Reportage "J'appelle les gendarmes en moyenne deux fois dans le week-end" : des agriculteurs confrontés au fléau des rodéos ruraux

Après avoir investi la ville et les forêts, les moto-cross et les quads défilent également chaque week-end sur les parcelles franciliennes de nombreux agriculteurs, occasionnant des dégâts. Pour faire face, éleveurs, habitants et gendarmes s'organisent pour tenter d'endiguer le phénomène.

Article rédigé par franceinfo
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Un jeune homme à moto dans une forêt de Dourdan, en Essonne, le 16 février 2025. (ADNAN FARZAT / NURPHOTO via AFP)
Un jeune homme à moto dans une forêt de Dourdan, en Essonne, le 16 février 2025. (ADNAN FARZAT / NURPHOTO via AFP)

C'est devenu l'une des priorités dans le département du Val-d'Oise, particulièrement concerné par une forme particulière de délinquance routière : les rodéos en milieu rural. Il s'agit de conducteurs de motos ou de quads qui n'hésitent pas à rouler sur les parcelles de champs appartenant à des agriculteurs.
Signe de l'ampleur du phénomène, 216 engins motorisés ont été saisis en 2024, ce qui représente 8% des saisies nationales. Les agriculteurs, premières victimes de ce fléau, ont fini par s'organiser pour dissuader les intrusions et empêcher les dégâts. 

2 600 euros de dégâts

Les traces sont encore visibles dans la parcelle de Paul Moratel, à Condécourt, à une quinzaine de kilomètres de Cergy-Pontoise. "Là, on voit des lignes dans l'herbe qui ont été faites par les motos qui passent. Ça, ça correspond à mon avis à un quad. Ça, c'est une voiture qui est, à mon avis, venue les accompagner", égraine Paul. Le champ fourragé, situé le long d'un chemin prisé des promeneurs, sert régulièrement de terrain de jeux pour des rodéos. "Vous pouvez constater qu'ici, ils roulent fréquemment. L'herbe fait 10 cm alors que plus bas elle nous arrive au genou. En dégâts, cela a été évalué à 2 600 euros", souffle-t-il.

En route vers son domicile, l'agriculteur croise une riveraine, elle aussi excédée par ces courses sauvages. "Ils passent par les villages, on a les enfants qui jouent, et là, c'est problématique parce que ça devient un danger pour les habitants", témoigne cette femme qui craint un accident grave. Ces scènes se répètent à l'arrivée des beaux jours, poursuit Paul Moratel. "J'appelle les gendarmes en moyenne deux fois dans le week-end", explique-t-il.

Mais toute la difficulté est de parvenir à attraper les conducteurs en flagrant délit, déplore l'exploitant agricole. En début de semaine, il a porté plainte pour la première fois. "J'ai porté plainte parce que la gendarmerie était enfin arrivée à interpeller quelqu'un et que je pouvais porter plainte. Quand vous avez 15 motos qui partent dans tous les sens et deux gendarmes dans une voiture, c'est mission impossible."

Les agriculteurs, eux, s'organisent en coordination avec la gendarmerie et la préfecture du Val-d'Oise, qui multiplie les opérations de contrôles. "Il y a l'hélicoptère qui sort une fois de temps en temps, il y a des drones. La gendarmerie s'équipe aussi de motos pour pouvoir suivre les moto-cross dans les champs parce qu'ils n'avaient pas forcément les véhicules qui étaient adaptés", rapporte Aurélien Sargeret, président de la FDSEA du Vexin et dont les champs ont été saccagés à plusieurs reprises.

"On s'entraide entre voisins. Dès qu'il y a des motos qui sont signalées dans un coin, il y a une espèce de vigilance qui se met en place. On communique tout de suite avec les forces de l'ordre qui vont être mobilisées sur les points noirs pour interpeller les gens et les véhicules." Les agriculteurs du Val-d'Oise vont bientôt désigner une vingtaine de référents locaux qui devront signaler chaque incident.

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