"Concret", "respectueux", "dans la norme" ou "ultra compliqué" : le nouveau pronom "iel" divise les étudiants
Le dictionnaire Le Robert a créé la polémique en ajoutant, dans sa version en ligne, le pronom non genré "iel". Un mot dont se sont déjà emparés les moins de 30 ans et qui suscite chez eux aussi de vifs débats.
N'en déplaise au ministre de l'Éducation nationale, le pronom "iel", utilisé par les personnes ne souhaitant pas qu'on leur assigne un genre, masculin ou féminin est donc entré dans le Petit Robert. Son inscription dans le dictionnaire hérisse le poil de Jean-Michel Blanquer, pour qui "cela n'est pas l'avenir de la langue française". Et face au débat qui s'ouvre sur la question, franceinfo a voulu entendre et comprendre celles et ceux qui emploient ce pronom non-genré, des jeunes décomplexés du pronom.
"Ça suscite une conversation"
De courtes boucles brunes, des lunettes toutes rondes et un visage androgyne, Sam, 20 ans, se présente: "Je suis de sexe féminin et mon genre est non binaire donc je n'ai pas de genre." Sam, donc, ne se sent ni tout à fait jeune femme, ni jeune homme non plus. "Quand on me demande mes pronoms, car ça arrive beaucoup ici, et bien... Il, elle, iel, peu importe".
Poser cette question du bon pronom à employer, "c'est une question de respect", confirme Rin, une amie de Sam, étudiante elle aussi en arts plastiques : "C'est clairement devenu une normalité. Moi, quand je rencontre quelqu'un, ça suscite une conversation : quels sont tes pronoms? Comment je dois t'appeler? Comment tu te sens le mieux ? Et après, la conversation va toute seule" ."C'est quelque chose qui est encore très critiqué, que les gens ne comprennent pas", constate Sam.
"Je pense que l'intégrer au dictionnaire c'est une façon de toucher beaucoup plus de monde, les anciens comme les beaucoup plus jeunes. Tomber dessus dans le dictionnaire, lire la définition, c'est plus concret."
Sam, 20 ansà franceinfo
Concret mais troublant pour certains qui paniquent à l'idée de devoir accorder le reste de la phrase avec ce "iel". "Toute une nouvelle génération va devoir apprendre à utiliser ces pronoms convenablement", pointe Terrance, élève en licence d'art. Lui et ses camarades étudiants en perdent leur français : "Pour le ton, ta, ça, mon, ma, etc. Ça va être ultra compliqué". En fait, ces possessifs ne changent pas, quel que soit le genre. "Oralement, moi, je trouve ça bien, mais au niveau de l'écrit, je suis sûr que je vais m'y perdre", insiste Terrance. Et l'un de ses amis ajoute : "Faut pas faire les choses n'importe comment. Donc, c'est bien aussi que ça ne soit pas accepté trop facilement, je dirais, et le débat est nécessaire."
"Il faut évoluer avec son temps"
Il faut dire aussi que certains étudiants n'en avaient encore jamais entendu parler, à l'image de cette étudiante : "Je suis en train de découvrir totalement. J'ai même mal entendu le nom, c'était comment, iel ? C'est un peu bizarre, mais je trouve que l'idée est grave bonne, si c'est pour faire un truc neutre".
En offrant au pronom "iel" une définition, Le Petit Robert lui donne donc surtout de la visibilité et suit une certaine évolution de la langue et de la société, selon Laura, 25 ans, et bientôt enseignante : "Il faut évoluer avec son temps. Il y a un moment, c'était quand les parents divorçaient qu'on trouvait que c'était aberrant. Maintenant, c'est la norme".
Nathanaël, qui étudie le cinéma, le cheveux blond rasé, conclut : "le mot boloss est dans le dictionnaire, je ne vois pas en quoi rajouter le mot 'iel' changerait." La polémique est franchement superficielle selon elle : "il y a un peu plus grave dans le monde, des choses un peu plus importantes dont il faudrait s'occuper".
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