: Reportage "J'ai un sentiment de fierté, car je peux protéger mon pays" : en patrouille avec des soldats réservistes de l'opération Sentinelle
La réserve, ce sont 45 000 Françaises et Français qui consacrent une partie de leur temps à l'armée. Le gouvernement souhaite porter leur nombre à 80 000 d'ici à 2030.
Des militaires en treillis, fusil d'assaut à la main, en patrouille : la scène est devenue banale dans les grandes villes françaises depuis des années. Mais ce mardi après-midi, sur le parvis de la Défense, le quartier d'affaire de la capitale, sur les sept militaires du 19e régiment du Génie de Besançon en mission, deux d'entre eux ont aussi une vie... civile. Pour Tom*, 18 ans, c'est la première fois qu'il est ainsi harnaché dans l'espace public. "Je suis rentré dans la réserve, car j'ai de la famille militaire. J'ai voulu avoir l'expérience moi-même", explique le jeune homme. À ses côtés, le caporal Alexandre*, 24 ans, agent de sécurité dans le civil, en est à sa troisième mission Sentinelle. Membres de la 5e compagnie d'intervention de réserve du régiment, ils vont épauler leurs camarades professionnels pendant les deux mois de la mission en Île-de-France.
"J'ai un sentiment de fierté, car je peux protéger mon pays", poursuit Tom. Pour autant, le jeune homme qui est aussi pompier, ne souhaite pas embrasser la carrière militaire. "Je compte devenir agent de sécurité en sortant de Sentinelle", détaille-t-il. C'est la voie déjà choisie par le Caporal Alexandre. "Il faut arriver à trouver un employeur qui soit compréhensif pour nous libérer du temps pour pouvoir être dans la réserve", note-t-il. "Ça fait bizarre la première fois", se remémore-t-il, "on n'est pas habitué, forcément, en passant du civil à la vie militaire, c'est tout un changement". Une différence radicale ? "Apprendre à obéir sans avoir son mot à dire", confie Tom, dans un sourire.
"Quand on s'engage, son signe d'abord un contrat de cinq ans (cela peut aussi être 2 ou 3 ans) avec la réserve", explique le caporal Alexandre. Ensuite, une formation initiale de deux semaines leur est délivrée. "On apprend toutes les compétences, tout ce qui va nous être utile pour pouvoir faire notre travail (de réserviste). Ensuite, il y a de la formation continue. On est convoqués en général au moins un week-end par mois à la compagnie pour travailler et continuer à mettre en place nos compétences". Des missions leur sont ensuite proposées, en fonction de leurs possibilités personnelles.
Une seule armée, qui mêle professionnels et volontaires
En 2024, l'armée de Terre comptait 27 000 réservistes, âgés en moyenne de 39 ans. Certains en effet font toute une "carrière de réserviste". Un certain nombre s'engage dans la réserve après une carrière professionnelle dans l'armée. Parmi eux, près d'un sur cinq est une femme. "Les réservistes sont intégrés à l'armée d'active", insiste le colonel Rémi*, adjoint au délégué aux réserves de l'armée de Terre. "Ils participent à réaliser l'ensemble des missions de l'armée de Terre, sur le territoire national, éventuellement à l'étranger", poursuit-il. "Sentinelle en fait partie. En 2024, 15% des 'terriens' engagés dans la sécurisation des Jeux olympiques étaient des réservistes."
"Nous faisons un effort de recrutement depuis trois ans. Les réservistes nous intéressent dans certains métiers dans lesquels l'armée d'active connaît des déficits ou des besoins. On peut citer les métiers de la logistique, de la communication, du numérique, de la cyberdéfense, mais aussi des métiers plus classiques pour des missions à remplir sur le territoire national en renforcement de nos unités dans des métiers bien spécifiques comme les finances, l'achat, l'appui juridique", poursuit le colonel, qui assure que l'armée ne rencontre pas de difficulté, particulièrement dans le recrutement.
Et en cas de conflit de "haute intensité", le première classe Tom et le caporal Alexandre seraient-ils envoyés sur le terrain ? "Nécessairement, ce sont les gens d'active qu'on va engager en priorité parce qu'ils ont l'entraînement, les équipements : ils sont prêts à remplir ces missions. Les réservistes nous serviront à compléter, renforcer les unités d'active et à remplir des missions prioritairement sur le territoire national", assure le colonel Rémi.
*Pour des raisons de sécurité, les militaires interrogés n'ont pas souhaité communiquer leurs noms de famille.
L'armée met à disposition un site pour s'informer sur la réserve militaire, et un numéro d'appel gratuit : 0 800 730 439.
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