"D'un point de vue commercial, ça fonctionne très bien" : Alizée, Lorie, Diddl, Dorothée… La rétromania s'empare des années 2000

Article rédigé par Audrey Abraham
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Lorie en concert, en 2002. (LIONEL FLUSIN / GAMMA-RAPHO VIA GETTY)
Lorie en concert, en 2002. (LIONEL FLUSIN / GAMMA-RAPHO VIA GETTY)

Les icônes qui ont accompagné la génération Y, entre la fin des années 90 et le début des années 2000, connaissent un nouveau succès trois décennies plus tard.

Diddl, Dorothée, Lorie, Alizée, Game Boy... Si vous avez entre 30 et 40 ans, ce sont des icônes qui ont bercé votre enfance. Ces icônes reviennent en force, en cette fin 2025, avec des concerts et des rééditions annoncées. Le phénomène a un nom : la rétromania. Et les nostalgiques des années 2000 sont au rendez-vous.

La tournée s'appelle "25 ans déjà". Alizée a fait son grand retour au début du mois de septembre avec notamment deux Olympia, dont toutes les places ont été vendues en seulement quelques minutes, après l'ouverture de la billetterie. Début octobre, Lorie est remontée sur scène pour rejouer ses plus grands tubes. Une trentaine de dates sont annoncées dans toute la France.

"Un phénomène connu dans les industries créatives"

Même Dorothée retrouve ses fans, seize ans après ses derniers concerts. Le Palais des Congrès à Paris a été rempli pour deux dates en moins de dix minutes. Au point que quatre dates ont dû être ajoutées au calendrier, dans d'autres villes, en avril prochain. Dans les rayons des papeteries, l'iconique peluche Diddl a ressuscité la semaine dernière, avec ses blocs-notes parfumés. Game Boy revient aussi dans une version Lego.

Un stand "Diddl is back", en France, le 11 octobre 2025. (XAVIER ALLAIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Un stand "Diddl is back", en France, le 11 octobre 2025. (XAVIER ALLAIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le business de la nostalgie n'est pas nouveau, explique Frédéric Godart, sociologue de la mode : "C'est un phénomène connu dans les industries créatives en général et ça avance dans le temps. Il y a eu le retour des années 80, 70, 60... Là, on arrive aux années 90-2000."

C'est une activité commerciale bien rodée, assure le sociologue : "Parmi les commentaires que j'ai vus sur Diddl – mais c'est vrai pour les autres aussi, c'était la même chose avec Star Wars etc. – c'est que ce sont des gens qui ont grandi et qui ont plus d'argent. C'est-à-dire qu'ils vont pouvoir investir beaucoup plus dans des passions qu'ils avaient à l'époque et dans lesquelles ils ne pouvaient pas investir. Donc d'un point de vue commercial, ça fonctionne très bien."

"C'est devenu central dans notre culture"

"Ça permet aussi de connecter avec les nouvelles générations, assure le sociologue. Soit de leur acheter les produits soit, d'un point de vue moins cynique, de créer un lien, une histoire familiale, intergénérationnelle." Le phénomène prend de l'ampleur ces dernières décennies.

"Il y a une forme d'essoufflement de la créativité. Tout a été fait, quasiment dans tous les secteurs."

Frédéric Godart, sociologue de la mode

à franceinfo

"Pour les générations actuelles, poursuit Frédéric Godart, le problème c'est qu'on ne peut pas vraiment inventer, sauf dans la technologie mais dans les industries culturelles, c'est compliqué. Faire revenir les icônes du passé, c'est aussi une façon de pallier ce problème. Donc ce sont des thèmes déjà explorés qui reviennent, des références déjà utilisées... On peut dire que c'est quelque chose qui est devenu central dans notre culture. Ce n'est pas qu'un épiphénomène", conclut le sociologue.


Alizée, Lorie, Diddl, Dorothée… La rétromania s'empare des années 2000 - Reportage d'Audrey Abraham

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