Pauvreté : "De plus en plus de jeunes osent venir, se sentent plus légitimes d'en parler, mais surtout de s'engager à nos côtés", témoigne Corinne Makowski, secrétaire nationale du Secours populaire
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En marge du lancement de la campagne Pauvreté-Précarité du Secours populaire, sa secrétaire nationale, Corinne Makowski, commente la publication du 19e baromètre de la pauvreté en France, qui dresse un état des lieux alarmant, notamment sur la situation des jeunes, touchés par la précarité.
À l'occasion du lancement de la campagne Pauvreté-Précarité du Secours populaire, Corinne Makowski, secrétaire nationale de l'association, revient dans le "11/13" du jeudi 11 septembre sur les derniers constats du baromètre Ipsos dévoilé dans la matinée, en particulier sur la paupérisation des jeunes, de plus en plus conséquente.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Lucie Chaumette : Les témoignages d'étudiants précaires sont-ils symptomatiques aujourd'hui de la situation des jeunes en France ?
Corinne Makowski : C'est ce que le Secours populaire constate dans ses activités au quotidien. Nous avons 1 300 lieux d'accueil de solidarité en France. Nous les côtoyons régulièrement. Nous avons même des antennes étudiantes ou à proximité des lieux d'études. Et effectivement, ces jeunes, on les côtoie.
Vous avez vu leur nombre augmenter ces dernières années ?
On en voit de plus en plus, c'est vrai, qui osent venir dans les associations, au Secours populaire également, parce qu'évidemment, quand on est en difficulté, on a honte. On a honte d'en parler souvent. On essaie de trouver cette solidarité auprès des proches, mais évidemment maintenant, on en parle de plus en plus. On fait aussi beaucoup d'activités en direction des jeunes, donc ils se sentent plus légitimes de pouvoir venir en parler, mais surtout aussi de s'engager à nos côtés, c'est-à-dire recevoir tout en contribuant également, ça leur fait du bien aussi.
Comment expliquez-vous aujourd'hui la situation de ces jeunes de moins de 35 ans en situation précaire, qui sont obligés d'aller notamment dans des distributions alimentaires, mais pas que. Qu'est-ce qui explique cela ?
Le constat, c'est vraiment le manque de ressources, le manque de moyens financiers pour pouvoir poursuivre ses études. Beaucoup de jeunes sont obligés de travailler et parfois sur des emplois avec des horaires peu adaptés à leurs études. Donc, cela les handicape déjà au niveau de leurs études. Et puis, il y a aussi la précarisation de l'emploi, c'est-à-dire beaucoup d'emplois en CDD avec de nombreuses ruptures, des difficultés d'accès aux droits, la fracture numérique qui est aussi une réalité. Et c'est surtout la précarisation au niveau de ces jeunes qu'on sent grandir, mais également cette volonté de contribuer quand même à la société et de s'engager.
Est-ce que cette contribution, justement à la société, faire partie par exemple d'une association, peut les aider à lutter contre un sentiment très fort dont vous parlez dans l'étude, qui est le sentiment d'angoisse ? Un jeune sur deux angoisse en pensant à sa situation actuelle et aussi à son avenir.
C'est vrai que les mots qu'on a entendus sont l'angoisse, l'anxiété, le désespoir, le fait de ne pas pouvoir se projeter dans l'avenir. Et donc, évidemment, on sait aussi combien cela peut affecter le mental, avec des formes de dépression chez les jeunes.
"Le fait d'apporter un soutien, une solidarité alimentaire de qualité est très important"
Qu'est-ce que vous leur conseillez ?
Le fait de s'engager, de participer, de se retrouver aussi avec d'autres, de se sentir utile dans la société et de découvrir aussi qu'au sein d'un collectif, d'une association, on a aussi la capacité à trouver des réponses tous ensemble pour essayer de s'en sortir. J'ajoute aussi que tout ce qui concerne l'accès à la culture et au sport est très important, car ce sont des leviers qui permettent à ces jeunes, et plus largement à l'ensemble de la population, de pouvoir s'émanciper, d'avoir des clés supplémentaires pour pouvoir s'en sortir.
Si l'on regarde maintenant la population générale, il y a 34 % des Français qui estiment avoir un risque important de basculer dans la précarité dans les prochains mois, 59 % qui disent craindre de ne pas pouvoir faire face à un imprévu. Ce sont des chiffres très élevés. Comment vous les expliquez ?
Il y a plusieurs choses. On peut se retrouver en difficulté à cause de la maladie, à cause du chômage. Mais la question qui revient très fortement parmi les causes, c'est vraiment l'insuffisance des ressources. Il y a aussi beaucoup de gens qui travaillent et de nombreuses mamans seules pour élever leurs enfants, qui doivent, pour s'occuper de leurs enfants, prendre des emplois à temps partiel. Donc, elles sont également en situation de précarité.
Donc, c'est à la fois le travail qui ne paie pas assez, l'État qui n'aide pas assez aussi, ou pas ?
Il y a évidemment l'accès à des minima sociaux et à certains droits, mais qui deviennent de plus en plus compliqués, vous le savez, avec la fracture numérique, le fait que les services publics ont fermé de nombreux établissements, la difficulté à pouvoir y accéder. Donc, tout cet ensemble d'éléments fait qu'évidemment, il y a des gens comme une maman avec son fils de 12 ans, dont on entendait le témoignage ce matin, qui saute des repas, mais qui mange aussi de la nourriture périmée parce qu'il faut conserver au maximum tout ce qu'on peut pour essayer de s'en sortir. Parce qu'à côté, il y a les factures, il y a l'énergie, il y a les soins qui sont aussi très importants. Et le fait d'apporter un soutien, une solidarité alimentaire de qualité est très important, car cela permet aussi d'économiser sur son budget, même si c'est peu, et de pouvoir faire face à d'autres besoins.
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