BD "Notre Affaire" sur le procès Pélicot : les éditions l'Iconoclaste interrompent la promotion du livre après avoir appris qu'un des dessinateurs a été accusé de violences sexuelles

Le livre, publié le 28 août, traite du procès des viols de Mazan, devenu un symbole de la lutte contre les violences sexuelles et la soumission chimique.

Article rédigé par franceinfo
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La couverture de la BD "Notre Affaire" publié aux éditions Iconoclaste, le 28 août 2025. (EDITIONS ICONOCLASTE)
La couverture de la BD "Notre Affaire" publié aux éditions Iconoclaste, le 28 août 2025. (EDITIONS ICONOCLASTE)

Les éditions l'Iconoclaste confirment, jeudi 4 septembre, à France Inter avoir interrompu toute la promotion autour de la BD Notre Affaire consacrée au procès Pélicot après avoir appris qu'un des 23 dessinateurs de cet ouvrage a été par le passé accusé de violences sexuelles par une ex-compagne. L'information avait été révélée par le journal La Croix.

L'ex-compagne du dessinateur, Flore Baudry, a publié un long message sur Instagram après la sortie de la BD jeudi dernier, expliquant que le fait de "voir le nom d'Hippolyte qui figure dans la liste des dessinateurs qui traitent de ce sujet est une véritable agression pour toutes les victimes de violences conjugales". Puis d'ajouter : "Je ne comprends pas comment son nom peut se retrouver là. Cela me désole profondément". Flore Baudry a porté plainte il y a une dizaine d'années, mais celle-ci a été classée sans suite."J'ai vécu quatre années de traumatismes physiques et psychologiques, de racisme" en tant que "femme noire", et de "misogynie", poursuit-elle.

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Une publication partagée par Flore Baudry (@baudryflore)



La publication du message de Flore Baudry a provoqué de nombreuses réactions et condamnations. Mathieu Palain, co-auteur de la BD, connu pour son travail sur les violences sexistes et sexuelles, joint par France Inter, explique "qu'il n'était pas au courant de cette plainte". Pour lui "malheureusement, on est un peu rattrapés par notre sujet parce que la BD parle du fait que les violences" sexuelles et sexistes, "sont systémiques et que les auteurs de violences vivent autour de nous". Mathieu Palain a pris le temps d'appeler Flaure Baudry "pour en savoir plus. Elle était encore très touchée par ce qu'elle dit avoir vécu", raconte-t-il. "Au téléphone on la sentait traumatisée. Je me sens triste pour elle", confie-t-il.

Le dessinateur mis en cause a illustré une cinquantaine de pages de cette BD, "c'est un dessinateur qui est aussi reporter, qui a fait beaucoup de travail sur le terrain et c'est une BD de reportage, c'est pour ça qu'on a pensé à lui. Il est loin d'être seul, son travail représente 50 planches sur une BD qui en compte 336", détaille Mathieu Palain.

"On a travaillé pendant plus d'un an avec Hippolyte sur ce sujet, il aurait peut-être pu nous dire que 'moi aussi quelqu'un a porté plainte contre moi' il ne l'a pas fait. On aurait pu lui poser la question mais ça ne nous est pas venu à l'esprit". La maison d'édition l'Iconoclaste ne savait rien non plus du passé de ce dessinateur, mais dans une démarche de transparence, a pris la décision d'annuler les interviews promotionnelles. Seule la soirée de lancement jeudi dans une librairie parisienne a été maintenue. Une rencontre qui doit permettre de répondre à toutes les questions, espèrent les auteurs.

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