Narcotrafiquants regroupés à la prison de Vendin-le-Vieil : des détenus contestent en justice leur transfert dans le nouveau quartier de haute sécurité

Plusieurs détenus ont déjà saisi la justice administrative pour contester leur placement dans cet établissement du Pas-de-Calais, selon l'entourage du garde des Sceaux.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le 14 mai 2025. (MICHEL EULER / AFP)
La prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), le 14 mai 2025. (MICHEL EULER / AFP)

Le nouveau quartier de haute sécurité de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où doivent être regroupés 100 narcotrafiquants considérés comme particulièrement dangereux, se remplit, mais certains veulent déjà le quitter. Lundi 25 août, deux détenus contestent leur placement dans cet établissement devant le tribunal administratif de Lille, alors que des recours se multiplient partout en France contre ces transferts et les conditions de détention.

"Nous contestons ces décisions de placement au QLCO [quartier de lutte contre la criminalité organisée], mes clients n'ont pas à y être", affirme à l'AFP Delphine Boesel, avocate des deux détenus dont la demande de référé-suspension sera examinée à Lille lundi après-midi. "L'un est un condamné définitif engagé dans une démarche de réinsertion, rendue impossible ou extrêmement compliquée. L'autre ne répond pas aux critères", assure-t-elle.

Deux autres recours similaires seront examinés mardi matin à Lille. D'autres juridictions ont déjà été saisies, notamment à Caen, Versailles, Amiens, mais aussi Paris, où une requête a été rejetée. S'ils rejettent les demandes de suspension d'urgence, les juges devront se prononcer sur le fond dans les prochains mois.

"Un recul de l'Etat de droit", selon l'avocat d'un détenu

Fabien Arakelian, qui défendra mardi un détenu à Lille, dénonce des procédures "en dehors de la loi". "On a voulu faire de lui un exemple", a-t-il affirmé au sujet de son client, fustigeant un transfert motivé par "des raisons populistes, électoralistes", relevant du "fait du prince, du garde des Sceaux". "L'opération de communication est réussie, mais c'est un recul de l'Etat de droit", selon lui.

En visio-audience à Versailles, vendredi, le détenu Sofiane Boukhedimi a décrit ses nouvelles conditions de détention à Vendin, estimant être passé "d'une situation respectueuse avec l'administration pénitentiaire" à '"l'isolement, à l'enfer (...). Je suis fouillé deux fois par jour, c'est extrêmement difficile. Ce régime, j'ai extrêmement de mal à le vivre".

Entre fin juillet et début août, 88 détenus, majoritairement en détention provisoire, ont rejoint ce nouveau quartier pour narcotrafiquants. Parmi eux figure Mohamed Amra, dont l'évasion sanglante en mai 2024 dans l'Eure a coûté la vie à deux agents pénitentiaires.

L'Association des avocats pénalistes a saisi le Conseil d'État pour obtenir l'annulation du décret autorisant ces quartiers, et le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, est visé par une plainte pour abus d'autorité devant la Cour de justice de la République. Le Conseil d'État a rejeté fin juillet un référé-suspension visant à suspendre ce décret, dans l'attente d'un examen sur le fond.

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