Vidéo Fin de vie : "Scinder ce texte n'a pas de sens dans le fond", alerte la médecin et journaliste, Marina Carrère d'Encausse

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Article rédigé par Antonin Bodiguel
France Télévisions

Le gouvernement envisage de diviser en deux volets distincts, les soins palliatifs et l'aide active à mourir, le projet de loi initial. Marina Carrère d'Encausse, médecin et journaliste, déplore cette décision qui repose, selon elle, sur "des convictions personnelles".

Diviser ou pas. Les débats sur le projet de loi sur la fin de vie sont relancés avec l'arrivée de François Bayrou à Matignon. Le Premier ministre, réticent à l'aide active à mourir, a répété qu'il souhaitait "deux textes" distincts. "Les soins palliatifs, pour moi ce n'est pas un droit, c'est un devoir", a-t-il déclaré, lundi 27 janvier, sur LCI le Premier ministre, qualifiant l'aide à mourir de "débat de conscience".

Une position critiquée par les défenseurs d'un texte unique, comme la médecin et journaliste Marina Carrère d'Encausse. "Les soins palliatifs, c’est essentiel, prioritaire. Mais l’aide active à mourir, c’est l’ultime recours. On n’a pas à les dissocier" affirme-t-elle à franceinfo. À ses yeux, il s’agit d’un continuum : "Scinder ce texte, ça n’a pas de sens dans le fond."

Si François Bayrou justifie sa décision par la volonté de permettre un débat plus serein, elle redoute qu’une telle démarche fragilise l’ensemble du projet : "Le risque, c'est le texte sur les soins palliatifs soit voté et pas celui sur l'aide active à mourir, mais dans ce cas-là, c'est cet ensemble de texte qu'il faudrait refuser et nous en resterions à la loi Claeys-Leonetti, qui, bien que remarquable, comportait un manque pour certains patients."

Renforcer les soins palliatifs sans oublier l'aide active à mourir

Marina Carrère d'Encausse insiste sur la nécessité de renforcer les soins palliatifs. "Ces soins concernent 95 % des malades atteints de maladies graves ou en fin de vie", rappelle-t-elle. D'ici à 2034, le budget alloué passera de 1,6 milliard à 2,7 milliards d’euros, dans le cadre d’une stratégie décennale du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. 

Depuis deux ans, le sujet de la fin de vie a mobilisé une réflexion profonde, avec la Convention citoyenne et l’avis du Comité consultatif national d’éthique. "L’engagement du président Macron était très fort, avec une vraie réflexion sur notre société. Il faut maintenant avancer rapidement", insiste-t-elle.

Marina Carrère d'Encausse appelle également les responsables politiques à dépasser leurs convictions personnelles. "Les convictions, on les applique dans sa vie quotidienne, et c’est très bien, précise-t-elle, Mais ce que doit faire un Premier ministre, c’est respecter l’engagement pris par le président actuel."

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