Reportage "Il y a énormément de mal-être" : on a passé une journée avec une infirmière scolaire confrontée à la souffrance des élèves

Alors que se tiennent mercredi à Paris les assises de la santé scolaire, censées répondre au manque criant de personnels médicaux dans les établissements, franceinfo a suivi Caroline, infirmière dans un lycée professionnel d'Évry.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Caroline, infirmière dans un lycée professionnel d'Évry, reçoit jusqu'à 20 élèves par jour. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Caroline, infirmière dans un lycée professionnel d'Évry, reçoit jusqu'à 20 élèves par jour. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Sur son bureau, Caroline a disposé des bibelots à manipuler. "Ça, c'est pour mes élèves, pour qu'ils se détendent, explique l'infirmière. Ça facilite la parole et ça marche d'enfer." Dans cette infirmerie, les jeunes viennent pour des troubles psychiques, des problèmes gynécologiques ou pour d'autres maux. "Il y a énormément de mal-être, décrit l'infirmière. Il n'y a pas une semaine qui passe sans que j'accueille quatre ou cinq élèves qui ne se sentent pas bien, qui ont des idées noires."

Un pouf, un tapis et un lit complètent cette petite infirmerie. Au mur, on voit plusieurs affiches de prévention sur la santé sexuelle, l'endométriose ou le consentement. Certains jeunes sont suivis chaque semaine comme une élève de 19 ans en terminale, enceinte de cinq mois. "Dans mon cas, ça me rassure beaucoup, explique la jeune femme. On a créé un lien de confiance avec l'infirmière. Je sais que je peux venir ici quand j'ai besoin de me confier. On peut penser qu'on vient voir l'infirmière quand on a mal à la tête ou qu'on s'est fait mal au genou mais c'est aussi quand on ne va pas bien psychologiquement et qu'on ne sait pas trop à qui en parler."

"Je suis la petite bulle d'oxygène"

"Je leur dis souvent : 'Je suis la petite bulle d'oxygène. Quand tu sens que tu n'en peux plus, tu viens à l'infirmerie.' Ils se mettent sur le lit et je les laisse redescendre", explique Caroline. Elle endosse parfois quasiment le rôle de psychologue avec certains jeunes en souffrance. "La première fois que je l'ai vue, elle est venue me parler et depuis ce jour-là, je lui raconte tout, explique une autre élève. L'infirmerie lui permet de se "lâcher" car "au moins, je ne garde pas ça que pour moi. Parfois, je peux même rester ici une heure".

A côté de son bureau, Caroline dispose notamment d'une pièce avec un lit où les élèves peuvent se reposer. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
A côté de son bureau, Caroline dispose notamment d'une pièce avec un lit où les élèves peuvent se reposer. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Une élève entre dans l'infirmerie avec de fortes douleurs dans le bas du dos. "Je pense que ça fait un peu infection urinaire. Donc tu vas aller à la pharmacie", lui indique Caroline. Elle doit aussi chaque jour évaluer la gravité des symptômes sans pouvoir prescrire elle-même des médicaments. Elle ne peut qu'orienter vers d'autres professionnels à l'extérieur. "C'est toujours frustrant", estime l'infirmière.

Le nombre de visites par jour varie du tout au tout, dans cet établissement au public très populaire, entre zéro et 20 élèves explique cette infirmière, sans oublier une grosse partie administrative. Mais Caroline apprécie de n'avoir à gérer "que" les 800 élèves de ce lycée. Les infirmières en poste dans les collèges ont également à leur charge les écoles du secteur et partagent donc leur semaine entre plusieurs établissements.

Une journée avec une infirmière scolaire confrontée à la souffrance des élèves. Reportage de Noémie Bonnin

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.