Reportage "Tout a été mis en place en trois jours" : visite dans la prison allemande de Meppen, avec ses cellules "préfabriquées"

Situé au nord-ouest du pays, à la frontière avec les Pays-Bas, cet établissement pénitentiaire qui compte 400 détenus comporte plusieurs bâtiments modulaires, des préfabriqués.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La prison modulaire de Meppen, en Allemagne, en juillet 2025. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
La prison modulaire de Meppen, en Allemagne, en juillet 2025. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

C'est le modèle que la France a décidé d'importer pour lutter contre la surpopulation carcérale. En mai dernier, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé l'arrivée prochaine de "prisons modulaires". C'est une visite à la prison de Meppen, en Allemagne, qui a fini de convaincre le garde des Sceaux. Dans ce complexe pénitentiaire, on a créé de nouvelles places de prison en un temps record, grâce à l'installation de cellules en préfabriqué.  

Après un dernier tour de clé pour déverrouiller la grille, 10 cellules finissent par apparaître de chaque côté d'un couloir aux murs clairs. Chacune dispose d'une télévision, un bureau, de toilettes et d'une douche. Ces modules préfabriqués ont été livrés clé en main, explique Bernd Saalfeld, le directeur adjoint de la prison. "Tout a été mis en place en l'espace de trois jours. On a passé les modules par-dessus la clôture avec une grue, comme des briques de Lego. Ensuite, il a fallu trois mois pour installer le chauffage et l'électricité. Pour une construction traditionnelle, cela aurait pris des années", décrit-il.

Les couloirs de la prison modulaire de Meppen, en Allemagne, en juillet 2025. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
Les couloirs de la prison modulaire de Meppen, en Allemagne, en juillet 2025. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Les modules ont été conçus dans un atelier de Leipzig, à 500 km de là, et acheminés par convoi exceptionnel. "Il a fallu déterminer à l'avance et au millimètre près, l'emplacement de l'eau, des raccordements et des prises électriques, car tout est déjà coulé dans le béton. Et donc, on ne peut plus modifier le chantier, contrairement à une construction classique", explique Bernd Sulmann, le responsable des travaux à la prison de Meppen qui a supervisé l'installation.

Ces préfabriqués, qui accueillent 20 détenus, ont permis de réduire la surpopulation carcérale et Jürgen Thiem, le concepteur des modules, assure que la sécurité est maximale. "Les murs font 12 centimètres d'épaisseur, le béton est de haute qualité, c'est du C45, plus solide encore que le béton classique. Personne ne s'est jamais évadé", assure-t-il.

"Tous nos modules ont été soumis à des tests contre les effractions, les évasions, les tirs et les explosions."

Jürgen Thiem, concepteur des modules

à franceinfo

Stéphanie Springer, la directrice de l'administration pénitentiaire dans la région de Basse-Saxe, est fière que l'expérience menée à Meppen intéresse la France. Selon elle, les préfabriqués, dont la construction a coûté 5 millions d'euros, représentent la solution idéale pour répondre à l'urgence. "Imaginez que je construise dans l'enceinte d'un établissement pénitentiaire qui est en activité. Tout ce qui va entrer dans la prison, comme les personnes, les outils, le matériel, devrait être contrôlé à chaque fois. Plus je réduis ces contrôles, plus j'économise du temps et du personnel", défend-elle.

D'autres projets de prisons modulaires sont en cours en Allemagne. La Suisse et l'Autriche sont aussi intéressées.

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