Sécurité routière : à Helsinki, plus personne ne meurt sur la route

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Article rédigé par France 2 - V. Astruc, C. Sebire, A. François-Poncet, C. Morteo, T. Italinna, T. Maillet, T. Aubriot. Édité par l'agence 6Medias
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Grâce à des amendes indexées sur le revenu et des infrastructures qui limitent volontairement la vitesse, la capitale finlandaise est devenue un modèle en matière de sécurité routière.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


Sur le périphérique, comme dans le centre-ville d'Helsinki (Finlande), aucun mort sur les routes grâce à une tolérance zéro et un système d'amende jamais vu. Démonstration lors d'un contrôle routier. "Vous avez dépassé de 3 km/h. Ça fait une contravention de 140 euros", explique un policier à un automobiliste. 140 euros pour un petit excès de vitesse et les amendes peuvent être bien plus salées. Un automobiliste a été contrôlé à 120 km/h, alors que la limitation sur cette quatre voies est à 80 km/h. Il écope d'un retrait de permis d'un mois et le montant de la contravention va être particulièrement douloureux. "C'est 2 176 euros. C'est terrible. Ça me rappelle qu'on doit respecter les limitations de vitesse. Ça fait très mal et donc vous retenez la leçon", admet l'automobiliste.

Car en Finlande, les amendes sont proportionnelles aux revenus. "Si vous avez un gros salaire, vous payez de grosses amendes. Moi, la plus forte contravention que j'ai donnée, c'est 19 500 euros. On devrait être fiers qu'il n'y ait plus de morts par accident parce que nos routes sont plus sûres", affirme Jenna Enholm, agent stagiaire à la police d'Helsinki. Des amendes dissuasives, avec un record battu par le riche numéro 2 de Nokia, qui a payé 119 000 euros pour un excès de vitesse en deux roues.

Des aménagements pour limiter les risques

S'il n'y a plus de morts sur les routes malgré la neige et le verglas, c'est aussi grâce à toutes sortes de règles et d'aménagements. Un habitant d'Helsinki va nous faire la démonstration. Nous sommes en plein centre-ville et une route empêche réellement d'aller au-delà des 30 km/h, vitesse maximum autorisée. "Ils ont vraiment réduit la largeur de la route, donc vous ne pouvez pas rouler vite. Sinon, vous heurtez les bas-côtés. Donc, instinctivement, vous ralentissez", détaille-t-il.

Autre contrainte, quand il n'y a pas de piste cyclable, les automobilistes doivent réduire leur vitesse à 10 km/h, c'est-à-dire ne pas aller plus vite que les vélos. "Je suis obligé de traiter le cycliste devant moi de manière égale. Ça veut dire que je dois faire en sorte que le cycliste ne soit plus obligé de faire attention aux voitures", explique encore notre automobiliste.

Cinq fois moins de blessés qu'à Paris

Peu d'accidents, car ici, on préfère le tram, le bus ou le métro. 90 % des usagers sont satisfaits des transports en commun, un des meilleurs taux d'Europe. Sur un carrefour au cœur de la ville à l'heure de pointe, pas d'embouteillage. Réaction d'un Québécois vivant à Helsinki depuis plus de dix ans. "Des dames qui traversent, des véhicules qui tournent, le bus qui arrive. Et pourtant, tout ça fonctionne. On n'entend aucun klaxon. Encore une fois, aucun feu de circulation. Il y a pourtant cinq axes. On peut tenir une conversation sans problème, il n'y a aucune tension. Les Finlandais, c'est un peuple assez obéissant. C'est une forme de civisme collectif qui est tout à fait présent dans ce pays", estime Jean-Philippe Pavette.

Enfin, pour protéger piétons et cyclistes, Helsinki met de plus en plus les voitures à l'écart. Comme l'illustre une série de ponts sur plusieurs kilomètres au cœur de l'agglomération. "Il y a la voie pour les piétons sur la droite. Ensuite, en rouge, la piste cyclable. Celles-ci sont déjà utilisées. Et nous, on est sur la ligne de tram. On peut marcher dessus car elle n'est pas encore en fonctionnement", précise Roni Utriainen, ingénieur au département sécurité routière d'Helsinki. La capitale finlandaise dénombre aussi, chaque année, en moyenne, 300 blessés par accident de la route. C'est cinq fois moins qu'à Paris, rapporté à sa population.

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