Seconde Guerre mondiale : en Belgique, un rapport parlementaire révèle la collaboration de la société nationale des chemins de fer dans la déportation des juifs
Pendant l'Occupation, la Société nationale des chemins de fer belges a été payée 51 millions de francs belges pour le transport des déportés vers l'Allemagne. C'est la conclusion provenant d'un nouveau rapport d'enquête commandé par le Sénat belge.
Pendant plus de deux ans, les rédacteurs du rapport se sont plongés dans les fonds d'archives très fragmentés et lacunaires. Les historiens décrivent dans un rapport, commandé par le Sénat belge, à la fois la passivité et l'aveuglement de la direction de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) pendant l'Occupation allemande, mais également en partie la difficulté de s'opposer à l'occupant.
Principale révélation de ce rapport, la SNCB a bien été payée par l'occupant allemand pour déporter des juifs, des tziganes, des travailleurs forcés et des prisonniers politiques lors de la Seconde guerre mondiale. Ce rôle durant l'occupation était déjà plus ou moins connu chez nos voisins, mais jamais il n'avait fait l'objet de recherches aussi poussées.
Durant l'Occupation, 28 "convois" ferroviaires partent de Belgique vers l'Allemagne. À leur bord, 25 490 juifs et 353 tsiganes ont été déportés vers Auschwitz-Birkenau. Seulement 5% d'entre eux survivront. "On a pu confirmer que la SNCB a été rémunérée presque 51 millions de francs belges", explique l'historien Nico Wouters, du Centre d'études guerre et société, était en charge de ce rapport d'enquête.
"C'est quelque chose de terrible"
Dès le départ, la SNCB accepte de coopérer avec l'occupant pour pouvoir continuer à assurer le ravitaillement de la population. Mais le problème originel, selon l'historien Nico Wouters, est qu'aucune convention n'est signée entre la SNCB et l'occupant allemand. Il n'y a pas de limites définies à leur collaboration. Progressivement, les chemins de fer belges acceptent de mettre en place des transports militaires au bénéfice de l'Allemagne. Dès lors, c'est l'engrenage. "Il n'y a aucun contrôle sur ce qui se trouve dans le train, explique historien Nico Wouters. À l'été 1942, au moment où les trains de déportation des juifs commencent à rouler, la SNCB a déjà accepté que l'entreprise soit obligée de faire conduire des trains militaires. Et donc il n'y a même pas un processus de décision. C'est très difficile pour nous de s'imaginer ça encore aujourd'hui."
"Chaque jour, il y a des centaines de trains qui roulent vers l'Allemagne. Pour l'entreprise, les trains de déportation sont simplement une très petite partie des trains militaires."
Nico Wouters, historienà franceinfo
La circulation de ces trains menant vers la mort ne faisait donc même pas partie des discussions en conseil d'administration dans un mélange d'ignorance, d'aveuglement et d'indécision. "Quand vous voyez qu'on a payé pour déporter mon oncle qui avait 16 ans pour l'envoyer à Auschwitz où il est mort dès son arrivée, c'est quelque chose de terrible, témoigne Philippe Markiewicz, président du Consistoire central israélite de Belgique. Ce qui s'est passé est absolument dramatique. Et donc le travail qui a été fait concernant le rôle de la SNCB est intéressant et particulièrement utile pour le futur."
La question des réparations se pose maintenant. Le gouvernement belge va mettre en place un comité de sages pour y réfléchir. Il espère des propositions dès la fin de l'année 2024 pour assurer son devoir de mémoire.
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