Infographie Visualisez comment les délits routiers liés à la conduite après l'usage de stupéfiants ont plus que doublé en six ans

Le nombre d'infractions associées à la consommation de drogue par les usagers de la route n'a cessé de croître ces dernières années. Une augmentation principalement liée à l'intensification des contrôles de police.

Article rédigé par Laetitia Commanay
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Un accident de car scolaire en Eure-et-Loir, le 30 janvier 2025, a causé la mort d'une lycéenne. Le conducteur a été contrôlé positif aux stupéfiants. (THOMAS SAMSON / AFP)
Un accident de car scolaire en Eure-et-Loir, le 30 janvier 2025, a causé la mort d'une lycéenne. Le conducteur a été contrôlé positif aux stupéfiants. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Des contrôles de plus en plus importants" pour la consommation de stupéfiants seront menés sur les chauffeurs de car. Voilà comment le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, a réagi, jeudi 30 janvier sur RTL, après l'accident de car scolaire survenu le matin en Eure-et-Loir. Une lycéenne a été tuée et 20 élèves qui étaient à bord du bus ont été blessés. Un test salivaire mené sur le conducteur directement après l'accident s'est révélé positif aux stupéfiants. Des résultats d'analyses de sang, vendredi, ont confirmé qu'il avait consommé de la résine de cannabis, a annoncé le parquet de Chartres. L'homme de 26 ans a été placé en garde à vue et une enquête a été ouverte pour homicide et blessures involontaires.

Les stupéfiants, dont la consommation est interdite par la loi, sont chaque année impliqués dans 21% des accidents de la route mortels. Cela correspond à 700 personnes tuées tous les ans, selon les dernières estimations de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). En plus de cette importante mortalité – en 2023, l'accident provoqué par l'humoriste Pierre Palmade avait remis la question à la une de l'actualité –, les délits liés à la conduite sous l'emprise de drogues ont plus que doublé en six ans, passant de 55 398 en 2017 à 126 526 en 2023, d'après les données de l'ONISR. Ces chiffres consultés par franceinfo comptabilisent les délits pour conduite d'un véhicule en ayant fait usage de stupéfiants, les délits pour conduite en ayant consommé des stupéfiants et de l'alcool, et les délits liés au refus du conducteur de se soumettre à un test permettant d'établir s'il conduisait en ayant consommé des stupéfiants.

"Cette augmentation est surtout liée à des contrôles renforcés", explique le ministère de l'Intérieur à franceinfo. En 2023, 968 000 dépistages de stupéfiants ont été réalisés, soit 200 000 contrôles de plus qu'en 2022. Ces tests permettent de détecter, en quelques minutes, différentes substances comme le cannabis, la cocaïne, les opiacés, l'ecstasy et les amphétamines.

Des contrôles de police renforcés

"L'objectif fixé par Gérald Darmanin à l'époque où il était ministre de l'Intérieur était d'avoir un million de dépistages par an. En 2023, on était juste en dessous", poursuit le ministère. Les contrôles ont notamment été rendus plus simples par les tests salivaires, généralisés en 2017, qui peuvent être pratiqués directement sur le bord de la route, comme c'est le cas pour les tests d'alcoolémie.

Si le nombre de dépistages est en forte augmentation, le taux de contrôles positifs, lui, est en baisse : 13,7% des tests réalisés sur des automobilistes en 2023 étaient positifs, contre 16% l'année précédente, selon le ministère de l'Intérieur.

Malgré le renforcement des contrôles de stupéfiants, certaines associations de défense des automobilistes dénoncent des politiques encore trop laxistes. "Il est indispensable de lancer au plus vite des campagnes de prévention plus nombreuses, de façon à rendre socialement inacceptable la conduite sous l'empire des stupéfiants", écrit l'association 40 millions d'automobilistes, dans un communiqué (PDF) en réaction à l'accident de car de jeudi. Le ministre des Transports a d'ailleurs déclaré sur franceinfo jeudi soir qu'il espérait la mise en place, "d'ici à quelques mois", d'un dépistage contre les stupéfiants obligatoire pour pouvoir faire démarrer un car scolaire.

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