Algues vertes : la condamnation de l'État est "une décision exemplaire", salue l'avocat de la famille d'un joggeur mort asphyxié en Bretagne

Jean-René Auffray, âgé de 50 ans et adepte du trail, a été retrouvé mort à Hillion le 8 septembre 2016, dans la vase de l'estuaire du Gouessant, qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc, intoxiqué par ces algues, qui dégagent un gaz toxique en se décomposant.

Article rédigé par franceinfo
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Des algues vertes à Hillion dans les Côtes d'Armor, le 2 juillet 2023. (THOMAS BR?GARDIS / OUEST-FRANCE / MAXPPP)
Des algues vertes à Hillion dans les Côtes d'Armor, le 2 juillet 2023. (THOMAS BR?GARDIS / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

"C'est une décision exemplaire", salue mercredi 25 juin sur franceinfo l’avocat François Lafforgue, après la condamnation, mardi, de l'État pour inaction dans la lutte contre les algues vertes. L'avocat représente la famille de Jean-René Auffray, un joggeur mort d'asphyxie dans l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor), en 2016.

Cette zone est connue pour être une vasière régulièrement envahie par les algues vertes. "C'est la première fois en France que le lien est reconnu entre la faute de l'État et le décès d'une personne liée à l'exposition aux algues vertes en putréfaction", appuie l'avocat. La décomposition de ces algues émet de l'hydrogène sulfuré, un gaz toxique pouvant provoquer un œdème pulmonaire.

Avec cette condamnation par la cour administrative d'appel de Nantes, l'État doit verser 277 343 euros d'indemnisation à la compagne du joggeur décédé. Désormais, l'avocat espère une prise de conscience de l'État. "Cette décision doit marquer un coup d'arrêt à l'absence de politique volontariste" contre les algues vertes, estime-t-il.

"Nécessité de mieux réguler l'activité agricole"

Cette condamnation est "un formidable coup de projecteur que viennent de mettre les juges sur la nécessité pour l'Etat de mieux réguler l'activité agricole", se réjouit pour sa part Arnaud Clugery, porte-parole de l'association Eau et Rivières de Bretagne, au micro de France Inter.
 
L'association de défense de l'environnement Eau et Rivières de Bretagne, espère que cette décision de justice fera date, et qui est prise "en plein débat sur la loi Duplomb, une loi de simplification qui n'est que de la dérégulation de l'activité d'élevage pour ce qui concerne la Bretagne". La loi sur l'agriculture sera examinée à partir de ce lundi 30 juin à l'Assemblée nationale en Commission mixte paritaire.  
 
"Finalement, la justice vient dire aux élus que c'est bien le modèle productiviste agricole qui génère des marées vertes. Ce qu'on en attend de cette décision de Justice, c'est que nos députés prennent enfin les bonnes décisions", explique Arnaud Clugery. "Il y a besoin de régulation de l'activité d'élevage en Bretagne si on veut voir disparaître les marées vertes et leurs dommages sur la santé publique, mais aussi les milieux naturels", plaide le porte-parole. "Là où il y a des marées vertes, c'est un effondrement écologique qui accompagne cette plaie", soupire-t-il.

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