"J'étais tout ce qu'il ne fallait pas être" : un ancien joueur témoigne de l'homophobie systémique dans le football
Dans "Adieu ma honte", paru chez Fayard, Ouissem Belgacem, ancien espoir du centre de formation de Toulouse raconte comment l'homophobie omniprésente dans son sport l'a poussé à l'abandonner.
Pour Ouissem Belgacem, rien ne change. Dans un livre, Adieu ma honte, paru le 5 mai aux éditions Fayard et écrit avec la collaboration d’Éléonore Gurrey, l’ancien espoir du centre de formation de Toulouse raconte l’homophobie qui règne dans son sport, le football. Un livre pour témoigner de ce que signifait être un footballeur homosexuel au début des années 2000, mais aussi pour tenter enfin de faire bouger les lignes.
Le culte de la virilité, les insultes homophobes constantes, un milieu qui ne laisse pas de place à la différence, voilà l'univers du football décrit par Ouissem Belgacem. "'Sale pédé', c'est l'insulte numéro un sur tous les terrains de football de France, explique l'ancien joueur. Dans les vestiaires, on parle pas trop de foot, on parle beaucoup de femmes, on entend des coachs dire : 'Allez, on n'est pas des tarlouzes !' On pense que parce qu'on est homo, on ne peut pas faire un sport de contact."
"Pas une fois, je n'ai entendu un message tolérant, inclusif. Quand j'étais adolescent et que j'entendais les 'Oh hisse, enculé' dans les stades, ça me rongeait de l'intérieur."
Ouissem Belgacemà franceinfo
L’adolescent, alors au centre de formation de Toulouse, fait tout pour intégrer les codes. Il tente même de changer sa sexualité. Les psy, la religion, tout y passe. "J'avais compris que j'étais tout ce qu'il ne fallait pas être, poursuit Ouissem. Aujourd'hui, dans le football, c'est presque une injonction d'avoir une copine. Je me suis même forcé à sortir avec une fille pendant de nombreuses années." "Mes coéquipiers voyaient le Ouissem souriant, chambreur, toujours prêt à sortir les bonnes blagues, soupire-t-il, mais en fait, je rentrais dans ma chambre et je vivais un enfer. Je dormais chaque soir en suppliant Dieu pour que je me réveille hétéro. Et chaque matin, c'était le même cauchemar qui redémarrait."
Mettre un brassard arc-en-ciel ne suffit plus
Ouissem, épuisé, finira par y laisser ses rêves de carrière, mais toujours en silence. C’est seulement quand il lance son entreprise d’accompagnement des footballeurs, il y a trois ans, et constate que rien a changé qu’il se décide à briser un tabou. "Je trouve intolérable aujourd'hui qu'on hiérarchise les discriminations, souligne-t-il. Quand j'entends certains discours qui minimisent le sujet, c'est n'importe quoi ! Actuellement, en Ligue 1 et en Premier League, il y a des joueurs qui sont homos, mais qui ne peuvent pas le dire. C'est triste. Pour moi, la solution passera par l'éducation. Il faut former ! Ce n'est pas assez de mettre un brassard arc-en-ciel..."
"Peut-être que le prochain Zidane, il est gay ! Mais vu le niveau d'homophobie qui règne dans le sport, ce jeune-là va s'écarter du sport et du coup, on va louper un talent. Et le sport, c'est quand même censé être le milieu le plus méritocratique qui soit."
Ouissem Belgacemà franceinfo
Aujourd’hui, Ouissem Belgacem se demande comment ses clients footballeurs vont réagir en découvrant son homosexualité mais pour lui, il est grand temps de parler. Plus question de se taire.
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