: Reportage Inscription de l'IVG dans la Constitution : à Paris, des centaines de personnes célèbrent un jour "historique" dont "on parlera dans vingt ans"
Lundi, plusieurs associations féministes organisaient, avec la mairie de Paris, une retransmission sur écran géant du vote du Congrès consacrant l'entrée de la liberté d'avorter dans la loi fondamentale. Plusieurs centaines de personnes, de tout âge, étaient présentes.
La foule hurle, les fumigènes craquent, et la tour Eiffel s'illumine soudain. L'émotion saisit les centaines de personnes venues célébrer à Paris l'entrée d'une "liberté garantie" de recourir à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, lundi 4 mars. Quelques secondes plus tôt, le résultat écrasant du vote du Parlement réuni en Congrès à Versailles – 780 voix pour, sur 852 suffrages exprimés – s'est affiché sur l'écran géant installé sur l'esplanade du Trocadéro pour l'occasion. Une première mondiale, un an et demi après la décision de la Cour suprême américaine de révoquer le droit constitutionnel des femmes de recourir à l'IVG.
Malgré le froid qui transit les corps, la foule, majoritairement féminine, se réjouit à l'unisson de ce "jour historique" auquel elle a voulu prendre part. Avant même l'annonce du résultat du scrutin, Souad n'arrive pas à retenir ses larmes. Cette quadragénaire, qui pensait, avant la décision américaine, que le droit à l'avortement était "profondément acquis" dans les pays l'ayant légalisé il y a plusieurs décennies, se dit aujourd'hui "rassurée" pour sa fille de 8 ans. "Si elle a un jour besoin d'avorter, je sais qu'elle pourra le faire", lâche-t-elle, confiant avoir elle-même eu recours à une IVG à 20 ans afin "de continuer [ses] études pour devenir ingénieure".
"Je suis heureux pour mes sœurs, mes cousines, de me dire qu'elles auront ce droit", confie Jules, 21 ans, qui se dit "fier de [son] pays". Malgré la présence, au même moment, d'opposants à l'IVG à Versailles, Vanylle, 23 ans, se réjouit d'une décision "qui nous unit au-delà de nos différences politiques, et toutes générations confondues".
"Inspirer d'autres pays"
A quelques pas de là, Vanessa, 35 ans, est venue avec ses deux filles, âgées de 6 et 7 ans. "C'est un moment marquant de leur vie et elles se souviendront d'avoir été présentes", assure celle qui revendique une éducation féministe pour ses enfants. "C'est hyper touchant d'être ici, c'est une décision qui peut avoir une résonance au-delà de la France, en donnant du courage et en inspirant d'autres pays à faire de même, renchérit Sophie, 53 ans. Dans vingt ans, on parlera de ce jour-là."
Outre le sentiment de vivre un événement historique, de nombreuses personnes disent être venues "puiser de la joie" dans ce moment collectif. "J'ai des frissons", glisse Iphigénie, 18 ans. Elle vit ce lundi son premier rassemblement féministe. "Quand on est chacune de son côté, le quotidien peut être démoralisant", constate-t-elle, citant son découragement face au décompte des féminicides réalisé par les associations et diffusé sur les réseaux sociaux. "C'est important de montrer aux jeunes générations que militer, ce n'est pas seulement se battre dans la douleur. C'est remporter des petites victoires, qui deviennent grandes, pour qu'un jour, peut-être, on n'ait plus besoin de se battre !", lance Rozenn, 40 ans.
"Rester vigilantes"
Si toutes et tous saluent un "beau symbole", beaucoup estiment néanmoins que le combat est loin d'être gagné. Alors que les militantes féministes et la gauche prônaient l'inscription dans la Constitution d'un "droit" à l'avortement, Salomé, 29 ans, craint que la formulation finalement adoptée, consacrant seulement une "liberté garantie", ne "protège pas le droit à l'IVG de tout". En 2012, pour sa première candidature à l'élection présidentielle, Marine Le Pen (Rassemblement national) avait proposé de dérembourser certaines IVG, rappelle la jeune femme, soulignant que le législateur pourra encore, à l'avenir, déterminer les conditions dans lesquelles se pratique l'avortement.
"Ce n'est pas le tout d'avoir un droit, encore faut-il qu'il soit opposable, c'est-à-dire qu'il y ait des structures pour pouvoir l'exercer dans des conditions et des délais corrects", souligne également Monique, 74 ans, qui a avorté à 24 ans, quatre ans seulement après l'entrée en vigueur de la loi Veil. "Il reste beaucoup de choses à faire pour les femmes, les combats sont nombreux", comme celui contre les violences sexistes et sexuelles ou contre les inégalités salariales, rappelle aussi Martine, 75 ans. Louanne, 15 ans, abonde dans le même sens : "Aucun droit n'est jamais acquis pour toujours, c'est à nous de continuer à rester vigilantes."
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