Reportage "Leur montrer qu'ils ont des qualités" : dans ce collège rural de la Somme, tout est fait pour sortir les élèves de la "misère silencieuse"

Comme chaque année, l’Education nationale publie les indicateurs de résultats des collèges, basés sur les données de l'année scolaire 2023-2024. Parmi les établissements qui ont une forte valeur ajoutée, on trouve par exemple le collège de Bernaville, dans la Somme.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le collège de Bernaville, dans la Somme, dispose d'une vaste cour de récréation arborée. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO)
Le collège de Bernaville, dans la Somme, dispose d'une vaste cour de récréation arborée. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO)

Quels sont les établissements scolaires qui font le plus progresser les élèves ? L'Éducation nationale publie aujourd'hui les "indicateurs de valeur ajoutée", des collèges et des lycées. Ce n'est pas un classement à proprement parler, mais une photographie qui met en avant les établissements qui accompagnent le mieux les élèves, jusqu'au brevet et jusqu'au bac.

Parmi les critères : les résultats aux examens, bien sûr, mais en prenant en compte le niveau des élèves quand ils rentrent en 6e ou en 2de, leur profil et le contexte social du secteur… Parmi les établissements qui ont une forte valeur ajoutée (+11 points), on trouve par exemple le collège de Bernaville, dans la Somme.

"Ça permet de sortir un peu de la campagne !"

Il y a comme une alchimie de la réussite dans ce petit collège rural de 300 élèves en plein milieu des champs. Il y a d'abord l'aspect scolaire, comme l'atelier fluence pour "entraîner les élèves à avoir une lecture fluide", précise un enseignant. Ainsi, à la pause déjeuner, ils travaillent par groupes de 4 ou 5 élèves, identifiés comme les plus fragiles. "Ça nous fait progresser, donc moi j'aime bien", confie l'un d'eux. "L'idée était de les réconcilier avec la lecture et qu'ils appréhendent moins la lecture orale devant toute la classe. Et là ils le font plus volontiers", précise une enseignante du collège.

Quelques mots bienveillants et d'encouragements sont affichés au dessus des casiers des collégiens, à Bernaville, dans la Somme. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO)
Quelques mots bienveillants et d'encouragements sont affichés au dessus des casiers des collégiens, à Bernaville, dans la Somme. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO)

Et puis, il y a aussi l'aspect culturel : le collège mène un certain nombre de projets, tels que des ateliers écriture, lecture, art, cinéma ou encore des interventions d'un photographe, de troupes de théâtre, sans parler des voyages à Amiens, à Paris, voire en Angleterre... À la manette, Sandrine Pellieux, professeure documentaliste, l'assure : "Il y a l'ouverture culturelle et tout ça, c'est évidemment important. Mais je pense que c'est surtout pour montrer que ce qu'ils font, c'est chouette, qu'ils ont des qualités en eux, contrairement à ce qu'ils pensent, et ça leur fait du bien !" Et un élève d'abonder : "C'est bien, ça change, ça permet de sortir un peu de la campagne !"

"On parle peu du rural"

Une ouverture culturelle d'autant plus importante pour ces élèves de famille, au bagage socioculturel plutôt modeste. "Souvent; on parle des établissements en REP, en ZEP, mais on parle peu du rural. Ici, on se sent quand même bien seuls, et les parents aussi, des familles qui vivent vraiment avec très peu d'argent. C'est ce qu'on appelle ici la misère silencieuse, où les gens ont leur fierté et n'osent pas toujours demander une aide", précise Blandine Audras, la principale de l'établissement.

L'une des originalités du collège de Bernaville, c'est aussi son poulailler, au milieu de la grande cour de récré. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO)
L'une des originalités du collège de Bernaville, c'est aussi son poulailler, au milieu de la grande cour de récré. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO)

Enfin, l'une des originalités du collège de Bernaville, c'est aussi... son poulailler, au milieu de la grande cour de récré. "C'est la campagne ! Les élèves s'ébattent un petit peu dans l'herbe, ils se dispersent", sourit Céline Ruel, la CPE du collège, qui ramasse six, sept, huit œufs. "Le poulailler, c'est original, ça apaise, ça les responsabilise, c'est un plus !", assure-t-elle. Ces bons indicateurs sont une fierté pour toute la communauté du collège. 

Le reportage de Noémie Bonnin à Bernaville, dans la Somme

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