donne toujours la priorité à ses coéquipiers." Le nouveau arrivé Luke Kornet a lui dit avoir été "impressionné par son éthique de travail, sa réflexion autour du jeu pour franchir un nouveau palier".

"Vous allez voir beaucoup de choses qui vont vous choquer"

Carmelo Anthony, l'ancienne gloire des New York Knicks, s'est carrément enflammé sur la saison à venir de Wembanyama, le voyant déjà tutoyer le titre de meilleur joueur de la saison régulière (MVP). "Il peut finir en tête de toutes les catégories statistiques existantes. Il peut cumuler 25 points, 15 rebonds, cinq contres en moyenne, pourquoi pas 12 passes, six interceptions, ce sont des chiffres de jeu vidéo, on n'a jamais vu un joueur comme lui", s'est exalté vendredi l'ex-scoreur âgé de 41 ans dans le podcast "7PM in Brooklyn".

"L'enflammade" collective est-elle pour autant justifiée ? C'est l'intéressé qui en parle le mieux. "Je suis déjà prêt, je suis à 100%", disait-il à quinze jours de la reprise. "Je peux vous assurer que personne ne s'est entraîné comme moi cet été. Je pense avoir donné le maximum de ce que je pouvais faire en un été. Maintenant, il faut que je joue au basket", trépignait l'intérieur.

"Je pense que vous allez voir beaucoup de choses qui vont vous choquer", a prévenu son coéquipier Jeremy Sochan. Si le premier club "d'ultras" en NBA, lancé il y a un mois à l'initiative du Français à San Antonio, devra attendre dimanche pour le voir, le public de Dallas sera le premier à constater, dès mercredi, la nouvelle version de l'Alien.

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