"Le trafic de stupéfiants est une véritable gangrène de notre société", estime le procureur d'Alès

Abdelkrim Grini, en charge de l'enquête après le meurtre de la mosquée de Grande-Combe, dans le Gard, avait employé le terme "d'ensauvagement" en janvier dernier.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Abdelkrim Grini en mai 2022, alors procureur de la République à Roanne (Loire). (REMY PERRIN / MAXPPP)
Abdelkrim Grini en mai 2022, alors procureur de la République à Roanne (Loire). (REMY PERRIN / MAXPPP)

"Le trafic de stupéfiants est une véritable gangrène de notre société", lance Abdelkrim Grini, procureur d'Alès, dans le Gard, invité jeudi 15 mai sur France Inter. Après être né au Maroc et avoir grandi dans le quartier populaire de La Paillade à Montpellier, Abdelkrim Grini est devenu Français à l’âge de 19 ans. D'abord avocat, il est ensuite devenu magistrat et procureur de la République. Récemment, Christian Lechevalier, député RN, a confondu son nom, avec celui du tueur de la mosquée de Grand-Combe, située dans le Gard. Depuis, Abdelkrim Grini, qui est le procureur chargé de l'affaire, dit avoir reçu de "nombreux messages de soutien".

Lors de son discours de rentrée solennelle en janvier dernier, Abdelkrim Grini avait utilisé le terme "d'ensauvagement" de la société française. Un terme qu'il défend aujourd'hui : "Beaucoup de gens autour de moi le constatent, même les autorités étatiques le constatent. Il y a une certaine forme de violence aujourd'hui qui est de plus en plus décomplexée, qui peut aussi apparaître comme de plus en plus intense, parfois aussi des règlements de comptes", détaille-t-il.

Il cite par exemple la tuerie d'Incarville, dans l'Eure, lors de l'évasion de Mohammed Amra. Le 14 mai 2024, deux agents pénitentiaires avaient été abattus, trois autres avaient été blessés. "Ça témoigne à mon sens d'un certain ensauvagement de notre société, où certaines personnes sont prêtes à tout. Elles sont sans foi ni loi. Rien ne les arrête, pas même le respect de la vie humaine, pour essayer de faire libérer un individu qui est mis en cause dans beaucoup d'affaires", soupire-t-il. Il cite également les violences du quotidien, comme "les faits de violences intrafamiliales, des violences gratuites, parfois sur la voie publique, qui peuvent aussi venir être jugées à la barre de nos tribunaux".

"La répression nécessaire pour lutter contre le trafic de drogue"

Selon lui, "le trafic de stupéfiants est une véritable gangrène de notre société". "Il faut vraiment en avoir conscience et mettre tous les moyens pour lutter contre cela, contre le narcotrafic avec tout ce que cela peut engendrer", plaide-t-il. D'abord grâce à de la "répression" qui est "nécessaire et fondamentale pour lutter contre le trafic de stupéfiants".

Il faut aussi "agir le plus en amont possible en matière de prévention" pour "faire en sorte que les adolescents soient sensibilisés aux dangers de la consommation de drogue, au danger aussi de tomber dans le trafic". "Moi, à mon petit niveau, petit procureur, j'essaie de le faire régulièrement en allant dans des collèges et dans des lycées, pour essayer d'expliquer ce qu'est la justice, ce qu'est le rôle d'un procureur et dire 'Attention au harcèlement scolaire, attention à la consommation de drogue'", explique Abdelkrim Grini.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.