Difficile de dénoncer le racisme dans le foot amateur : "C'est parole contre parole"
Banalisation des injures, absence de preuves, crainte de représailles au match retour : les incidents racistes sont rarement signalés dans le football amateur.
"Contre le racisme, continuons à gagner du terrain" : ce slogan a été martelé autour des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2, ce week-end. Une référence au match de mercredi entre le PSG et Basaksehir : les joueurs ont décidé de quitter la pelouse en réaction aux propos jugés racistes d’un arbitre. Le racisme est un fléau ancien dans le football, chez les professionnels mais aussi chez les amateurs. Et les footballeurs victimes de racisme sont parfois très jeunes. Mehdi, par exemple : il a 17 ans, il joue pour un club des quartiers Sud de Marseille. "C'est des insultes... Je ne me rappelle plus trop, mais c'était par rapport à ma race, à mes origines. Et tout ça a provoqué des embrouilles et des bousculades." Aucun rapport n'a été fait sur cet incident et c'est rarement le cas, reconnaît Feycel, l'entraîneur de Mehdi. "Le joueur sur le terrain, il invective l'arbitre en lui disant : 'Monsieur l'arbitre !...' Mais bon, l'arbitre, s'il n'a rien entendu, il ne peut rien faire. Et puis, on sait qu'après, c'est parole contre parole."
La crainte du signalement
Signaler un fait de racisme, c'est prendre le risque d'un match retour tendu. Les supporteurs de l'équipe adverse pourraient se venger. C'est souvent d'eux que viennent les insultes, selon Kamel, le président de l'AS Mazargues. "Quand on va dans des petits patelins, sur les gradins, on entend parfois des choses qu'on ne devrait pas entendre autour d'un terrain. 'Le Noir, retourne chez toi...' Surtout Marseille. Marseille, on le sait, on est mal vus et mal accueillis certaines fois."
Bien sûr, il n'y a pas qu'à Marseille que des footballeurs sont victimes de racisme. Ce joueur amateur, qui témoigne anonymement, dit avoir été ostracisé par ses coéquipiers, car il est musulman. Ça s'est passé dans le Val-d'Oise il y a quelques saisons. "A la base, ça a vraiment commencé sur des remarques, des blagues entre eux, où ils étaient seuls à rigoler, sur le couscous, sur la prière. On sentait qu'on était mis à part."
Un phénomène sous-évalué
La saison dernière, la Fédération française de football a comptabilisé moins de 60 actes racistes sur des terrains sur plus de 400 000 matchs observés. Cela fait moins de 0,1% des rencontres, affirme Pierre Samsonoff, le directeur adjoint de la FFF. "On est à la fois sur quelque chose qui reste dans une fourchette relativement faible au regard du million de matchs organisés chaque année dans le football amateur, mais en même temps sur un phénomène qui a une petite tendance à l'augmentation et qui doit nous interroger."
Une autre source reconnaît que ces chiffres sont très loin de la réalité. Pour mieux comprendre le phénomène, la Fédération incite les clubs à signaler les incidents. Cela permet aussi de sanctionner les coupables qui risquent, pour une insulte, cinq mois de suspension de licence. Et aussi, bien sûr, des poursuites judiciaires.
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