Après un drame familial : "On vous culpabilise d’arriver à tenir..."
Une trentaine d'enfants en France sont tués chaque année au sein de leur propre famille. On appelle ça communément des drames de la séparation ou du divorce, mais ce sont surtout des drames de la folie. Un des parents ne supporte pas la situation, il assassine les enfants et se suicide ensuite. Une maman de Moselle, dont le compagnon a tué leurs deux enfants, témoigne sur France Info.
Le 17 octobre 2011, Catherine rentre chez elle dans un appartement où elle s’est installée avec ses deux enfants, Antoine, 14 ans, et Clément, 13 ans. Elle monte les escaliers et tombe sur le corps du père qui était devant la porte. "Il s’est donné la mort là ", raconte Catherine. Sur l’instant, elle pense à appeler les secours, et imagine ses enfants retranchés dans leur chambre. Mais "en enjambant Michel pour entrer dans l’appartement et en allant vers le téléphone, j’ai vu le corps de mon Antoine ", raconte-t-elle. "Ce n’est qu’en sortant que j’ai vu mon petit Clément ", poursuit-t-elle. Le père lui a tiré "à bout portant " dans le dos.
Le drame survient alors que le couple est séparé depuis 15 mois. Les accès de violences verbales et les séjours en hôpital psychiatrique du conjoint ont miné le quotidien de la famille. "Pour les enfants j’essayais d’être toujours souriante, de faire toujours comme si ça allait, que c’était une petit maladie de leur papa mais que ça allait passer ", explique Catherine qui dit être quand même allée à la gendarmerie demander de l’aide, "pour me protéger parce que j’avais très peur de mon conjoint", explique-t-elle. "Ils ont fait des rondes un peu plus fréquentes mais ils n’ont pas le droit de se rendre au domicile, ce que je comprends bien aussi ", raconte-telle.
A plusieurs reprises, Catherine a aussi alerté les médecins sur la santé mentale du père de ses enfants. "Le psychiatre m’a ri au nez ", se souvient-elle, arguant que vu que son mari était sorti de l’hôpital, ce n’était plus de son ressort.
Pas de véritable statut de victime
Depuis trois ans et demi, Catherine se débat dans des procédures sans fin. "Comme il a tué les enfants, ils sont forcément morts avant lui, donc même les livrets des enfants, ce qu’ils avaient sur leurs comptes, est divisé par deux ". Et même si le père a tué ses enfants, "ce n’est pas reconnu ", explique la mère. Le couple, qui n’était pas marié, avait fait un testament donnant droit au survivant à l’usufruit de tous leurs biens, "mais comme il n’y avait aucune clause de Pacs ou de quoi que ce soit, je suis une étrangère vis-à-vis de Michel (son ex-conjoint) ", explique Catherine qui ne bénéficie d’aucune assistance financière au niveau des assurances par exemple.
Aujourd’hui, cette femme de 46 ans demande à être reconnue comme une victime par la société. "J’ai dû prendre une avocate, et ça m’a amenée à devoir passer devant deux experts psychiatriques pour voir si j’étais vraiment une victime. Et là, j’ai passé des moments horribles ", explique Catherine, qui a dû mettre sa vie privée à nu. Mais pour eux, comme "je n’avais pas été hospitalisée, je n’avais pas de traces de lacérations, je ne buvais pas, je ne se droguais pas, eh bien je n’étais pas victime ". Une deuxième expertise a été demandée un an après la première. Conclusion, Catherine est finalement "expertisée à 5 sur 7 au niveau du traumatisme ".
"On vous culpabilise presque à chaque fois d’arriver à tenir"...
Pour tenter de survivre, Catherine a essayé de retravailler, mais là aussi elle se heurte à des portes closes. "Ils m’ont écrit que j’étais une très bonne professionnelle et que j’avais donné entière satisfaction mais que mon traumatisme mettait à mal mes collègues "… Le contrat de Catherine n’a pas été renouvelé.
Catherine explique aussi "qu’on vous culpabilise presque à chaque fois d’arriver à tenir, même des amis qui vous disent : 'Moi, ça me serait arrivé, je me serais suicidé' … Moi aussi avant je me disais que je ne pourrais pas vivre sans mes enfants "… nous dit cette mère d’une voix étranglée, les gourmettes de ses fils accrochés aux poignets. "J’ai deux doudous dans mon lit aussi que j’ai besoin d’avoir tout le temps auprès de moi. Mes enfants font partie de moi intégrante et je pense tout le temps à eux vivants donc j’ai tout le temps le sourire quand je parle d’eux ", explique Catherine. Ses autres réconforts s’appellent Odile et Marianne, deux mères de famille dans la même souffrance qu’elle a rencontrées sur Facebook.
À regarder
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter