Rapport parlementaire sur les violences dans le monde culturel : "Une ampleur et une dimension systémique qui fait froid dans le dos", témoigne la vice-présidente de commission d’enquête

La députée LFI Sarah Legrain dénonce l'existence, dans les milieux culturels, d'un "terreau pour le développement de ces violences qui sont un continuum".

Article rédigé par franceinfo
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La députée LFI Sarah Legrain devant l'Assemblée nationale, à Paris, le 9 juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)
La députée LFI Sarah Legrain devant l'Assemblée nationale, à Paris, le 9 juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Il y a dans les secteurs culturels qui ont été étudiés dans le cadre de cette commission d'enquête, une ampleur et une dimension systémique qui fait froid dans le dos", témoigne, mercredi 9 avril sur franceinfo, Sarah Legrain, députée LFI et vice-présidente de commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Cette dernière a présenté ce mercredi ses recommandations. Le rapport pointe un système qui "favorise l’apparition et le développement de pratiques violentes".

"La question des violences sexuelles est beaucoup liée à celle du pouvoir. La question du pouvoir est posée de façon très, très aiguë", explique Sarah Legrain. Ce dernier est souvent "concentré entre quelques personnes qui font parfois la pluie et le beau temps dans certains milieux", ajoute-t-elle. Par ailleurs, la députée pointe "une sorte de flou sur le respect du code du travail, sur la nature des relations de travail dans ces secteurs culturels où on parle beaucoup de passion". La précarité du travail dans le secteur de la culture fragilise également des personnes, victimes potentielles. "Tout cela est un terreau évidemment pour le développement de ces violences qui sont un continuum depuis les violences morales et psychologiques jusqu'aux violences physiques et sexuelles", déplore Sarah Legrain.

Sortir de la culture du viol, protéger les enfants

Judith Godrèche qui avait appelé de ses vœux cette commission d'enquête en 2024, a qualifié le rapport d'"impressionnant et assez terrifiant". La comédienne avait accusé début 2024 les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de l'avoir violée alors qu'elle était mineure. Son témoignage a été une déferlante dans le milieu du cinéma. "Dans ces milieux-là, c'est la question du génie, c'est la question de l'artiste tout-puissant", qui est posée, analyse Sarah Legrain. Selon la députée LFI, "la société a besoin de se libérer de la culture du viol. Mais on a besoin particulièrement que la culture se libère de la culture du viol parce que la culture va être essentielle dans notre émancipation sur ces sujets-là".

Parmi les recommandations de la commission, la priorité est la protection des mineurs. Elle propose d'interdire la sexualisation des enfants à l'écran, d'imposer la présence du représentant légal de l'enfant de moins de sept ans sur un tournage et de bannir les castings sauvages. "Il y a évidemment des choses qui vont relever de la loi, mais dès maintenant, des mesures peuvent être prises", notamment celles "pour renforcer la réglementation sur l'encadrement des mineurs", assure la députée.

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