Dieudonné interdit à Nantes : soulagement, colère et questions
REACTIONS | Le spectacle de Dieudonné prévu jeudi soir à Nantes n'a pas eu lieu. Le Conseil d'Etat s'est prononcé pour son annulation jeudi, après avoir été saisi en urgence par le ministre de l'Intérieur. "La République a gagné", a réagi Manuel Valls. La majorité se félicite. Mais cette décision interroge aussi certains représentants politiques ou associatifs.
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Une première victoire pour le gouvernement. Le Conseil d'Etat a finalement donné raison jeudi soir au ministre de l'Intérieur, en interdisant pour la première fois le spectacle "Le Mur" de Dieudonné, qu'il devait donner jeudi soir à Nantes.
Colère des spectateurs qui devaient entrer dans la salle : "On devait voir le spectacle, c'est quoi ce Conseil d'Etat? " critique une femme pendant que d'autres entonnent La Marseillaise et demandent la "libération" de Dieudonné.
De son côté Manuel Valls s'est aussitôt félicité d'avoir obtenu gain de cause : "la République a gagné ", un "immense soulagement ", a-t-il. "Le combat contre ce personnage nauséabond se poursuit ", a-t-il ajouté. La décision du Conseil d'Etat "conforte la position du gouvernement ", s'est également réjoui Jean-Marc Ayrault.
Dans la majorité, c'est donc la satisfaction après cette décision. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a, elle aussi, salué une décision "historique " et "remarquable ". Selon elle, "cela montre qu'il ne faut jamais baisser les bras, ni rien céder face à l'intolérable ". "Bravo au gouvernement et à la majorité d'avoir engagé ce combat pour la cohésion de notre pays ", a également commenté Bruno Le Roux, président socialiste de l'Assemblée nationale.
Interrogations sur la voie juridique choisie
Solidaire du gouvernement, Jack Lang ancien ministre de la Culture, s'interroge tout de même sur la voie juridique choisie : "Au-delà de l'affaire Dieudonné, la décision du Conseil d'Etat, il y a une question profonde qui est posée, c'est un débat philosophique, moral, juridique, il n'y a pas de raison de ne pas en discuter, la liberté c'est ça aussi ", explique-t-il.
Une interrogation que partage l'ex-avocat général Philippe Bilger sur France Info : "Je suis tout de même très surpris par la précipitation procédurale, les horaires expéditifs, le fait qu'on ait même pas permis à l'avocat de Dieudonné de pouvoir plaider à Paris. Et l'argumentation du juge des référés du Conseil d'Etat coïncide si parfaitement et exactement avec l'argumentation du ministre de l'Intérieur, que je me dis tout de même qu'il y a des complicités formidables, j'ose les qualifier uniquement d'intellectuelles ", explique-t-il.
"Inenvisageable de revivre cette situation à chaque date de la tournée"
A droite, Jean-François Copé juge qu'"aucun républicain ne peut se satisfaire qu'un professionnel du racisme, de l'antisémitisme et de la haine continue à bénéficier d'une telle tribune ". Il juge "inenvisageable de revivre cette situation à chaque date de la tournée " de Dieudonné et demande donc au gouvernement "d'agir vite et fort " contre celui-ci.
Alain Juppé, le maire de Bordeaux qui a lui-même envisagé d'interdire le spectacle dans sa ville, a semblé saluer la décision : "Ou bien M. Dieudonné va tenir compte de la semonce qui lui a été envoyée et maîtrisera à l'avenir son expression. Ça serait l'hypothèse la plus heureuse. Et je pense qu'à ce moment-là M. Valls aura eu raison de marquer le coup. Il a été courageux en le faisant, d'ailleurs ".
Tandis que Brice Hortefeux, ex-ministre UMP, s'interroge lui sur la "publicité inespérée " faite à Dieudonné.
Carte ►►► Les villes où Dieudonné n'est pas le bienvenu
"Sortir du ping-pong entre Dieudonné et Manuel Valls"
Plusieurs responsables de culte se sont aussi dit soulagés de cette décision, la communauté juive notamment.
La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), elle, n'exprime aucun "triomphalisme ", "d e la même façon que la Licra refusait tout catastrophisme " après la décision du tribunal administratif de Nantes autorisant le spectacle."Ce n'est pas la justice qui est responsable, c'est lui ", dit le président de la Licra sur France Info.
A écouter aussi ►►► Sabrina Goldman, avocate et vice-présidente de la Licra, invitée du 19h15
Même logique pour Cindy Léoni de SOS Racisme, pour qui "il ne s'agit pas de défaite ou de victoire ". "Il faut dépersonnaliser le débat ", "sortir du ping-pong entre Dieudonné et Manuel Valls ", a-t-elle souhaité. "Il faut redonner sa place à l'éducation contre le racisme. Après les paroles, les actes ".
Un "cadre lourd de conséquences pour la liberté d'expression" (Ligue des Droits de l'Homme)
Enfin, plus inquiète face à cette décision, la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) considère qu'il s'agit d'un "cadre lourd de conséquences pour la liberté d'expression ". "Le juge n'a pas fait prévaloir la liberté d'expression sur l'interdit et c'est une décision qui est lourde de périls ", a commenté le président de la LDH Pierre Tartakowsky. "On se trompe en pensant qu'on va régler la question à partir d'interdiction strictement juridique. Le problème est d'ampleur ", estime le président de la LDH qui pense qu'il "faut mobiliser la pédagogie, la répression " et engager un " travail de long terme ".
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