Reportage Dans le Loir-et-Cher, ce couple va être reconnu comme Juste parmi les nations, 80 ans après la Libération

Article rédigé par Philippine Thibaudault
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Arlette Testyler, rescapée de la Shoah et présidente de l'Union des déportées d'Auschwitz, lors d'un hommage devant la tombe du Soldat inconnu pour le 80e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier 2025 à Paris. (DIMITAR DILKOFF / AFP)
Arlette Testyler, rescapée de la Shoah et présidente de l'Union des déportées d'Auschwitz, lors d'un hommage devant la tombe du Soldat inconnu pour le 80e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier 2025 à Paris. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Un couple originaire de la ville de Vendôme a sauvé trois enfants juifs pendant l'Occupation. L'une des trois enfants, Arlette Testyler, s'est battue pendant plusieurs années pour faire reconnaître ces parents adoptifs.

À Vendôme (Loir-et-Cher), une cérémonie est organisée lundi 16 juin, à 10 heures, pour reconnaître comme Juste parmi les nations, à titre posthume, un couple originaire de la ville, qui a sauvé trois enfants juifs pendant l'Occupation. Une décoration décernée par l'Institut Yad Vashem (Institut international pour la mémoire de la Shoah). L'une des trois enfants, Arlette Testyler (nom de jeune fille Reimann), désormais présidente de l'Union des déportés d'Auschwitz, s'est battue pour cela.

Seulement, cette cérémonie a failli ne pas avoir lieu. Le maire avait d'abord donné son feu vert, puis a changé d'avis pour reporter l'évènement. Arlette Testyler a bondi avec sa canne en apprenant le report de l'évènement il y a quelques semaines. Elle qui, à l'âge de 9 ans, a été cachée avec sa sœur et un autre enfant dans la petite maison de ce couple de Vendôme.

"Je me suis dit, c'est pas possible", se souvient-elle. Le contexte de la guerre à Gaza et la proximité des municipales sont d'abord évoqués, ce que la mairie conteste aujourd'hui, qui parle de "mails malheureux" de l'ancienne direction de cabinet. Reportée oui, mais uniquement pour des raisons logistiques. "Le préfet a dit : 'ce n'est pas grave, cela se fera à la préfecture'. J'ai dit qu'il n'en était pas question, même en rêve, raconte Arlette Testyler. Cela se fera à Vendôme ou rien du tout. C'est une affaire franco-française, je suis désolée, ce n'est pas politique. Je veux que cette guerre se termine, je veux que tous vivent, que tous aient un Etat. Et puis cette décoration, cela n'a rien à voir."

"On l'a su il y a sept ou huit ans"

Cela fait des années que la femme de 92 ans, à la parfaite mise en plis, se bat pour élever Jean et Jeanne Philippeau au rang des Justes parmi les nations, ses parents adoptifs en quelque sorte pendant un peu plus de deux ans. Chez eux, cela a été une seconde naissance, assure-t-elle. "On est restés chez eux tout le temps, comme des pirates, des enfants libres. On était dans les rues, on vivait normalement, j'allais à l'église. Je peux vous chanter tout le Salve Regina en latin. Bien sûr que je connais !"

"Vendôme a été un sauvetage."

Arlette Testyler, présidente de l'Union des déportés d'Auschwitz

à franceinfo

Ce sauvetage, qui prend fin à la Libération, Jean-Pierre, fils Philippeau, n'en a eu connaissance que récemment. Au téléphone, il reste encore très ému. "Nous, on l'a su il y a sept ou huit ans, raconte-t-il. Mais maintenant qu'il y a la cérémonie, j'ai l'âge de mes artères, j'ai 77 ans, je m'aperçois que mes parents ont fait fort. Ils ont risqué leur vie pour sauver des enfants. Maintenant, je vois ça différemment. Je suis très, très fier. Ça me serre la gorge quand je parle de ça."

Il s'attend à une cérémonie riche en émotions, qui sera bien officiée par le maire de la commune en présence de l'ambassadeur d'Israël en France.

Le reportage de Philippine Thibaudault dans le Loir-et-Cher

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