"Y aurait-il moyen de s'éviter des shitstorms à chaque visuel ?" : l'affiche caricaturant Cyril Hanouna sème le trouble dans les rangs de La France insoumise
Si le visuel a été retiré une heure après sa publication sur les réseaux sociaux du parti, les mesures prises pour ne pas reproduire cette erreur restent floues, ce qui déçoit plusieurs députés insoumis.
C'est un visuel qui sème le trouble au sein de La France insoumise. La polémique est née à la suite de la diffusion d'une affiche produite par le parti et ciblant l'animateur Cyril Hanouna, pour appeler à la manifestation contre l'extrême droite le 22 mars. On y voyait l'animateur TV, de confession juive, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive. Une image qui reprenait l'iconographie des caricatures antisémites des années 30 en Allemagne. Le visuel a été retiré une heure après sa publication sur les réseaux sociaux et le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard, a reconnu "une erreur". franceinfo a cherché à en savoir plus sur les processus de production de ces visuels.
Au sein de La France insoumise, il est expliqué que ces visuels sont réalisés au sein d'une petite cellule, une équipe touche à tout, notamment composée de graphistes. Elle a l'avantage d'être très réactive : "LFI peut réaliser des dizaines de visuels par semaine, en fonction de l'actualité", indique une source, membre du parti. C'est d'ailleurs ce qui fait son succès dans ce domaine. L'inconvénient est qu'il peut y avoir des erreurs, comme dans le cas de l'affiche de Cyril Hanouna.
Qui a validé ?
Une fois le visuel produit, il y a la validation. D'ordinaire, le processus veut qu'un responsable politique donne son aval, au sein d'une boucle de messagerie type Telegram, comme l'explique l'ex-insoumis Alexis Corbière, évincé du mouvement.
"Ça fonctionne, de manière générale, comme cela dans toute organisation. La France Insoumise est quand même une organisation très centralisée, très tenue, on n'imagine pas que ce soit un graphiste fasse quelque chose, sans même le faire valider politiquement."
Alexis Corbièreà franceinfo
Dans le cas du visuel de Cyril Hanouna, qui a validé ? Cette question reste la grande inconnue. Celle qui est principalement désignée est Sophia Chikirou, officiellement "en charge de la communication" au sein de LFI. "C'est elle qui valide ce genre de choses", assure une ex-cadre du mouvement.
À ses côtés, Bastien Parisot, responsable des campagnes numériques. Un profil plus technique qui se définit lui-même sur ses réseaux, comme un "militant politique cherchant tous les moyens" pour défendre ses idées. Ceux qui sont à son contact rapportent qu'il est "mortifié" par ce qu'il s'est passé. Quant à Manuel Bompard, le journal Le Monde assure que c'est lui qui a demandé le retrait de ce visuel, moins d'une heure après la publication. Nous n'en saurons pas plus : "On ne vous donnera pas de nom", assure un député insoumis.
Le mot d'ordre chez LFI, c'est que la faute est collective. Certains députés s'agacent pourtant de cette opacité, car la plupart ont découvert le visuel après publication et ne savent rien des processus de communication au siège du parti, véritable sanctuaire.
"Remettre en cause la stratégie de communication"
Mis devant le fait accompli, des parlementaires disent en subir les conséquences sur le terrain : "Y aurait-il moyen de s'éviter des shitstorms (déferlement haineux sur internet), à chaque visuel ?", questionne le député Loic Prudhomme, dans un groupe WhatsApp interne. Il fait référence à un précédent visuel douteux associant Olivier Faure et Marine Le Pen, lui aussi supprimé. "Cette polémique a ceci de positif qu'elle va remettre en cause la stratégie de communication", espère un autre député.
Concernant les mesures que pourrait prendre la direction de LFI, des parlementaires assurent que celle-ci a évoqué des "strates supplémentaires de vérification" sans que ces propos puissent être confirmés. Une chose est sûre : l'intelligence artificielle, utilisée pour le visuel de Cyril Hanouna, ne sera plus un outil, confirme le député Hadrien Clouet : "L'usage de l'IA était un problème politique. On s'est dit qu'on n'allait plus le faire, on va changer la modalité de travail. La question n'est pas tellement celle des étapes mais celle d'avoir une réflexion politique entre nous, pour être certain qu’aucune des images qu'on sorte, chez quiconque à l'extérieur, ne puisse être comparée avec une imagerie que nous ne souhaitons pas."
"La leçon qu'on en tire, dit-on dans l'entourage du parti, c'est qu'il ne faut pas faire le moindre faux pas, car la moindre chose peut se retourner contre nous."
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