La loi sur la prostitution "a précarisé toute l'activité du travail du sexe", dénonce le Syndicat du travail sexuel
Selon le Strass, le Syndicat du travail sexuel, la loi sur la prostitution examinée ce mardi par le Conseil constitutionnel a plongé les personnes qui vivent de la prostitution dans l'isolement, les rendant plus vulnérables aux violences, aux prises de risques et à la précarité.
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La loi sur la prostitution est examinée mardi 22 janvier par le Conseil constitutionnel. Faut-il revenir sur cette loi qui pénalise les clients des personnes qui vivent de la prostitution ? C'est ce que demandent une dizaine d'associations. "Cela a vraiment précarisé toute l'activité du travail du sexe", a expliqué sur franceinfo Anaïs, porte-parole du Strass, le Syndicat du travail sexuel.
franceinfo : Pourquoi demandez-vous sa suppression ?
Anaïs : La loi du 16 avril 2016 sanctionne l'achat d'acte sexuel. Le paradoxe, c'est que le travail sexuel reste une activité licite, nous déclarons nos cotisations sociales, nous payons nos impôts et cette loi qui a une forte inspiration morale se retourne contre nous. Les effets concrets que nous avons pu voir depuis deux ans c'est qu'il y a une très, très forte, précarisation de l'activité. Moins de clients dit forcément moins de revenus. Or les travailleuses du sexe sont toujours aussi nombreuses et il y a toujours autant de factures à payer, toujours autant de charges qu'avant.
Ce sont donc les clients qui font la loi ?
Tout à fait. Il y a un rapport de force inversé entre les clients et les travailleuses et travailleurs du sexe. Les clients se permettent maintenant de négocier les tarifs, les pratiques, ce qui implique des prises de risque de plus en plus importantes avec des rapports sans protection et l'acceptation de choses que l'on ne faisait pas avant. Cela a vraiment précarisé toute l'activité du travail du sexe. Avant cette loi les clients étaient très respectueux et acceptaient les conditions dans lesquelles nous voulions bien les prendre. J'espère que nous allons revenir à la situation antérieure et pouvoir imposer les préservatifs, les tarifs que nous avions avant et donc retrouver une activité normale.
Cette loi vous a-t-elle permis de sortir d'une certaine clandestinité ?
Au contraire. Nous sommes dans l'obligation de nous cacher pour assurer aux clients [passibles d'une amende de 1 500 euros] l'anonymat et la confidentialité quand ils viennent nous voir. Nous sommes donc de plus en plus isolés des associations qui peuvent éventuellement nous aider, des forces de l'ordre, de tout ce qui pourrait nous apporter de l'aide en cas de besoin. Nous sommes de plus en plus poussés à la clandestinité. Cela a favorisé l'émergence d'intermédiaires qui profitent de la situation pour proposer des services qui nous permettent de travailler. Des personnes qui étaient indépendantes se retrouvent à passer par des personnes qui prennent des rendez-vous pour elles ou à aller travailler dans des salons.
Vous faites valoir la liberté d'entreprendre. La prostitution est-elle une entreprise comme une autre ?
Nous attaquons la loi sur des arguments juridiques parce que c'est le seul moyen que nous avons. Si nous attaquons la loi dans le fond c'est surtout parce qu'elle nous cause un préjudice quotidien sur notre santé, notre vie. Nous utilisons les arguments que la loi nous propose pour attaquer cette loi et la liberté d'entreprendre en fait partie. Nous l'attaquerons aussi pour la liberté à la vie privée et au fait que deux adultes consentants ne doivent pas être jugés.
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