Manifestation des surveillants de prison : "On ne se sent plus en sécurité"
Plus de 3 000 surveillants se sont réunis, jeudi à Paris, pour dénoncer leurs conditions de travail. Francetv est allé à la rencontre de ces hommes et femmes qui font face à un quotidien difficile.
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"En prison, on n'a que notre clef, notre parole et notre sifflet", lance une surveillante de la prison de Mulhouse (Haut-Rhin). Avec ses collègues venus de la France entière, elle a manifesté, jeudi 22 octobre, à Paris, pour dénoncer un quotidien dangereux et fatiguant. Francetv info a rencontré ces surveillants dont les conditions de travail se dégradent.
"On n’a plus le temps d’aider les détenus"
Quand Laurence, surveillante à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), a débuté dans la maison d’arrêt pour femmes, peu peuplée, elle avait le temps de connaître vraiment les prisonnières, de les accompagner vers la réinsertion. "On parlait, j’essayais de les aider. Certaines, en partant, me remerciaient. Elles me disaient : 'Promis, vous ne me reverrez plus.' Ce métier pourrait être super, mais maintenant, on n’en a plus les moyens", regrette cette femme de 44 ans que les détenus surnomment M.P. en référence à son idole, M Pokora.
Une fois arrivée dans la partie réservée aux hommes, son quotidien a bien changé, car cette partie de la maison d’arrêt de Fresnes est bien plus remplie. "En sous-effectif, on n’a plus le temps d’aider les détenus, se désole Laurence. On doit, seule, passer 60 détenus à la douche avant 13 heures, on accompagne les gens à l’infirmerie… Bref, on n’arrête pas. Ils nous font détester notre métier, je suis déjà usée après seulement trois ans."
Un agent pour 120 détenus
Au cœur du problème : des effectifs trop réduits. Dans les prisons françaises, on compte aujourd'hui 26 734 surveillants en poste. Il en faudrait 3 000 à 4 000 de plus, selon les syndicats. Catherine Forzi, 48 ans, le remarque tous les jours aux Baumettes, la prison de Marseille (Bouches-du-Rhône) où elle est représentante locale FO. "On n’a qu’un agent par étage pour gérer 120 détenus !", dénonce-t-elle.
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Résultat : les personnels accumulent les heures supplémentaires. "Ils font généralement 50 heures en plus par mois", assure-t-elle. Face à ces conditions, les nouveaux surveillants perdent vite pied. En raison de ce manque d’effectifs, les stagiaires doivent fournir le même travail que les agents titulaires, et une fois le concours passé, "près d’un tiers démissionne dans la première année", explique Catherine.
"J’ai été plusieurs fois agressé"
Du coup, le climat est tendu. Catherine voit les surveillants défiler dans son bureau. "Je dois aider des agents tous les jours. Ils me parlent de tous les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien, se désole la représentante syndicale. Par exemple, si un détenu appelle et que le surveillant n’arrive pas assez vite, quand il ouvre la porte, il se prend un pain dans la tête."
Aux Baumettes, les agressions sont quasi quotidiennes d'après les gardiens. Couteaux en céramique qui passent par dessus les murs de la prison, lames de rasoir... "Comment est-ce que les agents peuvent faire face à tout ça ?", se demande-t-elle.
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Jean-Marc, 30 ans, a travaillé dans six prisons. Aujourd'hui surveillant à Grasse (Alpes-Maritimes), il a "été plusieurs fois agressé". Crachats, coups, entorses... Les détenus sont, de plus, souvent inventifs. "Ils utilisent les pieds de table, des morceaux de leur plateau repas. Ils brûlent aussi les poils de leurs brosses à dents pour y coller leur lame de rasoir", décrit-il. En cas de panique, le surveillant ne peut pas toujours compter sur son talkie-walkie. "Souvent, l’alarme ne marche plus, on ne se sent pas en sécurité", déplore ce surveillant.
Et même une fois son travail terminé, Jean-Marc continue à se méfier lorsqu'il sort de la prison : il a déjà reçu des menaces de la part de familles de détenus. "Maintenant, je réfléchis à mes sorties, avoue le surveillant. Quand je vais en boîte, je peux tomber sur d'anciens détenus. Et pendant mes jours de repos, je n’ai pas vraiment envie de me prendre la tête."
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