Avec deux médailles mondiales sur une même édition, Jimmy Gressier rejoint Christine Arron et Eunice Barber dans l'histoire de l'athlétisme français

Seuls deux autres athlètes tricolores avaient déjà réussi à monter deux fois sur un podium individuel sur une même édition des championnats du monde. Aucun ne l'avait fait sur 5 000 m ou 10 000 m, distances habituellement trustées par les Africains.

Article rédigé par Anaïs Brosseau - envoyée spéciale à Tokyo
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Jimmy Gressier, à l'arrivée de la finale du 5 000 m des Mondiaux de Tokyo, le 21 septembre 2025. (TER BALS/MTB-PHOTO/SHUTTERSTOCK/SIPA)
Jimmy Gressier, à l'arrivée de la finale du 5 000 m des Mondiaux de Tokyo, le 21 septembre 2025. (TER BALS/MTB-PHOTO/SHUTTERSTOCK/SIPA)

Il y a d'abord eu l'heptathlète et sauteuse en longueur Eunice Barber en 2003 et 2005. Puis la sprinteuse Christine Arron en 2005. Il y aura désormais le fondeur Jimmy Gressier en 2025. En décrochant le bronze sur 5 000 m, dimanche 21 septembre, lors des championnats du monde d'athlétisme, une semaine après son sacre sur 10 000 m, le Boulonnais est définitivement entré dans l'histoire de l'athlétisme tricolore.

Il devient le troisième Français à décrocher, dans une même édition des Mondiaux, deux breloques individuelles. La sprinteuse Muriel Hurtis, en 2003, le spécialiste du 400 m Marc Raquil en 2003, le hurdleur Ladji Doucouré, en 2005, et le sprinteur Christophe Lemaître en 2011, avaient eux réussi ce doublé avec un relais. 

"C'est l'ancienne époque et je ne regardais pas encore l'athlétisme. Je connais ces noms mais je n'ai pas suivi leur carrière", reconnaissait à l'issue de sa course Jimmy Gressier, glissant qu'il avait "beaucoup de gratitude envers ce qui (lui) arrivait." Le coureur de 28 ans avait en revanche bien pris connaissance du témoignage du décathlonien Kevin Mayer : "Il a dit qu'il avait chialé et que j'étais un chouette type. C'est important que des vrais athlètes reconnaissent aussi mon travail. Kevin, moi, je l'ai regardé à la télé. Moi aussi, j'ai chialé devant tout ce qu'il a fait." 

Des "barrières psychologiques" brisées

Sur la piste du stade olympique de Tokyo, Jimmy Gressier a aussi "cassé des barrières psychologiques" au bénéfice de tous ses adversaires non africains selon son camarade de chambre Yann Schrub, 9e du 5 000 m. Après l'Allemand de l'Ouest Werner Schildhauer en 1983, et le Britannique Mo Farah (2011, 2013, 2015, 2017), il est le troisième Européen à décrocher une médaille à la fois sur 5 000 m et 10 000 m dans une même édition des Mondiaux.

"Jimmy a ouvert la voie. On ne peut pas dire que ce n'est pas possible. Il a fait un doublé, donc je sais ce qu'il me reste à faire pour dans deux ans aux Mondiaux puis aux Jeux de Los Angeles."

Yann Schrub, 9e du 5 000 m des Mondiaux de Tokyo

en zone mixte

"La médaille de Jimmy, c'est grandiose. Ça motive pour les années futures", a commenté de son côté Etienne Daguinos, 14e du 5 000 m. Le double médaillé peinait lui à saisir la portée de son exploit. "Je suis encore sous pression. Je pense que pour l'instant je ne me suis pas laissé le temps de réaliser", analysait le fondeur, qui a avoué avoir jeté un œil aux réseaux sociaux et à ses commentaires acerbes sur sa victoire acquise sur 10 000 m lors d'une course tactique. Le Français a par ailleurs reconnu avoir eu du mal à se "remobiliser mentalement" après son titre.

"Aujourd'hui, je fais troisième sur une course rapide avec un 10 000 m dans les jambes et un 5 000 m. Donc je pense que je suis un coureur multi-distance et multi-tactique."

Jimmy Gressier, médaillé de bronze sur 5 000 m

en zone mixte

Champion d'Europe sur semi-marathon en mars à Bruxelles, Jimmy Gressier avait annoncé vouloir monter sur marathon en 2026. Ses résultats à Tokyo rebattent les cartes. "J'ai beaucoup de choses à faire sur la piste, a assuré le Tricolore, drapeau français sur les épaules. Ce qui s'est passé aujourd'hui n'est pas anodin. Ça va me faire passer un cap au niveau chronométrique. J'ai compris quelque chose d'hyper important sur le dernier tour. Il va falloir se laisser encore un peu de temps sur la piste parce qu'il faut se laisser la chance d'aller chercher de gros résultats." Prochaine étape : "savourer", avant de reprendre très rapidement le chemin de l'entraînement.

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