Reportage "On retrouve des marteaux, des barres de fer..." : à Paris, "on veut agir le plus tôt possible" pour lutter contre le port d'armes blanches à l'école

Les armes blanches circulent dans de nombreux établissements scolaires, notamment à Paris. Certains collégiens rapportent des couteaux, des marteaux ou encore des Taser, selon plusieurs élèves et personnels chargés de la prévention.

Article rédigé par franceinfo
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Des élèves devant l'entrée de leur collège, le 16 décembre 2024. Image d'illustration. (FRANCK KOBI / MAXPPP)
Des élèves devant l'entrée de leur collège, le 16 décembre 2024. Image d'illustration. (FRANCK KOBI / MAXPPP)

Fin janvier, le jeune Elias, 14 ans était tué à Paris pour son portable alors qu'il sortait de son entraînement de foot. La ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne avait annoncé vouloir durcir les sanctions face à la violence dans ou aux abords des établissements. Un lycéen a récemment été grièvement blessé par arme blanche, un autre l'avait été en janvier à Aubagne, près de Marseille. Les deux dans leur établissement.

"Tout port d'arme blanche devra donner lieu à un passage systématique en conseil de discipline et à un signalement au procureur via l'article 40", assure Elisabeth Borne, qui reconnaît que c'est un problème désormais quotidien avec des armes qui circulent dans de nombreux collèges et lycées, notamment à Paris. 

"Plusieurs ont ramené des couteaux..."

Aux abords de ce collège du 19e arrondissement, les élèves ont souvent vu ou entendu parler d'adolescents de 13 à 14 ans qui portent sur eux des armes diverses. Kerene et Abigaëlle sont en 4e.
"Plusieurs ont ramené des couteaux Opinel, après ça ils ont été exclus", raconte la première.

"C'était il n'y a pas longtemps, un ami à moi, pour se donner un petit genre devant ses amis, avait rapporté un petit couteau qu'il mettait dans sa poche."

Abigaëlle, élève de 4e

à franceinfo

Milos, lui, se souvient même d'un élève de CM2, à l'école primaire, qui avait été rattrapé par la patrouille. C'était en 2024. "Il avait 11 ou 12 ans, il avait ramené un Taser, qui a été réquisitionné, raconte-t-il. Je pense qu'il s'est fait virer de l'école parce qu'ensuite je l'ai plus jamais revu."

Même si certains adolescents ne se servent pas de leur arme, Keren et Abigaëlle nous racontent que certains n'hésitent pas à les menacer pendant les cours. "Quand tu les vois, t'as pas forcément envie de t'approcher d'eux. Ils sont un peu fous, ils sont prêts à tout", raconte Keren.

Des détenteurs d'armes blanches toujours plus jeunes

Et ces comportements existent dans des arrondissements plus préservés, comme dans l'Ouest parisien. Hippolyte Fèvre est coordinateur des politiques locales de prévention et de sécurité dans le 17e arrondissement. Il est donc en lien avec les médiateurs sociaux mais aussi avec la police municipale. Selon lui, les adolescents sont bien armés et sont toujours plus jeunes. "Cela peut être des bâtons, parfois on retrouve des marteaux, des barres de fer, décrit-il. On part du principe que beaucoup d'entre eux sont porteurs d'armes blanches. À partir de la 6e et jusqu'au lycée, et puis encore au-delà, c'est un risque potentiel."

"On veut commencer la prévention dès l'école élémentaire. Sur les violences physiques, on veut agir le plus tôt possible."

Hippolyte Fèvre, coordinateur des politiques locales de prévention et de sécurité dans le 17e arrondissement

à franceinfo

Le ministère de l'Éducation nationale s'était fixé pour janvier 2025 de recruter 600 assistants d'éducation et 150 CPE dans les collèges et lycées les plus exposés aux risques de violence. D'après nos informations, certains postes ont bien été pourvus, mais des recrutements sont toujours en cours.

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