Que sait-on des dégradations révisionnistes commises au mémorial d'Oradour-sur-Glane ?
Les graffitis ont été découverts vendredi matin sur un mur du Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane. Le terme "martyr" a notamment été barré et remplacé par "menteur".
Des tags révisionnistes ont été découverts, vendredi 21 août, sur un mur du Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), village martyr de la Seconde Guerre mondiale. Dénonçant un "acte inqualifiable", le président Emmanuel Macron a assuré samedi que "tout sera fait pour que les auteurs de cet acte soient traduits en justice".
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Arrivé sur place samedi en fin d'après-midi, le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, ancien député de la circonscription, a évoqué la piste de "filières d'extrême droite, négationnistes, parfois organisées au niveau international". Voici ce que l'on sait de ces dégradations.
Trois tags à l'entrée du mémorial
Les inscriptions ont été constatées vendredi matin sur un mur du Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane. Le terme "martyr" a été barré et remplacé par "menteur", avec les phrases suivantes ajoutées à la bombe blanche : "A quand la vérité ?" et "Reynouard a raison".
La dernière inscription fait référence au négationniste Vincent Reynouard, âgé d'une cinquantaine d'années. Cet ancien professeur de maths, radié en 1997, avait été définitivement condamné à un an de prison en 2016 pour une vidéo remettant en cause l'extermination des Juifs d'Europe, rapportait alors France 3 Normandie. Il avait été condamné en 2007 pour des faits similaires.
Ouvert en 1996, le Centre de la mémoire accueille environ 300 000 visiteurs par an et témoigne du massacre du 10 juin 1944, quand la division SS Das Reich a tué 642 villageois à Oradour-sur-Glane. Les Allemands avaient rassemblé les hommes dans les granges du village et les avaient fusillés. Ils avaient regroupé femmes et enfants dans l'église avant d'y mettre le feu.
Une enquête ouverte et une plainte déposée
Le maire LREM d'Oradour-sur-Glane, Patrice Lacroix, a affirmé à franceinfo vendredi qu'une enquête avait été ouverte. "Je pense aux 642 martyrs du massacre d'Oradour-sur-Glane, aux femmes et aux enfants brûlés dans l'église, aux hommes fusillés dans les granges, aux familles, à celles et ceux qui ont survécu, à mon ami Robert Hébras, le dernier survivant du massacre", a-t-il ajouté. Une plainte a été déposée, samedi matin, par le mémorial d'Oradour-sur-Glane, qui espère que les images de vidéosurveillance pourront faire avancer l'enquête.
C'est la première fois que nous avons des tags qui sont en lien avec l'histoire du massacre d'Oradour.
Patrick Lacroixà franceinfo
Déplorant un acte "lâche, violent et grave", Jean-Baptiste Djebbari a précisé sur BFMTV que "le procureur de la République s'est saisi personnellement de l'enquête". Depuis les lieux du méfait, le ministre délégué a visé des "filières d'extrême droite, négationnistes, parfois organisées au niveau international", qui nécessiteront "énormément de moyens pour les traquer et éventuellement pour les punir".
"Tout est mis en œuvre pour que les auteurs de ces actes infâmes en répondent devant la justice", avait réagi le Premier ministre Jean Castex vendredi soir, sur Twitter. Déplorant "un crachat sur la mémoire de nos martyrs", le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait tweeté, peu avant, que "les services du ministère de l'Intérieur sont à la disposition du maire de la commune pour faire arrêter l'auteur de cette salissure abjecte".
L'indignation du dernier survivant
"Ce qui est arrivé je le prévoyais depuis x temps, parce qu'aujourd'hui on oublie, on a tendance a oublier", a réagi le dernier survivant du massacre encore en vie, Robert Hébras, cité par France Bleu Limousin. "Je sais qu'il y a énormément de révisionnistes et je suis même surpris que cela n'arrive pas plus tôt. C'est une honte de la part de ces gens-là, a ajouté l'homme de 95 ans. La personne ou les personnes qui ont fait ça ne sont pas normaux ou alors ce sont des gens haineux qui ne veulent pas reconnaître les faits."
La classe politique consternée
Des politiques de tous bords ont réagi à la nouvelle. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est dit "écoeuré par la profanation", ajoutant : "Ni oubli ni pardon". "Cela doit nous encourager à entretenir la mémoire de ce lieu et de son histoire avant d'autant plus de force", a commenté le président socialiste de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset. "La profanation d'Oradour-sur-Glane appelle une réponse judiciaire implacable", a réagi le député du groupe LREM François de Rugy, réclamant "que le martyre d'Oradour soit rappelé à tous les élèves de France, dès la rentrée".
"Ecœuré et révolté", le député des Républicains Eric Ciotti a appelé à "ne pas banaliser de tels actes et à renforcer la transmission de cette mémoire qui nous oblige et nous protège des démons de la barbarie". Au Rassemblement national, Marine Le Pen s'est montrée tout aussi ferme : "Il serait temps de mettre un bon coup de vis pour stopper cette recrudescence d'actes qui heurtent profondément".
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