Éducation nationale : "Nous sommes passés d'une école extrêmement répressive à l'extrême opposé"
À quelques jours de la rentrée des classes, la professeure de lettres classiques Isabelle Dignocourt critique les méthodes d'enseignement dans un livre et dénonce des "réformes hors-sol" qui ne prennent pas compte de "l'expérience des enseignants".
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Alors que les enseignants font leur rentrée vendredi 1er septembre, Isabelle Dignocourt, professeure de lettres classiques dans le Nord depuis plus de vingt ans, auteure de L’Education nationale, une machine à broyer : comment sauver nos enfants ? (édition du Rocher, août 2017), a déploré sur franceinfo l'évolution des méthodes d'enseignement dans le système éducatif français.
Pour elle, "nous sommes passés d'une école extrêmement répressive, où on ne laissait pas le jeune s'épanouir, à l'inverse complet, nous n'avons pas trouvé le juste milieu". Isabelle Dignocourt a pointé du doigt des "réformes hors-sol, le sentiment qu'il n'y a jamais de prise en compte de l'élève, de l'expérience des enseignants".
franceinfo : Êtes-vous contente de retrouver vos élèves ?
Isabelle Dignocourt : Mes élèves oui, c'est un vrai plaisir. L'Éducation nationale un peu moins.
Pourquoi avez-vous décidé de publier ce livre-réquisitoire ?
C'est un cri de colère avant tout. J'ai écrit une lettre à la ministre de l'époque, Mme Vallaud-Belkacem, et c'est la maison d'édition qui m'a contactée après la publication de cette lettre, en me disant qu'il y avait sans doute une telle colère qu'il y avait de quoi faire un essai. J'exprime [dans cette lettre] tout ce que j'avais retenu en moi depuis de nombreuses années. Tout compte fait, c'est à elle que cette lettre était adressée, mais elle s'adressait aussi à beaucoup d'autres ministres en place depuis de nombreuses années, elle était le dernier maillon, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Que reprochez-vous à ce système ?
Les réformes hors-sol, le sentiment qu'il n'y a jamais de prise en compte de l'élève, de l'expérience des enseignants. Ces réformes ont été imaginées par des gens qui n'ont jamais eu une classe, ou qui n'ont pas d'élèves devant eux depuis très longtemps.
La situation s'est-elle beaucoup dégradée depuis que vous avez démarré votre carrière, il y a une vingtaine d'années ?
Oui. Quand j'ai démarré ma carrière, je n'avais pas un seul élève qui entrait en sixième qui ne savait pas déchiffrer. Je ne parle même pas de lecture, de la compréhension de lecture, je parle du déchiffrage, j'ai des élèves qui ne savent même pas déchiffrer leur nom ou prénom à l'entrée en sixième. Après, on dit qu'il y a beaucoup de problèmes au collège, on a voulu rénover le collège, et réformer le collège, parce qu'il y avait des soucis et beaucoup d'échecs, mais en fait, nous professeurs, on se rendait compte qu'à l'arrivée en sixième, le problème était déjà là. Il n'y a pas un seul problème : il y a beaucoup de choses qui sont liées, les méthodes d'enseignement, le fait qu'on demande de plus en plus de choses aux professeurs des écoles, on est aujourd'hui sur, un peu, la culture du zapping, on fait faire plein de choses aux élèves, les professeurs n'ont plus le temps d'approfondir.
Il y a des choses qui étaient mieux avant, des choses qui étaient pires : j'étais une grande bavarde, j'ai reçu des règles en fer sur les doigts, au grand jamais je ne voudrais que l'on revienne à ça. Mais j'ai l'impression qu'on est allés dans l'extrême inverse, on est passés d'une école extrêmement répressive, où on ne laissait pas le jeune s'épanouir, à l'inverse complet, on n'a pas trouvé le juste milieu. Et quand on parle aujourd'hui des méthodes de lecture, c'est un faux débat : on est passés d'un extrême à autre, il faut juste pour moi trouver un juste milieu, un retour au bon sens.
Vous dites avoir connu treize ministres en vingt ans. Le nouveau s'appelle Jean-Michel Blanquer : il est mieux qualifié, selon vous ?
Il va faire ses preuves, j'espère. Il a l'expérience, c'est quelqu'un qui connaît le métier.
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