Accusé de terrorisme, Adlène Hicheur se défend pied à pied
Le chercheur franco-algérien a dénoncé une enquête "malhonnête" devant le tribunal correctionnel de Paris. Son procès s'est ouvert jeudi et se poursuit ce vendredi. FTVi fait le récit de la première audience.
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Physicien franco-algérien, Adlène Hicheur est soupçonné d'avoir envisagé des attentats contre la France. Son procès s'est ouvert jeudi 29 mars devant le tribunal correctionnel de Paris. Il a pris une dimension particulière dans le contexte des tueries de Toulouse et Montauban perpétrées par Mohamed Merah. Jeudi, Adlène Hicheur a pu s'exprimer publiquement pour la première fois. La seconde audience a lieu vendredi après-midi.
Acte 1 : "Avoir un pseudo sur un forum est très courant"
Vêtu d'une veste et d'un pantalon beige en toile, appuyé sur une béquille, Adlène Hicheur entre dans la salle d'audience. Ses frères et son père, des membres de son comité de soutien et des journalistes, venus nombreux, se tournent pour l'observer. Ses trente mois de détention provisoire à la prison de Fresnes l'ont visiblement marqué : le jeune homme aux cheveux noirs, courts, apparaît amaigri, les traits du visage émaciés. Il porte de grosses lunettes.
En début d'audience, la présidente du tribunal, Jacqueline Rebeyrotte, présente rapidement la situation du prévenu : "célibataire, sans enfants". Elle donne quelques éléments sur sa personnalité : "secret, réservé, timide". Puis elle commence à faire le résumé de l'enquête. Interpellé à Vienne (Isère) au domicile de ses parents le 8 octobre 2009, Adlène Hicheur a été mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". Le cœur de l'accusation repose sur un échange de 35 e-mails entre Hicheur, alias "Abou Doujana" ou encore abslm76@gmail.com, et "PhenixShadow", qui serait le pseudo de Mustapha Debchi, un responsable supposé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Puis la présidente laisse la parole au prévenu. "Il y a eu pas mal de confusion et d'inexactitudes [dans la procédure]. Je n'ai pas voulu me cacher derrière une adresse e-mail ou un autre nom. Avoir un pseudo sur un forum, c'est très courant", déclare Adlène Hicheur.
Acte 2 : "On n'approuve pas forcément ce qu'on lit"
Après son interpellation en 2009, les enquêteurs ont découvert une abondante documentation rédigée en arabe, relative à Al-Qaïda et au jihad, à son domicile d'Ornex (Ain). La présidente énumère les documents trouvés, et décrit par le menu leur contenu.
Adlène Hicheur remet en cause la traduction de ces documents par l'interprète de la police. Il "a fait un sale travail pour me faire paraître je ne sais quoi, dit-il avec aplomb. Ces traductions sont biaisées et incomplètes." Les enquêteurs ont en plus "laissé 99% de la littérature qui est chez moi, c'est malhonnête, c'est même dégueulasse !", s'indigne-t-il. "J'ai eu tort de penser que ces documents ne seraient pas retournés contre moi", ajoute-t-il. "On n'approuve pas forcément ce qu'on lit", dit-il encore, avant de demander une suspension de l'audience pour boire et prendre des médicaments.
Acte 3 : "Je suis passé par une phase de turbulences"
La présidente aborde maintenant le contenu de quatre messages échangés entre février et mars, moment où Hicheur franchit une étape, selon les enquêteurs.
"Je te dis ma vision concernant ma participation dans le jihad (…). J’ai adopté le principe, 'faire ce qui peut durer' même s’il s’agit de petits actes (…) Malgré tout je vais proposer des informations sur des objets possibles en Europe et notamment en France", écrit le prévenu. "Je ne conteste pas le fait que je sois passé par une phase de turbulences. (...) Puis ça s'est tassé. Et on m'a arrêté au moment où je reprenais pied", répond Hicheur. A nouveau, il met en cause la traduction de certaines tournures de phrases utilisées dans les messages.
"Je comprends que certains des passages aient pu gêner ou inquiéter", reconnaît-il, mais "il n'y avait rien derrière". "Mais comment un homme de votre niveau a-t-il pu continuer à dialoguer avec cet homme ? Je me pose la question", rétorque la présidente. Hicheur répond en mettant ces mails "tangents" sur le compte de son "état de santé physique et psychologique" de l'époque, où il était en arrêt-maladie pour une hernie discale. "J'étais sous morphine", "c'était trois jours après ma sortie de l'hôpital", argue-t-il, tout en faisant "amende honorable".
Acte 4 : "J'étais sensible au sort des pays occupés"
L'avocat d'Adlène Hicheur, Patrick Baudouin, prend la parole et pose trois questions à son client. S'ensuit un vif échange avec le procureur. "Je n'arrive pas à comprendre. Enfin, dites-nous : êtes-vous pour le jihad armé ?", demande Guillaume Portenseigne au prévenu. Déterminé, Adlène Hicheur répète son argumentation. "Je n'ai rien de plus à vous dire." "Je comprends que des gens résistent à une occupation", répond-il finalement.
La présidente fait ensuite une synthèse des déclarations du physicien lors de sa garde à vue. Patrick Baudouin répond en contestant les conditions de cette garde à vue, qu'il qualifie de "moyenâgeuses". "Elle a duré quatre jours avec des interrogatoires quasi ininterrompus", dénonce-t-il. L'audience se termine. Il est 19h06. Une nouvelle audience aura lieu le lendemain. Adlène Hicheur encourt dix ans de prison.
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