La Contrôleure générale demande la fermeture d'une prison pour mineurs à Marseille en raison d'"atteintes graves aux droits des adolescents"

"Le manque d’effectif contraint des professionnels pourtant investis à travailler dans des conditions si dégradées qu’elles créent un terrain favorable à des dérives", dénonce notamment Dominique Simonnot dans un rapport publié vendredi.

Article rédigé par franceinfo
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Une vue d'une cellule au sein de l'établissement pénitentiaire pour mineurs La Valentine, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (K. BIZARD / CGLPL)
Une vue d'une cellule au sein de l'établissement pénitentiaire pour mineurs La Valentine, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (K. BIZARD / CGLPL)

Dominique Simonnot, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, dénonce les conditions d'incarcération et de nombreux dysfonctionnements "entraînant des atteintes graves aux droits des adolescents" détenus dans l'établissement pénitentiaire pour mineurs La Valentine, à Marseille (Bouches-du-Rhône). C'est qui ce qui ressort d'un rapport publié vendredi 28 août, consulté par France Inter et franceinfo. Le 7 juillet dernier, 53 adolescents étaient détenus dans cet établissement, selon le rapport.

Lors d'une cinquième visite "inopinée" dans ce centre pour mineurs du 7 au 11 juillet, la Contrôleure générale et son équipe ont constaté une "violation grave des droits fondamentaux des personnes privées de liberté", "des conditions matérielles de détention indignes", "de graves carences dans la prise en charge des enfants détenus".

L'intérieur d'une cellule au sein de l'établissement pénitentiaire pour mineurs La Valentine, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (K. BIZARD / CGLPL)
L'intérieur d'une cellule au sein de l'établissement pénitentiaire pour mineurs La Valentine, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (K. BIZARD / CGLPL)

"Face au caractère gravissime de ces constats, seule la fermeture, au moins partielle, de l’établissement apparaît de nature à permettre son rétablissement, au prix d’une refondation intégrale de son fonctionnement", écrit la Contrôleure générale. "Des mesures urgentes doivent être prises pour remédier", ajoute la Contrôleure générale.

En réponse, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a indiqué jeudi avoir "diligenté une inspection de l'établissement confiée à l'inspection générale de la justice", dans un courrier consulté par l'AFP. 

Un "manque d'hygiène", une "absence de draps"

Dans le détail, le rapport met en exergue l'un des principaux facteurs : "Le manque d’effectif contraint des professionnels pourtant investis à travailler dans des conditions si dégradées qu’elles créent un terrain favorable à des dérives de diverses natures (multiplication des contraintes sécuritaires appliquées en dehors de tout cadre normatif, décisions arbitraires, violences psychologiques)."

Un lit dans une cellule au sein de l'établissement pénitentiaire pour mineurs La Valentine, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (K. BIZARD / CGLPL)
Un lit dans une cellule au sein de l'établissement pénitentiaire pour mineurs La Valentine, à Marseille (Bouches-du-Rhône). (K. BIZARD / CGLPL)

Les unités de vie, la cour de promenade, sont "exiguës", détaille le rapport, les cellules disposent d'un "équipement sommaire", voire dégradé, "comme un WC inutilisable, l'absence de draps". "Il n'y a plus de distribution mensuelle de produits d'hygiène corporelle, alors qu'une brosse à dents est, par exemple, vendue à la cantine", souligne la Contrôleure générale, "du pain" de la veille servi au petit-déjeuner, ou encore "un manque d'hygiène".

La pratique de la "mise en grille" pointée du doigt

"Lors de la visite, les jeunes passaient leur temps à regarder et crier par la fenêtre", constate le rapport, qui pointe aussi certaines méthodes comme la "mise en grille". "Il s'agit d’enfermer un adolescent, quel que soit son âge, dans un des trois locaux barreaudés, dépourvus d’assise, de point d’eau potable et de WC, situés dans le bâtiment disciplinaire désert, où aucune surveillance continue n’est assurée", désigne le rapport.

Cette pratique "couramment appliquée" doit être "immédiatement proscrite", ajoute le rapport, "aucune mesure d’isolement ne pouvant être mise en œuvre contre un mineur détenu. Il doit être mis fin à toute pratique consistant en un isolement de fait".

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