"Je pense qu'on doit se préparer au pire" : le nouveau président polonais prend ses fonctions, les militantes féministes craignent un recul du droit à l'IVG

Elu en juin dernier à la tête de la Pologne, Karol Nawrocki est connu pour ses positions conservatrices et nationalistes. Des militantes pour le droit à l'avortement craignent que le président mette son veto à toute tentative de libéralisation.

Article rédigé par franceinfo
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Le nouveau président polonais, Karol Nawrocki, au côté de sa femme, Marta Nawrocka, après qu'il a prêté serment, le 6 août 2025 au Parlement, à Varsovie (Pologne). (WOJTEK RADWANSKI / AFP)
Le nouveau président polonais, Karol Nawrocki, au côté de sa femme, Marta Nawrocka, après qu'il a prêté serment, le 6 août 2025 au Parlement, à Varsovie (Pologne). (WOJTEK RADWANSKI / AFP)

En Pologne, le président Karol Nawrocki, élu en juin dernier, prend ses fonctions mercredi 6 août à la tête de l'Etat. Connu pour ses positions conservatrices et nationalistes, son élection a été un coup dur pour les militantes féministes, car son droit de véto lui permettra de bloquer toute avancée sur le droit à l'IVG. En Pologne, l'avortement n'est légal que si la grossesse résulte d'un viol, d'un inceste ou met la vie de la mère en danger. À Varsovie, des militantes pro-IVG ont ouvert le premier centre d'avortement du pays au printemps. 

Deux ans après avoir dû traverser la frontière tchèque pour aller avorter, Marta a pris l'élection de Karol Nawrocki comme un coup de massue. "Le lendemain de l'élection, j'avais des impératifs à la fac, mais j'ai tout annulé, raconte-t-elle. J'ai expliqué que je ne pouvais pas sortir de chez moi, car je n'arrivais pas à gérer mes émotions."

Comme tout le monde ici, elle sait que le nouveau président opposera son veto à toute tentative de libéraliser l'accès à l'IVG en Pologne ces cinq prochaines années. Et la cofondatrice du centre, Natalia Broniarczyk, n'est pas optimiste. "On sait que Nawrocki est un opposant à l'avortement, il le dit lui-même, rappelle-t-elle. On est déjà sûres à 100% qu'il n'y aura pas de décriminalisation de l'IVG. Je pense qu'on doit se préparer au pire, car c'est un président plus proche de l'extrême droite que le précédent."

"Notre fondation ne reçoit plus de dons"

Mais sa collègue, Emilia, espère que l'arrivée au pouvoir de ce nouveau chef de l'Etat conservateur permettra au moins d'alerter sur la situation des Polonaises à l'international. "Notre fondation ne reçoit plus de dons, et on a perdu beaucoup d'argent, car les ONG et les autres pays pensent qu'on a un gouvernement libéral avec Donald Tusk, raconte-t-elle. Maintenant, on a la confirmation que ce n'est pas le cas, et j'espère que ça jouera en notre faveur."

Chaque année, leur collectif aide 47 000 femmes à accéder à l'IVG en Pologne, tandis que le gouvernement ne recense que 800 avortements dans les hôpitaux du pays.

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