"Ça a laissé des traces" : des années après les suicides d'anciens élèves de Bétharram et Garaison, leurs proches veulent les faire reconnaître comme victimes

Les récentes révélations de viols, violences physiques et sexuelles à Notre-Dame-de-Bétharram et Notre-Dame-de-Garaison ont été un électrochoc pour des familles d'anciens élèves qui se sont suicidés.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Béarn Bigorre
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'association Mouv'enfants fait une action de soutien aux victimes de Notre-Dame de Bétharram, le 2 février 2025. (BASTIEN ARBERET / MAXPPP)
L'association Mouv'enfants fait une action de soutien aux victimes de Notre-Dame de Bétharram, le 2 février 2025. (BASTIEN ARBERET / MAXPPP)

"Je pense que toutes ces années ont été très noires pour lui", témoigne Véronique dimanche 3 mars sur « ici Béarn-Bigorre » (ex-France Bleu). Son frère, Rodolphe, s'est suicidé en 2017 à 39 ans après des années d'addictions. Il était élève de Notre-Dame-de-Bétharram dans les années 1980 et 1990. "Ça a laissé des traces", affirme sa sœur.

Convaincue que le suicide de Rodolphe était lié aux sévices infligés dans l'établissement catholique, elle a fait appel au collectif de victimes. "J'avais envie de savoir si on lui avait fait du mal, comment il avait vécu vraiment là-bas, ce qu'il avait fait ou subi", raconte-t-elle. Elle a ainsi pu découvrir la vérité : "Il y a même un de ses anciens camarades qui m'a contactée pour me dire que Rodolphe avait été son bourreau. On lui a fait du mal, et il a fait du mal aux autres, c'était sûrement un moyen de se défendre".

Notre-Dame-de-Garaison, l'autre Bétharram

Véronique a tenu à connaitre la vérité sur ce qu'a vécu son frère pour le faire exister en tant que victime de Bétharram, même après sa mort : "j'ai envie de témoigner à sa place, parce qu'il n'est plus là, et qu'il n'était pas le seul", explique-t-elle.

"Je le fais pour lui, je le fais pour sa fille, et puis pour tous les autres"

Véronique, soeur d'un ancien élève de Bétharram

à Ici Béarn-Bigorre (ex-France Bleu)

Hélène est dans la même situation. Elle était la petite amie de Fabien, à Tarbes, alors que celui-ci venait de passer une année à Notre-Dame-de-Garaison, dans les Hautes-Pyrénées. Mais en 1993, Fabien a mis fin à ses jours à l'âge de 14 ans. À la lumière des témoignages de sévices au sein de l'institution, Hélène s'interroge : "quelque chose me dit au fond de moi qu'il lui est arrivé quelque chose là-bas, mais qu'il était trop pudique pour en parler".

"Après cet évènement, ma vie a été un chaos"

"La façon dont il s'est suicidé, ça a été super brutal", raconte-t-elle 30 ans plus tard. "C'était comme s'il renfermait un secret, mais je n'ai jamais su lequel. (…) J'ai l'impression qu'il aurait voulu parler, mais que je n'étais pas suffisamment à l'écoute. J'ai culpabilisé pendant trente ans. Après cet événement, ma vie a été un chaos. Et je ne suis pas sûre qu'aujourd'hui à 45 ans, je sois totalement remise de ce traumatisme".

Aujourd'hui, Hélène veut rendre justice à son ex-petit ami : "je le fais pour moi, et pour lui, parce que quelque chose me dit que s'il a été victime, il faut qu'il ait justice lui aussi".

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