Des radars automatiques à la tête du parquet de Paris : qui est Rémy Heitz, probable successeur de François Molins ?
L'ancien Monsieur Sécurité routière de Jacques Chirac devrait, selon toute vraisemblance, succéder à François Molins en tant que procureur de Paris.
François Molins va bientôt pouvoir embrasser de nouvelles fonctions. Lui qui attendait la désignation de son successeur pour devenir procureur général de la Cour de cassation va peut-être bientôt être libéré de ses obligations actuelles. Après le refus présumé de l'Elysée des candidatures de Maryvonne Caillibotte, Marie-Suzanne Le Quéau et Marc Cimamonti, la chancellerie s'est arrêtée sur un nom : Rémy Heitz. Sa candidature a été proposée par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, mercredi 3 octobre. Qui est ce magistrat de 54 ans ?
Il est l'actuel numéro 2 de la justice en France
Méconnu du grand public, Rémy Heitz est loin de l'être dans le monde judiciaire puisqu'il est actuellement le directeur des affaires criminelles et des grâces (DACG). Un poste réputé très important, souvent considéré comme le numéro 2 de la justice en France, derrière la garde des Sceaux. Il est chargé de faire "l’interface entre la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, et les parquets de France", décrit Le Monde. "Il est en première ligne, surtout dans un gouvernement où l'on a voulu limiter le nombre de conseillers", explique au quotidien Virginie Duval, présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).
Ce natif de Nancy exerce cette fonction depuis août 2017. Avant cela, il a occupé de nombreux postes dans le domaine judiciaire. Il débute sa carrière en 1989 à Pontoise comme substitut du procureur. Il gravit ensuite les échelons de la justice : en 1999, il devient procureur de la République du tribunal de grande instance (TGI) de Saint-Malo, puis vice-procureur du parquet de Paris en 2001, procureur de la République à Metz en 2008, puis président du deuxième TGI de France, celui de Bobigny, fin 2010. Avant d'être nommé à la tête de la DACG, il était premier président de la cour d'appel de Colmar.
Il n'est pas étranger au monde politique
En 1994, Rémy Heitz franchit une première fois la frontière entre justice et politique en devenant le chef de cabinet de Pascal Clément, alors ministre délégué aux Relations avec l'Assemblée nationale, dans le gouvernement d'Edouard Balladur. Au fil de son parcours, il a plusieurs fois été lié à des gouvernements de droite.
En 2002, Jean-Pierre Raffarin, alors à Matignon, fait du magistrat son conseiller technique chargé de la justice. Rémy Heitz est ensuite débauché par Jacques Chirac pour devenir délégué interministériel à la sécurité routière, poste qu'il occupe de 2003 à 2006. Il rejoint ensuite le ministère de la Justice en tant que directeur de l'administration générale et de l'équipement.
Ce goût pour la chose politique lui vaut des éloges : Jean-Pierre Raffarin dit de lui qu'il est "rigoureux dans ses missions, généreux dans son engagement". Rémy Heitz essuie aussi quelques critiques. "Il ne veut pas faire de remous", estime une magistrate interrogée par l'AFP. Il est "obéissant avec les puissants", commente une de ses ex-collègues.
Il a dû gérer le mystère de l'affaire Godard
En 1999, Rémy Heitz a 35 ans et débarque à Saint-Malo au poste de procureur de la République du tribunal de grande instance. Il prend encore ses marques quand la disparition du docteur Yves Godard et de sa famille est rendue publique le 6 septembre. Cette affaire défraie la chronique. Qu'est-il arrivé à ce médecin, à sa femme et à leurs deux enfants ? "Un crime sans cadavre ni témoin, ce n'est jamais simple", admet Rémy Heitz à l'époque, selon L'Express.
Si un voilier a été localisé, à la dérive, au large de Saint-Malo le 4 septembre, le sang de l'épouse a également été retrouvé au domicile et dans la camionnette du médecin. Le procureur ouvre une enquête pour "homicide volontaire" : "La qualification la plus haute, celle qui permettait de déployer les moyens les plus importants pour essayer de retrouver M. Godard, précise-t-il alors. Mais cela n'exclut pas d'autres hypothèses…" En septembre 2012, lorsque l'affaire est classée "faute de charge" et "de piste sérieuse exploitable", Rémy Heitz est depuis longtemps parti de Saint-Malo.
Il a lancé les radars automatiques en France
Entre 2003 et 2006, il est le Monsieur Sécurité routière de Jacques Chirac, un poste très exposé car érigé en chantier prioritaire par le président. Sa mission est simple : faire chuter le nombre de morts sur les routes. Pour y arriver, il mise sur les radars automatiques. A l'époque, il parle d'une "vraie révolution" lors d'une interview au Monde. Le premier radar est inauguré le 27 octobre 2003 à La Ville-du-Bois, dans l'Essonne, rappelle Le Parisien.
Dans 20 Minutes, Dominique Perben, ministre des Transports de 2005 à 2007, se souvient de Rémy Heitz comme d'"un homme très sobre, calme, méthodique et de grand équilibre". Pendant sa mission, entre 2003 et 2006, la mortalité routière est passée de plus de 7 000 décès par an à moins de 5 000. A son départ, Jacques Chirac lui a rendu hommage pour "avoir assumé remarquablement sa fonction".
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