Récidive : finir sa peine à l'extérieur, "ça change tout"
Alors qu'un rapport sur la récidive a été remis mercredi à Jean-Marc Ayrault, francetv info s'est rendu à Amiens, où des détenus purgent la fin de leur peine dans une association.
S'ils sont là, c'est qu'ils l'ont voulu. Là, ce n'est pas la prison, mais le placement à l'extérieur, à Amiens (Somme). Mehdi (le prénom a été changé) et Anthony ont été condamnés à huit et deux ans d'incarcération pour de multiples faits de petite délinquance. Aujourd'hui, ils font partie de la vingtaine de détenus accueillis par l'association Aprémis pour purger la fin de leur peine. "Il y en a plein qui aimeraient être à ma place", confie Mehdi, 26 ans, qui a dû batailler "grave" auprès de l'administration pénitentiaire pour obtenir cet aménagement de peine.
La palette des aménagements est large : libération conditionnelle, semi-liberté, placement sous surveillance électronique, placement à l'extérieur… Ce dernier reste confidentiel : 976 condamnés se trouvaient sous ce régime au 1er janvier 2013, sur un total de 76 798 personnes sous écrou, selon les chiffres du ministère de la Justice. A en croire Mehdi et Anthony, cette formule mérite d'être développée, notamment pour prévenir la récidive, objet d'un rapport remis mercredi 20 février au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et à la garde des Sceaux, Christiane Taubira.
"Je vais être libéré avec un logement, un emploi"
"Si j'ai replongé après ma première incarcération, c'est parce que j'étais ressorti sans rien", explique Anthony, 25 ans, à nouveau condamné en 2011. "Cette fois, je vais être libéré avec un logement, un emploi, un salaire ; ça change tout." Le jeune menuisier est arrivé en avril 2012 à l'Aprémis, qui lui a fait signer un contrat d'accompagnement dans l'emploi sur un chantier de menuiserie et lui a prêté les clés d'un studio dans la capitale picarde. De quoi entamer sa réinsertion sur de bonnes bases.
Tous les prisonniers accueillis par l'association sont volontaires et ont reçu le feu vert d'un juge de l'application des peines. Avec une équipe d'éducateurs spécialisés, ils réfléchissent aux raisons de leur passage à l'acte et aux moyens de ne pas récidiver. Ils profitent aussi d'un accompagnement dans leurs démarches administratives, de santé, de réinsertion. "Le placement à l'extérieur est l'outil le plus adapté pour les personnes les plus fragiles et démunies qui ont besoin d'un accompagnement", estime la responsable du service, Nora Hannou, jeune femme débordante d'énergie.
"A la libération, les problèmes reviennent à vitesse grand V"
En cette mi-février, le chemin menant aux locaux de l'association est encore bordé de petites plaques de neige. Il y a quelques semaines, alors que le vol des flocons se terminait tristement contre les parapluies des Amiénois, Mehdi laissait la poudreuse fouetter son visage, avec l'euphorie d'une liberté toute fraîche. "Quand je suis sorti de la prison, je n'ai pas arrêté de marcher, se souvient-il. Je marchais, je marchais, je marchais, quitte à passer trois fois au même endroit, car je n'ai pas le droit de quitter la ville. Ça me faisait du bien."
Quand ils goûtent à nouveau au monde extérieur, beaucoup de prisonniers s'enivrent de ce parfum, parfois avec excès. "Derrière les barreaux, ils idéalisent la liberté, relate Nora Hannou, mais, à la libération, les problèmes reviennent à vitesse grand V." A l'Aprémis, ils trouvent un cadre pour éviter les débordements. Deux fois par semaine, le soir, le téléphone sonne dans les appartements pour s'assurer que le couvre-feu est bien respecté. Les petits écarts de conduite font partie de l'aventure ("on n'apprend pas à marcher droit sans tomber"), mais les personnes accueillies savent qu'un gros faux-pas les renverra en prison.
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