Visioconférence pour interroger les détenus : les interrogatoires en physique, "ça sert à quelque chose", critique un juge d'instruction

Richard Foltzer, juge d'instruction à Nanterre et secrétaire général de l'Association française des magistrats instructeurs (AFMI) réagit mardi sur France Inter à l'usage de la visioconférence pour interroger les détenus, prévu dans la loi pour lutter contre le narcotrafic, en cours d'examen à l'Asemblée nationale.

Article rédigé par franceinfo
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Prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, illustration. (LUDOVIC MAILLARD / MAXPPP)
Prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, illustration. (LUDOVIC MAILLARD / MAXPPP)

"Les interrogatoires, ça sert à quelque chose, vous ne faites pas ça en cinq minutes, vous ne faites pas ça derrière un écran", a déclaré mardi 18 mars auprès de France Inter Richard Foltzer, juge d'instruction à Nanterre et secrétaire général de l'Association française des magistrats instructeurs (AFMI), à propos de l'usage de la visioconférence pour interroger les détenus.

La généralisation de cette visioconférence, afin de ne plus recourir aux transfèrements de détenus et d'éviter ainsi les risques d'évasion, comme cela a pu se produire dans l'affaire Amra, est prévue dans la proposition de loi pour lutter contre le narcotrafic, examinée depuis ce lundi à l'Assemblée nationale.

"Si c'est pour interroger pendant un quart d'heure un individu juste pour lui demander son code d'accès à son téléphone, il n'y a pas de souci. Aucun juge d'instruction ne vous dira qu'il veut absolument que la personne vienne dans son bureau", a dit Richard Foltzer auprès de France Inter. Cependant, "la réalité, c'est que les interrogatoires, ça sert à quelque chose, vous ne faites pas ça en cinq minutes, vous ne faites pas ça derrière un écran. Dans les dossiers les plus graves, c'est là où la qualité de l'instruction est la plus importante".

Manque de policiers et gendarmes

D'autant que depuis l'affaire Amra, selon lui, "l'administration pénitentiaire est soucieuse de la sécurité de ses agents encore plus qu'avant et dans un certain nombre de cas, considère qu'il faut des escortes renforcées", a-t-il poursuivi, dénonçant le manque de policiers et de gendarmes pour renforcer ces escortes. "C'est une difficulté croissante qui atteint actuellement des sommets, avec des enquêtes qui prennent des mois de retard."

Les députés ont entamé lundi 17 mars une semaine de débats houleux sur la proposition de loi sénatoriale visant à lutter contre le fléau du narcotrafic.

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